Dans le cloud, les conteneurs vont plus vite que les équipes sécurité : ils naissent, vivent et meurent en un battement de cœur. Seule une visibilité runtime en continu permet de couper court au déluge de vulnérabilités et de permissions inutiles pour se focaliser sur les quelques signaux qui annoncent une vraie attaque.
Les environnements cloud évoluent à une vitesse que personne ne peut suivre manuellement. Ils permettent de déployer et transformer des applications en continu, parfois en quelques secondes. La réalité, c’est que 60% des conteneurs ne vivent pas plus d’une minute. Ils apparaissent, disparaissent et se remplacent : un rythme impossible à capturer avec des analyses ponctuelles.
Les attaques suivent au moins la même cadence. Un acteur malveillant peut exploiter un compte compromis en dix minutes ou moins. Alors quand tout va aussi vite, chaque minute compte et il est clair que les outils traditionnels, basés sur des scans ponctuels ou des vues statiques, ne tiennent plus le rythme. Ils produisent des instantanés qui deviennent obsolètes presque immédiatement et sans lien avec l’activité réelle : des vulnérabilités signalées alors qu’elles ne sont pas exploitées en production, ou des permissions qui, dans 90% des cas, ne sont jamais utilisées.
Réduire ce bruit nécessite un changement net : arrêter de travailler sur des hypothèses et se concentrer sur ce qui s’exécute réellement. C’est cette observation continue qui permet de comprendre ce qui se joue à l’instant présent et d’aligner enfin la sécurité sur la vitesse du cloud.
Pourquoi l’analyse au runtime change tout
L’observation en continu transforme la sécurité cloud parce qu’elle rétablit une vérité simple : un risque n’existe vraiment que lorsqu’il s’exprime dans l’usage. Tant qu’une vulnérabilité dort dans un paquet jamais chargé, qu’une permission n’est jamais invoquée ou qu’une dérive de configuration ne touche aucune ressource active, elle reste théorique. L’analyse d’exécution oblige justement à regarder là où les choses se jouent réellement. Pour sécuriser l’innovation dans le cloud, il faut des informations sur l’exécution réelle (runtime insights) permettant de prioriser les risques critiques et de garder une longueur d’avance sur les menaces.
Cette logique traverse naturellement tous les usages majeurs de la sécurité cloud. En gestion des vulnérabilités, la visibilité sur l’exécution runtime met en évidence les failles réellement chargées en production et élimine ainsi l’essentiel du bruit, amenant jusqu’à 95% d’élimination des faux positifs. Cette même approche clarifie aussi le travail en CSPM (Cloud Security Posture Management), où les dérives et expositions ne sont plus de simples constats a posteriori, mais des signaux observés au moment précis où ils apparaissent. Résultat : une réduction immédiate de la fenêtre d’exploitation possible.
Dans le cas du CIEM (Cloud Infrastructure Entitlement Management), les informations d’exécution mettent en lumière un fait structurel, à savoir que 90% des permissions accordées ne sont jamais utilisées. En révélant celles qui sont réellement actives, il rend immédiatement visibles celles qui créent un risque concret dans l’environnement. Et en matière de Cloud Detection and Response, cette observation continue rend enfin atteignable un objectif longtemps théorique : suivre le benchmark « 555 », c’est-à-dire détecter un comportement suspect en 5 secondes, corréler les signaux en 5 minutes et engager la réponse dans les 5 minutes qui suivent, avant qu’une attaque ne s’installe durablement.
Ce fil conducteur est toujours le même : la sécurité devient pertinente quand elle suit les usages réels. La visibilité sur les informations d’exécution permet de réduire significativement le bruit, non pas en ajoutant une nouvelle couche de contrôle, mais en supprimant tout ce qui n’a pas d’effet dans l’environnement. Les équipes consacrent leur temps aux signaux qui comptent vraiment, plutôt qu’à des listes abstraites qui ne correspondent pas à la réalité du terrain. Elles gagnent en clarté, en rapidité et en efficacité. Et ce parce qu’elles travaillent enfin dans le même tempo que le cloud lui-même.
Réduire le bruit pour libérer l’innovation
Si la visibilité sur les informations d’exécution (runtime insights) prend aujourd’hui autant de place dans les débats, c’est parce qu’elles simplifient concrètement la sécurité au moment où elle en avait le plus besoin. Les équipes ne peuvent plus suivre des milliers de signaux théoriques, ni traiter des listes de vulnérabilités qui ne s’expriment jamais dans les environnements réels. En filtrant tout ce qui n’a pas d’impact concret, ceci redonne de l’espace, du temps et de la lisibilité.
Cette approche change aussi la relation entre sécurité et innovation. Le cloud a été conçu pour aller vite, pour déployer, transformer et adapter en quelques clics. La sécurité doit donc suivre ce rythme sans devenir un frein. En ancrant les décisions sur ce qui s’exécute effectivement, les équipes agissent au bon moment et non pas après coup. Elles protègent l’activité sans stopper le mouvement, et réduisent la charge cognitive qui pèse sur elles depuis des années.
Cette transition vers une sécurité plus efficace, centrée sur les usages réels, n’en est pourtant qu’à ses débuts. Mais elle trace déjà une direction claire : dans des environnements qui évoluent en continu, seule une approche connectée à la réalité permettra de sécuriser durablement l’innovation. La visibilité au runtime n’est donc pas une tendance supplémentaire, mais bel et bien une condition pour mieux garder le contrôle.
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Par Philippe Darley, expert en cybersécurité du Cloud, chez Sysdig
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