A l’heure de l’internet des objets, on redécouvre les ténors de l’informatique embarquée dont Wind River, la discrète filiale d’Intel, est la plus surprenante.
Qu’il s’agisse des robots martiens (Mars Pathfinder, Stardust, Curiosity) (photo ci dessous) des commutateurs Cisco, centrales inertielles des airbus, ou des missiles atomiques des sous marins nucléaires, tous ces appareils ont un point commun : un système d’exploitation temps réel, des systèmes qui prennent en compte des contraintes temporelles dont le respect est aussi important que l’exactitude du résultat.
L’exemple des contraintes militaires
A la sortie d’un missile à tête nucléaire d’un sous-marin, l’exemple est fascinant, le moindre dixième de seconde de retard dans les procédures et ce sont les 120 hommes d’équipage qui sont condamnés à mort. Mais cela n’arrive jamais. La fiabilité des systèmes informatique temps réel est phénoménale ; autrement dit « pas de place pour l’incertitude ». Le système ne doit pas simplement délivrer des résultats exacts, il doit les délivrer dans des délais imposés souvent au centième de seconde.
Les contraintes de ce type se retrouvent dans la téléphonie et internet où des milliers d’appels et de messages sont routés sur des millions d’adresses dans la seconde, sans arrêts du matériel pendant des mois. Ces commutateurs qui possèdent la qualification « Carrier class », disposent d’une étiquette qui vaut son pesant d’or.
Une période faste puis une lente descente aux enfers.
Chez l’éditeur Wind River, l’argument temps réels de son OS VX Works était dans les années 90, la garantie de revenus énormes, mais au milieu des années 2000, au-delà de la bulle Internet, nombreux sont les fabricants d’équipements de communication qui se sont mis à utiliser des systèmes temps réels moins couteux, ouverts aux développements Open Source, le tout dans un marché en pleine récession lié à une panne des investissements. Du coup, la firme lancée en 1981 sur son seul savoir-faire sur le temps réel « propriétaire » s’est mise sur les rangs pour proposer Linux RT, un linux aux temps de réponses garantis. La firme, à partir de 2007, passe de nombreux accords avec Intel en particulier dans le domaine de l’automobile où le savoir-faire de Wind River sur tous les processeurs est connu et représente la référence pour les développeurs de ce secteur.
Intel finira par rachèter Wind river pour plus de 830 millions de dollars en 2009
La firme ne s’est pas pour autant concentrée exclusivement sur les processeurs Intel et a même plutôt développé de nouvelles compétences sur les processeurs multicoeur économiques d’Arm. Wind River aurait déjà plus d’un milliard d’équipements dotés de ses 0S temps réel. Dans le domaine des télécoms, la montée en flèche des offres qui permettent de réduire la complexité des réseaux en profitant de serveurs économiques à incité la firme à proposer de nouveaux outils.
Retour vers les télécoms
Avec la virtualisation croissante des applications sur les serveurs et la virtualisation des réseaux, la filiale d’Intel a donc, depuis peu, poussé son offre de gestion NFV qui permettra aux fabricants de switchs de proposer des appareils aux temps de réponse « garantis ».
Appelé Wind River Open Virtualization Profile, ce logiciel a été conçu pour fournir des technologies de virtualisation autour d’un noyau open source et temps réel pour les infrastructures de télécommunication de nouvelle génération et pour le cloud. En favorisant la virtualisation des fonctions réseaux (Network Function Virtualization), la firme devrait accélérer le développement de commutateurs évolués. La plate-forme basée sur un Unix temps réel reprend la technologie open source de virtualisation KVM. Les clients exploiteront une version de KVM déterministe et temps réel.
Open Virtualization Profile vise aussi l’industrie
Si Open Virtualization Profile répond aux exigences des réseaux de communication, il va aussi d’adresser à de nombreux autres secteurs. Les principales fonctionnalités tiennent à ses performance temps réel, avec un temps de latence très faible (moins de trois microsondes). Autre argument apprécié par les intégrateurs réseaux: le provisionnement flexible des machines virtuelles et la possibilité de leur migration en direct entre serveurs. L’isolation du CPU et le support des outils Open source, compatibles avec des systèmes tels que Yocto Project™, oVirt etc., devraient donner une nouvelle vie à l’éditeur, essentiellement connu pour le temps réel. L’ensemble des logiciel est intégré aux programmes Intel Data Plane Development Kit (Intel DPDK) ( schéma au dessus) et prend en charge l’Intel DPDK Accelerated Open vSwitch. Cet ensemble d’outils montre la volonté d’Intel de mener l’intégration des serveurs et des réseaux dans son vaste projet Network Builder où une trentaine de fabricants sont déjà impliqués. C’est en fait la première fois que les deux firmes travaillent autant ensemble. La montée en puissance du premier fondeur mondial de processeurs dans l’Ethernet des objets et dans les télécoms s’appuiera sur un spécialiste de l’embarqué et du temps réel.