Face à l’essor fulgurant de l’IA, les services publics ne peuvent plus rester à la porte du cloud, surtout quand les données les plus sensibles sont en jeu. Le défi : construire un cloud souverain européen qui combine niveau de sécurité maximal, agilité technologique et capacité à faire tourner des workloads d’IA à l’échelle.

La transformation cloud dans le secteur public s’est avérée particulièrement complexe en France. Si l’État fixe le cadre stratégique et les grandes orientations, la mise en œuvre opérationnelle repose sur les ministères, les opérateurs publics et les collectivités territoriales.

De plus, les préoccupations concernant la protection des données ont rendu le secteur public hésitant en matière d’adoption du cloud. La crainte de faire migrer des données personnelles aussi sensibles que celles des secteurs de la santé ou du social était trop importante. Si les attentes élevées autour de la souveraineté numérique et la protection des données ont encouragé une approche prudente, cette hésitation commence à diminuer. Ainsi, les premiers adoptants ont franchi le pas, envoyant un signal clair aux autres. En effet, la majorité (81%) des administrations qui utilisent exclusivement le cloud public privilégient le cloud souverain. Le résultat : un effet domino, montrant un passage progressif vers l’utilisation du cloud.

Il devient également clair que le défi n’est pas purement technique, mais relève d’une question de confiance dans l’infrastructure. Le cloud souverain européen combine ainsi les normes de sécurité européennes avec une technologie tournée vers l’avenir, tout en permettant une intégration significative de l’IA. Il crée donc un environnement clairement défini et exploité exclusivement en Europe. Cela garantit qu’aucun accès aux données personnelles n’est possible depuis des pays en dehors de l’Europe, tels ceux où les fournisseurs de cloud ont leur siège social. Pour de nombreuses institutions publiques, il s’agit d’une condition nécessaire pour envisager la migration vers le cloud. Car au-delà de la souveraineté et de la sécurité des données, l’opérabilité gouvernementale et le fonctionnement de la vie publique doivent être garantis lors de l’utilisation de systèmes cloud.

Cloud et souveraineté : quelles conditions ?

La souveraineté numérique signifie plus qu’un simple contrôle technique des données et des systèmes. Elle inclut également l’indépendance juridique et organisationnelle vis-à-vis des pays fournissant l’infrastructure.

Lors du choix de leur offre cloud, les organisations du secteur public doivent évaluer plusieurs critères primordiaux : la localisation des données, l’identité de l’exploitant mais également les droits d’accès et le cadre juridique.

Cette attention est capitale en particulier dans les domaines sensibles tels que l’administration gouvernementale ou encore la santé. Une offre qui ne serait que partiellement souveraine peut présenter des risques importants. Une stratégie de souveraineté solide doit donc se concentrer sur les labels, mais aussi sur l’architecture réelle et les structures de gouvernance de la solution.

Cela fait de l’infrastructure souveraine non seulement un outil pour le stockage de données ou l’automatisation des processus, mais un pilier de la transformation numérique. Elle permet de migrer vers le cloud des cas d’usage hautement sensibles de manière conforme – que ce soit dans la santé, la justice ou les institutions de sécurité nationale.

Le cloud souverain est bien plus qu’un centre de données sécurisé. C’est le fondement d’une administration publique numérique construite sur l’efficacité et la transparence. Combiné à l’IA, il devient la clé d’une transformation durable et évolutive – qui non seulement comble les lacunes technologiques mais répond également aux défis structurels.
____________________________

Par Yasser Wardasbi, Senior Manager, European Sovereign Cloud EMEA chez Genesys

 

À lire également :

Avec l’IA, le cloud souverain inaugure une nouvelle ère d’innovation et d’inclusivité technologique…

LLM et données : la grande révolution des interactions commerciales… 

I Studio : Genesys libère l’expérience client avec des agents IA autonomes et responsables

IA souveraine, IA française, une quête existentielle

Une IA souveraine oui… mais pas sans écosystème IA souverain !

Cloud privé : le choix stratégique des entreprises à l’ère de l’IA et de la souveraineté numérique…