La transformation numérique française atteint un nouveau cap : la maturité cloud. Entre exigence réglementaire, essor du multi-cloud et montée en puissance de l’IA souveraine, le nouveau rapport PwC Cloud Business Survey 2025 dépeint un paysage où les entreprises françaises affinent désormais leurs architectures pour optimiser performance, conformité et autonomie numérique.
Près de neuf entreprises françaises sur dix se jugent aujourd’hui matures sur le cloud, contre 80 % en EMEA. Cette avance se traduit par des choix plus appuyés en matière de « cloud de confiance » : la régulation est citée comme défi n°1 par 48 % des entreprises françaises (42 % en EMEA) et l’IA motive l’adoption d’un cloud souverain pour 46 % d’entre elles (30 % en EMEA).
Tels sont les principaux enseignements de la nouvelle étude PwC 2025 EMEA Cloud Business Survey, menée auprès de 1 400 dirigeants dans 26 pays. Celle-ci révèle une bascule des entreprises de l’adoption vers désormais l’optimisation ! « Il y a deux ans, l’enjeu était de migrer vers le cloud le plus vite possible », rappelle Philippe Trouchaud, Associé, PwC France et Maghreb. « Aujourd’hui, le rythme se stabilise. Il s’agit d’optimiser et d’adapter les capacités cloud de manière durable et en mode cloud-native. ».
Repenser les stratégies Cloud pour les optimiser
Selon l’étude, en EMEA, 82 % des organisations revoient aujourd’hui leur stratégie numérique et 94 % prévoient d’ajuster leur architecture d’ici un an, souvent en ajoutant des capacités multi-cloud ou souveraines. Ainsi, le multi-cloud est devenu la norme : 79 % combinent déjà plusieurs fournisseurs pour gagner en résilience, en flexibilité et en performance.
La France se distingue par une sensibilité réglementaire plus forte. 48 % des entreprises françaises citent la régulation comme défi principal, contre 42 % en EMEA. Résultat : plus de workloads sensibles restent localisés et les clouds de confiance progressent. Signe particulier côté hexagonal : l’IA et la souveraineté avancent de pair. 46 % des entreprises françaises adoptent un cloud souverain d’abord pour l’IA, contre 30 % dans la région.
La maturité progresse donc, la migration passant au second plan. L’objectif n’est plus de « tout migrer » vite, mais d’optimiser ce qui est déjà dans le cloud et de mieux l’aligner avec les contraintes opérationnelles et réglementaires. De nouvelles priorités se lisent dans les décisions d’investissement et d’architecture. Optimiser les coûts devient incontournable alors que 86 % des entreprises comptent encore augmenter leurs dépenses cloud, mais qu’une sur dix seulement a pleinement intégré des pratiques avancées de FinOps. Celles qui l’ont fait alignent mieux leurs dépenses sur la stratégie et tiennent leurs objectifs de performance et de sécurité. « Dans le cloud, ce qui n’est pas mesuré ne peut pas être maîtrisé », souligne Philippe Trouchaud.
Autres priorités, moderniser les applications et développer en cloud-native prennent le relais du simple lift-and-shift, tandis que le multi-cloud s’installe (79 % utilisent déjà plusieurs fournisseurs) pour capter le meilleur de chaque plateforme et renforcer la résilience.
En revanche, et cela peut paraître un peu contradictoire, les freins restent concrets et assez stables : pénurie de compétences, intégration complexe d’environnements hétérogènes et exigences de sécurité qui montent avec la fragmentation réglementaire.
L’IA en quête d’industrialisation
Malgré la confiance des entreprises en leur maturité Cloud, l’étude expose quand même au grand jour un écart important entre ambition et industrialisation : seuls 5 % des répondants ont déployé l’ensemble des initiatives centrales à l’échelle de leur organisation. Seule 1 entreprise sur 20 a mis en place, dans toutes ses équipes et tous ses pays ou BU, un cadre commun de gouvernance, de sécurité, d’automatisation, de gestion des coûts (type FinOps) et de montée en compétences, avec des processus outillés et mesurés. L’« ambition » est là — moderniser, faire du multi-cloud, tirer parti de l’IA — mais l’« industrialisation » manque : mêmes standards pour tous les projets, mêmes pipelines, mêmes contrôles, mêmes métriques, mêmes responsabilités. Tant que ces fondations ne sont pas déployées partout, on accumule des solutions locales, des exceptions réglementaires, des scripts faits main et des coûts difficiles à piloter.
Et l’on retrouve exactement la même situation sur l’IA agentique. L’appétit (43% des entreprises on placé l’IA dans le Top 3 de leurs priorités d’investissement) dépasse encore clairement l’industrialisation : 86 % des entreprises jugent ces capacités déterminantes dans le choix d’un fournisseur, mais 29 % seulement les déploient à grande échelle en EMEA (31 % en France). Le cloud sert de couche d’activation pour la puissance de calcul, la donnée et l’échelle. « L’IA agentique n’est plus théorique : elle s’intègre aux plateformes cloud qui alimentent l’économie numérique », souligne Philippe Trouchaud.
La suite se joue maintenant : considérer le cloud comme une plateforme stratégique, cadrer la dépense avec le FinOps, industrialiser l’IA agentique de façon responsable et renforcer la souveraineté pour rester conforme et résilient. En France, la maturité est là. À nos organisations désormais de la transformer en avantage durable sur le cloud de confiance. « La prochaine phase du cloud sera définie non par la migration, mais par la maîtrise – là où technologie, finance et gouvernance convergent pour créer un avantage durable », conclut Philippe Trouchaud.








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