Après des mois de conflits latents et de rumeurs, OpenAI et Microsoft ont dévoilé les termes de leur nouvel accord qui voit Microsoft accéder aux technologies de la startup jusqu’en 2032 et s’emparer de 27% d’OpenAI PBC…

Les relations entre OpenAI et son partenaire Microsoft se sont tendues au fil des années. OpenAI n’a cessé de marcher sur les platebandes de Microsoft (et de Google) tout en allant chercher des ressources cloud chez les concurrents et Microsoft a de son côté gagné en autonomie avec la création de la division Microsoft AI et des modèles Phi et Mai-1.

Mais on savait la hache de guerre enterrée depuis une annonce plutôt énigmatique publiée en septembre dernier et annonçant que les deux entreprises avaient trouvé un nouveau terrain d’entente pour poursuivre leur partenariat.

Une nouvelle entité OpenAI… « PBC »

OpenAI a révélé ce soir les détails de ce nouvel accord. La startup commence par révéler avoir finalement choisi de se transformer en société d’intérêt public (Public Benefit Corporation, PBC), une structure hybride qui combine objectifs commerciaux et mission d’intérêt général. Une opération qui s’accompagne d’une recapitalisation valorisant l’entreprise à 500 milliards de dollars, un chiffre qui la place parmi les acteurs les plus puissants du secteur.

Et Microsoft détient désormais une participation d’environ 27 %, soit près de 135 milliards de dollars, de cette nouvelle entité tout en restant un partenaire central pour l’accès aux modèles et aux API d’OpenAI.

La quête de l’AGI se poursuit

L’accord conserve les piliers qui ont fait le succès de cette alliance : OpenAI reste le partenaire privilégié de Microsoft pour les modèles dits « de frontière », et Azure demeure la plateforme exclusive pour les API… jusqu’à l’arrivée de l’AGI (Artificial General Intelligence).

Et c’est justement là que le nouvel accord introduit une évolution majeure. Désormais, la déclaration d’une éventuelle intelligence artificielle générale (AGI) par OpenAI devra être validée par un panel d’experts indépendants. Dit autrement, ce nouvel accord règle la question de la gouvernance et clarifie les droits de propriété intellectuelle vis-à-vis de Microsoft qui empoisonnait leur relation depuis plusieurs mois.

Les droits de Microsoft sur la propriété intellectuelle sont prolongés jusqu’en 2032 et s’étendent même aux modèles post-AGI, sous réserve de garde-fous en matière de sécurité. Plus précisément, Microsoft conserve les droits sur les méthodes confidentielles utilisées pour développer les modèles et systèmes d’OpenAI (appelées Research IP) jusqu’à l’AGI vérifiée par un panel indépendant ou jusqu’en 2030, selon ce qui survient en premier. Ces droits couvrent notamment les modèles destinés à un usage interne ou à la recherche uniquement. En revanche, les éléments techniques comme l’architecture des modèles, les poids, le code d’inférence, le code de fine-tuning, et les infrastructures matérielles ou logicielles ne sont pas inclus dans ces droits de recherche. Microsoft conserve toutefois des droits sur ces éléments non classés comme Research IP.

OpenAI gagne en indépendance

Parallèlement, OpenAI acquiert de nouveaux droits et de nouvelles marges de manœuvre : elle pourra codévelopper certains produits avec des tiers (y compris des concurrents directs de Microsoft), et même proposer des modèles en open weight. En revanche, si des API sont développés avec des tiers, ces API devront être hébergées sur Azure. Les produits en revanche pourront être diffusés par d’autres Clouds. Par ailleurs, Microsoft ne détiendra aucun droit sur les dispositifs matériels (hardware) développés par OpenAI.
Enfin, dans le cadre de contrats gouvernementaux, OpenAI est libre d’héberger les API sur le cloud de son choix.

Mais Microsoft aussi y gagne en liberté : l’éditeur peut désormais poursuivre la quête de l’AGI de son côté en toute autonomie ou en partenariat avec d’autres startups de l’IA.

Des milliards, encore des milliards…

Par-delà ces accords désormais plus clairs et transparents que précédemment, la dimension financière joue un rôle tout à fait fondamental. Non seulement Microsoft détient désormais 27% d’une entreprise valorisée 500 milliards de dollars mais OpenAI s’engage également à acheter 250 milliards de dollars de services Azure, un contrat colossal qui garantit à Microsoft une place incontournable dans l’infrastructure de l’IA mondiale. En contrepartie, l’éditeur de Redmond renonce à son droit de premier refus pour fournir de la puissance de calcul à OpenAI.

Pour Bret Taylor, président du conseil de la fondation OpenAI, cette restructuration marque un tournant : « Le but non lucratif reste aux commandes de l’entité commerciale, et dispose désormais d’un accès direct à des ressources majeures avant l’arrivée de l’AGI ». Une petite phrase qui montre qu’OpenAI n’a pas réellement réussi à contrer les attaques d’Elon Musk qui luttait contre une transformation totale d’OpenAI en société lucrative.

Au-delà des chiffres, l’accord illustre une volonté commune : sécuriser l’avenir de l’IA tout en lui donnant les moyens de croître. Comme le souligne la communication officielle, « les deux entreprises sont mieux placées que jamais pour créer des produits utiles au quotidien et ouvrir de nouvelles opportunités pour tous ».

En toile de fond, cette alliance redessinée traduit un équilibre subtil entre dépendance et autonomie. Microsoft consolide son rôle de partenaire industriel incontournable, tandis qu’OpenAI gagne en flexibilité pour lever des fonds et diversifier ses collaborations. Une nouvelle étape qui, à la fois, verrouille l’avenir immédiat et prépare le terrain pour les bouleversements à venir. En espérant pour eux que ces bouleversements ne soient l’explosion de la bulle de l’IA et pour nous que l’AGI ne détruise pas l’humanité d’ici 2032…

 

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