Après Mozilla qui a abandonné son OS Firefox, c’est au tour d’Opéra software, souvent considéré comme le dernier grand éditeur européen pour les mobiles de changer de monde. Le dernier navigateur indépendant des Américains va passer sous la coupe des investisseurs chinois. Connue pour son navigateur mobile et ses applications annexes, en particulier dans la publicité, le norvégien Opera Software, coté à la bourse d’Oslo doit être acquis par un consortium d’investisseurs pour 1,23 milliard de dollars. C’est une valeur qui se situait à 40 % au-dessus du cours habituel de l’action de la firme. Download-Newly-Released-Opera-Mini-6-Opera-Mobile-11-For-SymbianMais l’annonce a fait monter l’action de 37 % hier à 7,84 dollars. Depuis août dernier, l’éditeur avait manifesté son envie de trouver de nouveaux partenaires pour se relancer, et avait émis un avertissement de baisse de profits. Le chiffre d’affaires de 2015 s’est élevé à 615 millions de dollars, bien en-deçà des revenus des années précédentes et des prévisions de fin 2014 qui prédisaient un CA de 630 à 650 millions de dollars. Selon le communiqué, la société, désormais sous la coupe chinoise, prévoit cependant en 2016 des revenus dans une fourchette de 690 à 740 millions de dollars et de 100-125 millions de dollars de bénéfices. Des chiffres qu’il faut comparer avec les 108 millions de dollars en 2015. Cette petite progression montre que tout n’allait pas si mal chez Opera. Faut-il voir dans cette vente une anticipation d’une réaction du marché à la « Net Neutralité ».

La progression des logiciels de navigation conditionnée par la prise en compte de la net neutralité 

En effet,jusque-là le navigateur Opera mettait en avant la publicité  » à la carte » auprés des opérateurs. Les  avantages publicitaires du système d’Opera permettaient à un opérateur de paramétrer le navigateur pour qu’automatiquement le logiciel en cas de demande, vous dirige vers un site particulier en fonction des accords financiers passés. Mais ce type de navigation forcée est désormais de plus en plus décriée et fait l’objet dans le monde entier d’une défiance totale et Opera perdait du coup l’un de ses meilleurs arguments.

 

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Les chinois à la rescousse

C’est le consortium « Golden Brick » qui va financer ce nouveau rachat. L’acteur le plus connu en Europe de cette opération est le très riche distributeur Kunlun, un spécialiste des jeux numériques mobiles qui revend entre autres Angry Birds en Chine. Le distributeur avait récemment acquis une participation majoritaire dans l’application Grindr créée par l’éditeur du même nom — un spécialiste de logiciels de sécurité et une partie de l’App Store numérique Qihoo. L’opération, d’après le communiqué d’Opera, s’appuie sur deux sociétés de financement, Golden brick Silk Road Fund Management et Yonglian Investissement.

Le dernier navigateur européen passe sous pavillon chinois

Selon la société norvégienne l’accord ouvrira également la possibilité pour Kunlun et Qihoo d’effectuer des ventes croisées de leurs produits et services à la base d’utilisateurs Opera et de bénéficier de la meilleure plateforme de publicité mobile d’Opera. « Il existe une forte logique stratégique et industrielle à l’acquisition d’Opera par le Consortium… [qui] avec son étendue de l’expertise et de la position de marché forte dans les marchés émergents, sera un point fort d’Opera », a souligné Lars Boilesen, le PDG d’Opera, dans la déclaration officielle de l’entreprise.