L’information a été révélée ce week-end par le JDD, elle vient d’être confirmée par un communiqué de SFR-Numericable : la maison-mère du groupe, Altice a fait une offre pour le rachat de Bouygues Telecom.

 » Le groupe Numericable-SFR a pour ambition de créer, à partir du premier réseau en fibre optique et d’un réseau mobile de premier plan, le leader national de la convergence du Très Haut Débit fixe-mobile. Propriétaire de ses infrastructures, le groupe combine deux réseaux puissants et, grâce à ses investissements, Numericable-SFR a pour objectif d’étendre rapidement la couverture Fibre et 4G au plus près des territoires et d’offrir une qualité de service optimale « , affirme le document. Celui-ci ne donne pas de précisions quant au montant de l’offre, mais l’hebdomadaire évoque de son côté plus de 10 milliards d’euros. Le JDD précise également que Martin Bouygues exige quant à lui 11 milliards d’euros et qu’un conseil d’administration de Bouygues se tiendra ce mardi pour décider du sort de sa filiale télécoms.

Ce qui intéresse tout particulièrement semble-t-il Patrick Drahi c’est la reprise des 11 millions de clients de Bouygues qui lui permettraient d’amortir les coûts du réseau de Numericable-SFR. Le groupe est d’ailleurs entré en négociation avec Illiad pour lui céder une partie du réseau et des fréquences de Bouygues, voire certaines boutiques de ce dernier. Un communiqué de la maison-mère de Free évoque quant à lui des  » négociations exclusives avec Numericable-SFR pour l’achat d’un portefeuille d’actifs « . Ce rapprochement entre les deux ennemis jurés que sont Xavier Niel et Patrick Drahi est également dicté par la volonté de ne pas indisposer les Autorités de la concurrence.

La 4G pierre d’achoppement ?

Les négociations avec le patron d’Iliad pourraient se révéler toutefois plus compliquées qu’avec Martin Bouygues. Pour ce dernier, ce n’est qu’une affaire de gros sous, pour le premier il s’agit en revanche d’améliorer le réseau de Free. Patrick Drahi et Xavier Niel doivent donc s’entendre sur la 4G de Bouygues qu’ils convoitent tous deux.

Selon certaines sources, Patrick Drahi souhaiterait céder une partie des équipes de Bouygues à Orange, qui devra bientôt faire face à des départs en retraite massifs. Cela permettrait également de rassurer les syndicats de SFR-Numericable et de Bouygues Telecom inquiets des nombreux doublons qui existent au sein des équipes des deux opérateurs.

Du côté du gouvernement, on partage ces craintes, d’autant que Patrick Drahi et ses dettes de 50 milliards d’euros, sent le soufre.  » Nous avons affaire à un dirigeant […] propriétaire du câble dans de nombreux pays européens, mais qui a une holding au Luxembourg. Il est propriétaire de ses actions à Guernesey, la société est cotée à Amsterdam et il est résident suisse « , avait fulminé Arnaud Montebourg lors du rachat de SFR. Aujourd’hui, l’homme d’affaires a conservé la même organisation.

Le ralentissement des investissements dans les télécoms inquiète

Le gouvernement s’inquiète par ailleurs du ralentissement des investissements dans les télécoms depuis cette opération, alors qu’ils souhaite que ces investissements repartent, particulièrement dans le très haut débit via la fibre et la couverture des zones blanches. La baisse de financement ne ferait que s’aggraver avec la disparition d’un quatrième opérateur.

Celle-ci serait par ailleurs mauvaise pour le consommateur qui pourrait voir sa facture augmenter comme cela s’est produit dans d’autres pays où la consolidation a été menée à son terme.

Emmanuel Macron ne cache d’ailleurs pas son opposition au projet.  » L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe « , a déjà fait savoir le ministre de l’Economie. Ce dernier devait rencontrer Patrick Drahi mardi.

 

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