La solidité du e-commerce et l’essor de la publicité portent Amazon, tandis qu’AWS voit son avance s’effriter. La flambée des CAPEX IA devient le véritable champ de bataille entre géants.
Qu’on se le dise, les GAFAM ne connaissent pas les crises. Tout comme Google et Microsoft, Amazon vient d’aligner un deuxième trimestre 2025 stratosphériques : 167,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires (+13 % a/a) et un bénéfice net de 18,2 milliards de dollars (en croissance de 34% par rapport à Q2 2024). Des résultats supérieurs aux attentes des analystes de Wall Street.
Le commerce en ligne, cœur historique d’Amazon, continue de croître à un rythme plus modéré. En Amérique du Nord, les ventes ont progressé de 11 % à 100,1 milliards de dollars, tandis que l’international affiche une hausse de 16 % à 36,8 milliards, dopée en partie par les effets de change. Cette performance est soutenue par la régionalisation du réseau logistique et l’amélioration des délais de livraison, deux leviers qui renforcent la compétitivité du modèle Prime.
Le segment publicité (Amazon Ads) a particulièrement brillé, avec une croissance de 23 % pour atteindre 15,7 milliards de dollars, dépassant largement les attentes du marché. Cette dynamique s’explique par l’intégration croissante de l’IA dans les outils de ciblage et d’optimisation, qui rendent les campagnes plus efficaces et plus rentables pour les annonceurs.
La division Prime Video et autres abonnements numériques poursuit sa montée en puissance, avec une contribution croissante au résultat opérationnel. Bien que les chiffres précis ne soient pas détaillés dans les publications, les analystes estiment que ces activités à forte marge bénéficiaire jouent aujourd’hui un rôle clé dans la rentabilité globale du groupe.
De quoi faire bondir de joie les actionnaires ? Et bien pas du tout… L’action est en fort repli depuis l’annonce des résultats. Et la cause tient en 3 lettres : AWS…
Non pas que les résultats du Cloud d’Amazon soient mauvais. Avec un CA trimestriel de 30,9 milliards de dollars et un bénéfice net de 10,2 milliards de dollars (dit autrement, AWS contribue à 18% du CA trimestriel du groupe mais à 56% de ses bénéfices), AWS est de loin le premier fournisseur de service de Cloud IaaS/PaaS au monde et le plus rentable. Reste que cette activité phare du groupe n’a crû “que” de 17,5 % , une cadence certes respectable mais inférieure aux attentes des investisseurs. Car ces derniers y voient, une fois encore, un signe d’essoufflement : sur la même période, Google Cloud a bondi de 32 % à 13,6 milliards, doublant sa marge opérationnelle à 20,7 %, tandis que Microsoft Azure a accéléré de 39 % et revendique désormais 75 milliards de revenus annuels, un chiffre publié pour la toute première fois par Redmond la semaine dernière.
Bref, AWS domine toujours en volume, mais l’écart de vitesse semble désormais se resserrer plus rapidement.
Cette dynamique redistribue les cartes technologiques. AWS mise sur Bedrock, Trainium 2 et l’annonce d’Alexa+ pour rester la plateforme « agnostique » des modèles génératifs (face à Google et ses modèles Gemini, et Azure adossé à OpenAI, même si les deux Clouds concurrents sont désormais tout aussi agnostiques et qu’Amazon porte désormais ses propres modèles Nova).
Derrière la ligne de résultat, la vraie bataille est budgétaire : Amazon a déjà dépassé 31 milliards de dollars de dépenses CAPEX ce trimestre pour adapter ses datacenters à l’ère de l’IA et promet un total de plus de 100 milliards d’investissements IA sur 2025. Alphabet/Google vient de relever sa propre enveloppe annuelle à 85 milliards de dollars. De son côté, Microsoft a dépensé 84 milliards sur son exercice fiscal 2025 terminé en juin dernier et prévoit déjà un nouvel investissement record au premier trimestre fiscal 2026. Jamais la Silicon Valley n’avait engagé de tels montants hors période dot-com ; les analystes parlent d’une « course à l’armement » où la puissance de calcul prime sur le profit immédiat.
À court terme, cette inflation d’investissements CAPEX pèse, comme chez ses concurrents, sur le free cash-flow d’Amazon (qui n’est plus « que » de 18,2 milliards de dollars contre 53 milliards l’an dernier) et, accessoirement, sur ses marges. Mais elle verrouille aussi l’accès au marché : qui n’investit pas massivement aujourd’hui n’aura ni GPU ni clients demain. Pour AWS, la question n’est plus de défendre une part de marché mais de bâtir l’infrastructure qui absorbera la prochaine décennie de modèles, de données et d’applications. La course à l’IA est en train de métamorphoser la concurrence sur le Cloud.
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