À l’heure où l’USF célèbre ses 35 ans et engage un nouveau cycle d’actions pour renforcer sa base d’adhérents, construire une nouvelle relation opérationnelle avec SAP France et intensifier le dialogue avec un COMEX SAP de plus en plus centralisateur, nous recevons Gianmaria Perancin, son président. Il est notre « Grand Témoin » de la semaine. L’occasion de prendre le pouls d’une communauté forte de 450 entreprises, 3 700 membres, 30 commissions et 90 partenaires, à un moment charnière pour les DSI.
Négociateur rigoureux, pédagogue et pragmatique, Gianmaria Perancin est un homme d’écoute et médiation à la parole forte et au ton toujours argumenté et documenté bien loin du marketing de circonstance bien trop répandu dans l’univers IT. Figure de la communauté SAP, élu président de l’USF dès 2018 et réélu sans discontinuer depuis, l’hommepréside aussi le réseau mondial des clubs utilisateurs, le SUGEN. Porte-voix des DSI sur la migration vers S/4HANNA, le cloud, les licences et l’IA, il plaide pour des trajectoires métier claires et une gouvernance équilibrée entre SAP et ses clients.
Il est aujourd’hui le Grand Témoin de Guy Hervier. L’occasion de revenir avec lui sur les lignes de fracture qui percutent le quotidien des DSI : incertitudes géopolitiques et économiques, fin programmée du support d’ECC, accélération vers le cloud, montée en puissance de l’IA dans l’écosystème SAP, et enjeu clé de souveraineté. Autant de facteurs qui redessinent les trajectoires SI et exigent des arbitrages rapides, étayés et documentés.
« Nous voulons vraiment être l’association de tous les utilisateurs de toutes les solutions SAP », résume d’emblée notre invité. Il insiste sur l’indépendance du club : « Nous sommes neutres et indépendants, totalement… Cela nous permet d’exprimer notre parole en toute transparence. »
Cette exigence s’enracine aussi dans un engagement très personnel : « L’USF est mon travail de bénévole. Moi, je travaille pour une grande entreprise française. » Une manière de rappeler que la voix de l’USF est d’abord celle de ses adhérents et de leurs réalités opérationnelles.
Face aux vents contraires géopolitiques et économiques, il prône une posture lucide : « L’approche par le risque est évidemment la meilleure », dit-il, en pointant la question des PRA : « Notre crainte, c’est dans les reprises d’activité en cas d’accident… si je n’ai plus accès à mes données parce qu’elles ne sont pas dans ma zone géographique. » D’où l’appel à des clauses contractuelles solides et à des scénarios de redondance crédibles.
Reste l’urgence calendaire : « L’horloge fait tic-tac. » Certaines versions ECC sortent de maintenance, et « tout le monde n’y arrivera pas à y passer » dans les délais. D’où un message clair à l’éditeur : rendre la transformation « plus simple, plus efficace et moins chère » et stabiliser les offres : « J’aimerais bien qu’SAP donne un peu plus de stabilité » dans ses packages et sa price list.
Côté IA, l’USF a ouvert une commission qui bat des records d’audience. Les démonstrations vues autour de Joule l’ont « vraiment scotché » : capacité d’analyse, drill-down, scénarios d’action… « La main est toujours laissée à nous. » Pour autant, il veut une IA utile dès la migration : « Toi, SAP, tu dois m’aider à faire ces business cases » et à nettoyer le spécifique. Et vigilance sur les coûts d’usage : « Je m’attends à payer quand j’ai une réponse, pas quand je vais poser la question. »
Sur les licences, le message est tout aussi pragmatique : anticiper, éclairer, négocier. « Je ne voudrais pas découvrir que derrière le per-user-per-month j’ai encore la question du digital access à payer. » Le club poursuit le travail avec SAP sur ces sujets pour éviter toute « mauvaise surprise » en production.
En matière de Souveraineté : l’USF attend des preuves. SAP travaille avec Bleu, « mais il lui manque la certification SecNumCloud 3.2 ». Si elle arrive, « pour nous, ça résout une bonne partie de la question », à condition d’avoir « au moins un autre acteur » et des options adaptées aux différents niveaux de risque, du SecNumCloud au C5 allemand.
Quant à l’enquête ouverte par la Commission européenne, il appelle à un règlement rapide et constructif : « Cette fois-ci j’y crois. J’y crois fermement », propose l’USF comme « sparring partner », et fixe l’ambition : « Je voudrais arrêter de discuter price list ; je voudrais discuter d’innovation et de valeur métier ».
Au fond, une ligne de conduite qui tient en deux exigences : « co-construire avec un haut niveau d’exigence » et défendre « l’honnêteté intellectuelle, la crédibilité et la légitimité » de la communauté. Une boussole précieuse pour guider des DSI sommés d’arbitrer vite mais jamais à l’aveugle.
À lire également :
SAP sous pression : enquête de l’UE et fronde allemande avant l’USF de Lyon
Souveraineté numérique : l’USF alerte sur une dépendance devenue critique
« La relation avec SAP ne doit pas être vue comme l’un contre l’autre, mais c’est une co-construction »
Cloud Sovereignty Framework : 10 % de souveraineté juridique, 90 % de débats





 
                         
                     puis
 puis