Broadcom retire le marchepied vSphere Foundation de son marché EMEA, mais pas partout et personne ne dit exactement où. Reste que le message pour les DSI est encore plus clair qu’avant : soit vous prenez le ticket VCF, soit vous préparez un plan B. Explications…
L’information est tombée cette semaine mais reste plongée dans un flou que Broadcom semble pour l’instant vouloir entretenir. vSphere Foundation (VVF) « n’est plus disponible dans certains pays EMEA » ! Oui, mais quels pays exactement ? Broadcom renvoie les clients vers leurs commerciaux/partenaires pour confirmer la disponibilité ou l’indisponibilité localement sans donner de liste. Seul indice, livré par les « price-books » de la firme, cette disparition de vSphere Foundation concernerait les pays européens n’appartenant pas à l’espace économique européen.
Dit autrement, VVF continuerait donc d’être commercialisé sur le marché français. Mais les DSI doivent prendre l’information comme un coup de semonce. Cette disponibilité « maintenue » n’est pas une garantie contractuelle et cet état de commercialisation peut évoluer à tout moment.
La fin du milieu de gamme
vSphere Foundation, c’est le “milieu de gamme stratégique” de l’offre VMware version Broadcom : plus qu’un simple hyperviseur, moins qu’une suite de cloud privé complète. Concrètement, le bundle agrège vSphere et vCenter, des briques Kubernetes et des fonctions d’opérations, avec vSAN inclus (mais dans des limites de capacité et des modalités de licence précises).
L’offre promettait d’exécuter VMs et conteneurs sur une même plateforme, avec un socle HCI et une couche Ops avec une approche « cloud privé ».
L’offre visait donc à moderniser un socle vSphere sans basculer dans l’usine à gaz “full stack” (NSX/HCX/SDDC Manager/automatisation avancée). Les DSI en quête d’une telle modernisation légère ont donc désormais tout intérêt à aller chercher leur voie de salut ailleurs, chez Vates, chez Proxmox, chez Nutanix, chez Red Hat voire chez HPE (et son Greenlake Private Cloud).
Cet arrêt de VVF est finalement dans la logique actuelle de Broadcom : privilégier les gros clients et s’assurer de bien les chouchouter (enfermer ?) au sein de l’offre haut de gamme VCF (Vmware Cloud Foundation), seule offre qui ait jamais eu du sens pour le patron de Broadcom, Hock Tan. « Vmware Cloud Foundation est notre plateforme d’innovation pour l’avenir » annonçait-il dès avril 2024.
Bien sûr la décision s’inscrit, pour Broadcom, dans le principe d’une gestion plus segmentée par zones, ce qui permet d’exercer une pression différenciée selon les marchés et les dynamiques concurrentielles locales.
Le « marche ou sors » vers VCF
Mais ne nous y trompons pas. VVF était le bundle qui permettait encore à des organisations mid-market (ou à des grandes entreprises sur des périmètres périphériques) de rester sur VMware avec un coût “contenu”. Mais Broadcom pilote VMware comme un actif logiciel à rendement. Et quand on cherche à maximiser la valeur, on réduit (presque mathématiquement et inexorablement) les offres qui permettent « d’un peu top bien vivre » sans monter en gamme.
VVF était une sorte de marchepied vers VCF. Et Broadcom décide tout simplement de le retirer pour forcer le saut vers VCF.
L’éradication de VVF du catalogue s’inscrit donc dans la logique de Broadcom qui pousse VMware vers une identité de plateforme de cloud privé standardisée (VCF-first), vendue en souscription, avec un contrôle plus serré du packaging et des conditions commerciales.
Bien évidemment, cette décision n’affecte en rien, à court terme, les clients VVF. Le risque immédiat n’est pas que « tout s’éteigne du jour au lendemain ». Le risque est à plus ou moins long terme au moment stratégique du renouvellement des contrats ou s’il faut étendre significativement l’infrastructure. La montée vers VCF sera poussée par Vmware. Alors, autant anticiper dès aujourd’hui ce futur : soit vous acceptez la montée en gamme, soit vous planifiez une sortie de Vmware.





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