Celle-là, on ne l’avait pas vraiment vu venir. IBM annonce le lancement de sa nouvelle gamme de serveurs Power11, qui veulent à bannir les interruptions de service et démocratiser l’IA dans les data centers. Avec 99,9999 % de disponibilité garantie, ces systèmes prétendent conjuguer performance, cybersécurité et flexibilité cloud comme aucun autre.

Après les lancements ces dernières semaines de ses mainframes Z17 et LinuxOne Emperor 5, IBM poursuit son renouvellement des gammes matérielles avec le lancement de la nouvelle génération de serveurs « Power » : Les Power11, déclinés en Power E1180, Power E1150, Power S1124 et Power S1122.

Les serveurs Power équipent traditionnellement les cœurs applicatifs les plus critiques des banques, assureurs ou hôpitaux là où les mainframes n’ont pas raison d’être. Ces serveurs sont néanmoins construits avec un savoir-faire directement dérivés des mainframes avec lesquels ils partagent d’ailleurs certaines technologies.

Alors que la vague d’intelligence artificielle doit engendrer près d’un milliard de nouvelles applications d’ici 2028 selon IDC, IBM a conçu ses Power11 avec une idée phare : offrir une plateforme capable de rester « allumée » quoi qu’il arrive, tout en accélérant les charges IA et en s’intégrant sans couture au cloud hybride.

Une disponibilité qui flirte avec le “six-nine”

Ainsi la principale promesse de ce Power11 est une disponibilité de 99,9999 %, soit moins de 32 secondes d’arrêt non planifié par an. À cela s’ajoute l’absence totale de temps d’arrêt programmé grâce au patching autonome et à la migration transparente des partitions logiques.

Côté Cybersécurité, IBM compte bien attirer l’attention des RSSI en complétant son arsenal avec une fonctionnalité Cyber Vault intégrée qui promet la détection d’un rançongiciel en moins d’une minute et des instantanés immuables pour restaurer les données en cas d’attaque.

De la puce à l’OS : un lifting complet

Comme c’est malheureusement bien trop souvent le cas chez IBM, le fournisseur reste relativement nébuleux sur le nouveau cœur de ces serveurs, le processeur Power11. IBM, sans donner de détails, se contente de dire que le Power11 gagne « jusqu’à 25 % de cœurs par puce » en plus et « des fréquences plus élevées » que l’ancien Power10 (apparemment certains Power11 sont cadencés à 3,4 GHz avec boost à 4,2 GHz).

De ce que l’on a pu glaner – et sans confirmation directe d’IBM – le Power11 est un processeur assez similaire au Power10. Il utilise la même finesse de gravure de 7mm et serait doté de 16 à 30 cœurs CPU 64 bits Power avec une capacité « SMT8 » lui permettant de gérer jusqu’à 8 threads par cœur. La principale différence résiderait dans la technologie de packaging « 2,5D + ISC » utilisée, s’appuyant sur un empilement de condensateurs (ISC) et un packaging 2,5D pour densifier la puissance tout en contenant la consommation énergétique.

Côté mémoire, la plateforme passe à la DDR5 via des modules DDIMM, avec toujours le bus OMI pour préserver la latence. La bande passante par socket est annoncée à 1200 Go/sec (contre 460 Go/sec pour des AMD Epyx 9004 ou 614 Go/sec sur les Intel Xeon 6).

Résultat : jusqu’à 55 % de performance en plus par cœur par rapport à Power9 et 45 % de capacité supplémentaire sur les modèles d’entrée et de milieu de gamme. On notera qu’IBM se garde bien de comparer les Power11 directement aux Power10 et préfèrent les comparer aux Power9.

Une IA prête à l’emploi

Le processeur n’embarque pas réellement de NPU mais la même unité MMA (Matrix Math Assist) que celle des Power10. En réalité, les systèmes Power11 vont chercher leurs performances « IA » ailleurs, par le truchement d’une carte PCIe « IBM Spyre » (doté de 32 cœurs dédiés à l’IA), le même accélérateur IA que celui qui équipe les Z17 et LinuxOne 5.

IBM cible prioritairement les usages d’inférence plutôt que l’entraînement massif.

Associé à Red Hat OpenShift AI et à watsonx (dont watsonx.data), les serveurs Power11 à accélérateurs Spyre veulent permettre aux DSI d’industrialiser rapidement modèles et micro-services d’IA.

« Nous changeons la donne pour l’informatique d’entreprise. Avec Power11, les clients peuvent accélérer leur entrée dans l’ère de l’IA avec des innovations adaptées à leurs besoins métiers les plus pressants », affirme Tom McPherson, directeur général de Power Systems chez IBM.

Sécurité et efficacité énergétique dans la même boîte

Autre héritage des derniers mainframes IBM, les serveurs Power11 bénéficie en standard d’une cryptographie quantique certifiée NIST pour protéger contre les attaques futures, y compris celles basées sur l’informatique quantique. L’implémentation respecte le framework de cybersécurité du NIST, offrant identification, protection, détection et réponse automatisée aux cybermenaces.

Parallèlement, IBM annonce que Power11 offre deux fois plus de performances par watt que les serveurs x86 comparables. Un nouveau mode économie d’énergie permet d’améliorer l’efficacité de 28% par rapport au mode performance maximale sur le même matériel.

Toute la gamme dévoilée d’un coup

Rompant pour la première fois avec sa traditionnelle stratégie de lancements échelonnés, IBM lance simultanément ses serveurs haut de gamme (Power E1180 décliné en version mono-nœud avec 4 processeurs Power11 donc 64 cœurs max et 16 To de RAM mais aussi en version 4-nœuds avec 16 processeurs Power11 donc 256 cœurs max et 64 To de RAM), milieu de gamme (Power E1150 au format 4U, embarquant 4 puces Power11 pour 30 cœurs utiles et 16 To de RAM et Power S1124 au format 4U avec 2 puces Power11, jusqu’à 60 cœurs CPU et 8 To de RAM) et d’entrée de gamme (Power S1122 au format 2U avec 2 puces Power11, jusqu’à 60 cœurs CPU et 4 To de RAM).
La gamme comporte également un « Power Virtual Server » managé disponible sur IBM Cloud notamment certifié « SAP Rise ». Si l’on en croit IBM, la plateforme Power est adoptée par 10.000 clients SAP dans le monde notamment dans le cadre des migrations Cloud « SAP Rise ». Et IBM affirme qu’il faut moins de 90 jours pour migrer de SAP « on prem » vers une solution Cloud SAP hébergée en Power sur IBM Cloud via le programme RISE with SAP.

L’arrivée officielle des systèmes est fixée au 25 juillet 2025, mais l’accélérateur Spyre ne suivra qu’au quatrième trimestre (c’est aussi vrai pour les mainframes Z17 et LinuxOne 5). Reste aux DSI à mesurer le coût — encore confidentiel — de cette promesse de modernisation dans la continuité. Mais pour les organisations où une minute d’arrêt se compte en millions d’euros, le calcul devrait en réalité être vite fait.

 

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