Malgré des investissements massifs dans la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle, Meta affiche une croissance soutenue au Q2 2025, portée par la performance de ses applications phares et l’efficacité de ses algorithmes publicitaires. De quoi permettre au groupe de poursuivre ses lourds paris sur la convergence IA et réalité mixte.

Meta dans la tourmente après ses investissements massifs à contre-courant dans la réalité virtuelle et le « Metaverse » ? Que nenni ! Le groupe réalise un douzième trimestre consécutif supérieur aux exigeantes attentes des analystes de Wall Street. Il affiche 47,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires trimestriel, soit une croissance de +22 % sur un an, et un bénéfice net trimestriel de 18,3 milliards, en hausse de 36 %. La marge opérationnelle remonte à 43 %, niveau plus vu depuis 2021, et Mark Zuckerberg se félicite d’un « fort trimestre pour le business et la communauté ».

Au cœur de la machine à cash, la division « Family of Apps » continue d’écraser le compteur. Les revenus publicitaires atteignent 46,6 milliards de dollars, gonflés par une hausse de 11 % des impressions et de 9 % du prix moyen par annonce. Avec 3,48 milliards de personnes actives chaque jour, Facebook, Instagram, WhatsApp et Threads se parent d’une échelle unique, que Meta convertit en granularité de ciblage grâce à ses modèles d’IA. Selon Susan Li, ces algorithmes ont déjà amélioré de 5 % les conversions sur Facebook et de 3 % sur Instagram, un différentiel qui explique à lui seul plusieurs centaines de millions de dollars de revenus incrémentaux. En coulisses, les marges bénéficient encore de la discipline instaurée après les vagues de licenciements de 2023, même si la direction prévient que la masse salariale IA redeviendra le deuxième poste de dépense dès 2026.
Threads est l’étonnante surprise de ce début d’année. L’application qui veut concurrencer X (ex Twitter) signe déjà l’engagement le plus élevé parmi les nouveaux produits de l’histoire du groupe. Meta y voit désormais le laboratoire idéal pour tester des moteurs de recommandation 100 % IA avant de les déployer sur Instagram.

Sans surprise, la division Reality Labs reste le point qui fait mal. Avec seulement 370 millions de dollars de ventes, la division immersive creuse une nouvelle perte de 4,5 milliards. Elle engloutira encore « près de 100 milliards » d’ici la fin de la décennie si la trajectoire actuelle se confirme. L’écosystème VR/AR peine à convaincre à grande échelle malgré le succès médiatique des lunettes connectées « Ray-Ban Meta » et « Oakley Meta » ainsi que les indéniables qualités des casques Quest 3 et Quest 3S.

Pourtant, Mark Zuckerberg refuse de lâcher l’affaire : il juge que l’IA et la réalité mixte convergeront inéluctablement en une plateforme qui, un jour, viendra périmer le smartphone. Ce qui nous amène à la plus récente des 3 grandes divisions du groupe, la division « Meta AI et SuperIntelligence Labs » dont Meta ne dévoile pas réellement de chiffres détaillés. Et pour cause, c’est le nouveau gouffre d’investissement du groupe qui n’hésite pas à proposer des packages de 100 millions de dollars et plus pour débaucher chez la concurrence les talents IA les plus en vue. Ainsi, les dépenses d’investissement du groupe en 2025 sont désormais attendues entre 66 et 72 milliards de dollars, dont la majorité pour les data centers-GPU de la nouvelle “Meta Superintelligence Lab” annoncée en juin. À court terme, l’effet de levier reste confortable : le free cash-flow pointe à 8,6 milliards malgré 9,8 milliards de rachats d’actions. Mais Wall Street s’interroge quand même sur la soutenabilité de la cadence si la publicité ralentit ou si les régulateurs durcissent le ton.

 

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