Microsoft et OpenAI, toujours partenaires mais plus vraiment alliés ? La firme de Satya Nadella développe ses propres modèles frontières à raisonnement « MAI » et pousse sa division Microsoft IA. La startup de Sam Altman va chercher du GPU hors Azure et se distance du géant américain pour contrer les accusations d’Elon Musk. Les deux géants tracent désormais des routes qui s’éloignent. La rivalité prendra-t-elle bientôt le pas sur la coopération ?

La relation autrefois symbiotique entre Microsoft et OpenAI montre des signes croissants de tension, alors que les deux géants technologiques semblent de plus en plus se positionner comme concurrents sur le marché de l’IA.
Les deux entreprises restent de forts partenaires, mais les liens semblent gagner chaque jour en élasticité et semblent désormais suivre chacune leurs propres routes de plus en plus divergentes. Et ce n’est pas les annonces de la semaine qui vont prouver le contraire.

Microsoft a son concurrent à GPT-5

Microsoft développe activement ses propres modèles d’IA « raisonnants » comparables à ceux d’OpenAI, notamment l’o1 et l’o3-mini. Selon des informations rapportées par The Information, l’entreprise dirigée par Satya Nadella dispose d’une famille de modèles baptisée MAI (Microsoft Artificial Intelligence) qui rivaliserait déjà avec les technologies d’OpenAI et d’Anthropic lors des tests internes.

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de Mustafa Suleyman, récemment recruté pour diriger Microsoft AI, visant à rendre l’entreprise plus autonome dans le domaine de l’IA. Microsoft envisagerait même de proposer ces modèles via des API aux développeurs d’ici la fin de l’année.

OpenAI va chercher de la puissance hors Azure

Autre annonce significative, OpenAI vient de signer un accord de 11,9 milliards de dollars sur cinq ans avec CoreWeave, un fournisseur de services cloud spécialisé dans les GPU dont Microsoft était jusqu’alors le principal client. Cette transaction inclut une prise de participation d’OpenAI à hauteur de 350 millions de dollars dans CoreWeave qui, parallèlement, renforce son indépendance vis-à-vis de l’infrastructure Microsoft Azure.

En janvier dernier, Microsoft avait déjà accepté de libérer OpenAI d’un contrat qui l’obligeait à utiliser exclusivement Azure pour ses besoins d’hébergement. Peu après, OpenAI avait annoncé un premier accord avec Oracle Cloud avant d’annoncer en février dernier un ambitieux plan de 500 milliards de dollars pour construire de nouveaux centres de données avec Oracle et SoftBank.

Des tensions qui s’accumulent

Autant d’annonces qui viennent ajouter des points de friction qui n’ont cessé de s’accumuler depuis début 2024. On se souvient que fin 2023, momentanément viré d’OpenAI, Sam Altman avait failli rejoindre Microsoft avec l’essentiel de l’équipe R&D de sa startup. Finalement Sam Altman est retourné chez OpenAI et Microsoft – notamment sous la pression de la FTC américaine, de la CMA britannique et de la Commission européenne qui avaient lancé des enquêtes de fusion déguisée – a rapidement cherché à retrouver de l’autonomie et a créé en 2024 sa propre division « Microsoft AI » dirigée par un ancien concurrent de Sam Altman, Mustafa Suleyman. Satya Nadella n’a probablement guère apprécié le volte face de Sam Altman, 24 heures après l’officialisation de son arrivée.

Parallèlement, OpenAI, qui veut se transformer en entreprise lucrative, se voit freinée dans son objectif par Elon Musk qui lui reproche notamment sa trop grande dépendance à Microsoft. Sam Altman a donc aujourd’hui tout intérêt à s’éloigner de son gigantesque partenaire pour retrouver des marges manœuvres.

Depuis, Microsoft considère ouvertement dans ses rapports financiers trimestriels qu’OpenAI est un concurrent autant qu’un partenaire.
Et OpenAI marche de plus en plus sur les platebandes de Microsoft autour de la recherche Web et même de la collaboration en entreprise.

Autre point de friction, non prouvé, OpenAI aurait refusé – selon la rumeur – de partager avec Microsoft des détails techniques sur le fonctionnement de son modèle o1, malgré les obligations contractuelles qui existeraient entre les deux entreprises. Un refus motivé par le fait que, de son côté, Microsoft explore activement des alternatives aux technologies d’OpenAI pour alimenter ses produits comme Copilot, en testant des modèles développés par xAI d’Elon Musk, Meta, et DeepSeek mais aussi en peaufinant ses modèles open source « Phi ».

Malgré ces tensions, le géant de Redmond reste officiellement le partenaire privilégié mais non exclusif d’OpenAI, dans laquelle l’entreprise a investi environ 14 milliards de dollars. Il faut néanmoins s’attendre à voir Microsoft donner de plus en plus la priorité à ses propres investissements IA alors qu’elle semble avoir rattrapé son retard sur les technologies des modèles frontières et se positionne déjà fortement dans l’univers des Agents IA d’entreprise et de leur orchestration.

 

 

À lire également :

MS et OpenAI se demandent si DeepSeek n’a pas pompé leurs IA

Stargate, le projet démesuré d’OpenAI éloigne un peu plus la startup de Microsoft

OpenAI se passe d’observateurs Microsoft ou Apple dans son Board

MS MAI : Il n’y a pas qu’OpenAI dans la vie…

L’Europe aussi s’inquiète des liens étroits entre OpenAI et MS

Viré d’OpenAI, Sam Altman est immédiatement recruté par Microsoft !