Quand un attaquant arrive à rebondir des postes utilisateurs vers les serveurs puis les sauvegardes, ce n’est plus une faille, c’est un boulevard réseau. Mettre en place un cloisonnement strict, surveiller les flux internes et tester régulièrement les règles change ce scénario en parcours d’obstacles pour toute intrusion.

En cybersécurité, il ne suffit plus de protéger un poste de travail, d’installer un antivirus ou de déployer un firewall. Aujourd’hui, un seul clic sur un email piégé peut suffire à compromettre tout un système d’information. Les cybercriminels savent se déplacer latéralement dans les réseaux et transformer une simple compromission en attaque massive.  C’est là qu’intervient une mesure souvent négligée mais essentielle : le cloisonnement réseau.

Les enjeux : un seul poste compromis peut suffire 

Lorsqu’un réseau d’entreprise n’est pas segmenté, tous les postes, serveurs et sauvegardes communiquent sans restriction. Dans ce type d’architecture dite « plate », une attaque réussie sur un poste utilisateur peut :

  • Se propager rapidement et chiffrer l’ensemble des serveurs.
  • Neutraliser les sauvegardes connectées au même réseau.
  • Donner accès aux droits administrateurs via des rebonds.
  • Paralyser l’activité de toute l’entreprise pendant des jours, voire des semaines.

En d’autres termes : sans cloisonnement, un simple incident devient une crise majeure.

Le cloisonnement réseau, une défense de base

Le cloisonnement réseau consiste à créer plusieurs zones distinctes, isolées les unes des autres, avec des règles de communication strictes. Concrètement, cela repose sur :

  • Un réseau utilisateurs (PC) pour les postes de travail.
  • Un réseau serveurs réservé aux applications et données critiques.
  • Un réseau de management accessible uniquement par les administrateurs.
  • Un réseau sauvegardes totalement isolé pour protéger les copies de sécurité.

Ces segments communiquent entre eux uniquement par l’intermédiaire de pare-feu internes et de règles précises de filtrage. Résultat : un attaquant qui compromet un poste utilisateur ne peut plus progresser librement.

Conseils pratiques pour les DSI et RSI 

– Réaliser un audit de son réseau pour identifier les zones critiques.

– Créer des VLANs distincts entre utilisateurs, serveurs, sauvegardes et management.

– Déployer des pare-feu internes capables de filtrer les flux entre segments.

-Isoler les sauvegardes est prioritaire : elles doivent être inaccessibles depuis les postes utilisateurs.

– Superviser ses flux afin de détecter toute anomalie rapidement.

– Tester régulièrement la solidité de son cloisonnement par des audits ou pentests.

Les erreurs trop souvent réalisées

– Des réseaux totalement plats, sans aucune séparation.

– Des sauvegardes connectées en permanence au même réseau que la production.

– Des comptes administrateurs disponibles sur des postes utilisateurs.

– Une absence de supervision des flux internes.

– Une documentation inexistante ou obsolète des règles réseau.

Cloisonner, c’est protéger 

La sécurité réseau n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Le cloisonnement permet de contenir les attaques, de protéger les données critiques et d’assurer la continuité d’activité en cas d’incident. La question n’est pas de savoir si une entreprise sera attaquée, mais quand. Le cloisonnement réseau doit être considéré comme une mesure de base, au même titre que les sauvegardes ou la mise à jour des systèmes.

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Par Mounir Ait Bahadda, Responsable du département Cybersécurité & RSSI chez Provectio

 

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