Difficile pour une entreprise de ne pas avoir déjà entendu parler de Big Data. Une explosion du volume de données disponibles, récoltables, analysables sur ses clients, prospects, fournisseurs, pour peu que l’on dispose des bons outils, afin d’obtenir des avantages concurrentiels jusqu’ici ignorés. Si l’on a longtemps attribué à la démocratisation des réseaux sociaux comme phénomène majeur pour expliquer ces données toujours plus nombreuses à la disposition des entreprises, la vague du big data va croître de façon exponentielle au fur et à mesure que les objets connectés deviennent partie intégrante de notre quotidien personnel et professionnel.

Au sein de l’entreprise, tous les métiers sont progressivement impactés par cette révolution. Bien entendu, on pense d’abord à l’utilisation de ces données à des fins marketing, d’optimisation de la production ou d’amélioration de la qualité du service client. Les ressources humaines se transforment également grâce aux nouvelles sources de données disponibles. Même les directeurs achats sont aujourd’hui en pleine réflexion pour mettre en place une stratégie afin de gérer au mieux ce nouveau paradigme.

Les achats, secteur traditionnellement en retard dans le domaine de l’exploitation des données, voit lui aussi le big data changer la façon dont on gère la relation fournisseur et le sourcing. Si les exemples concrets d’implémentation ne sont pas encore légion, toutes les entreprises dotées d’un service achat cherchent aujourd’hui à savoir quels sont les nouveaux champs d’application possibles de l’utilisation des big data. Voici quelques pistes prometteuses.

Analyser les données pour optimiser la gestion du risque fournisseur

Le premier champ d’application est celui de l’anticipation de la gestion du risque fournisseur. Trop d’entreprises possèdent une connaissance limitée de la santé financière ou des risques géopolitiques qui pèsent sur un fournisseur basé dans une autre région du monde. En installant des dispositifs capables de capter, classifier et analyser tout ce qui se dit au travers d’une multitude de sources, un service achats serait capable d’anticiper des défaillances potentielles, bien avant que le fournisseur en question ne se retrouve plus en mesure de pouvoir répondre à ses obligations. L’intégration des big data dans une stratégie achats globale permet d’avoir une vision plus complète de son panel fournisseurs, en disposant d’un panel de facteurs de risques potentiels qui vont bien plus loin qu’un simple analyse financière.

Par exemple, en fonction de l’évolution des cours des matières premières ou des variations du taux de change dans la monnaie locale d’un fournisseur potentiellement à risque, il est possible d’adapter rapidement sa stratégie d’approvisionnement sur les prochains mois vis-à-vis de celui-ci.

Remettre les achats au cœur du processus d’innovation

Avec la démocratisation massive des objets connectés depuis le dernier CES, les données disponibles sur le consommateur final sont disponibles en abondance. Du côté du service achats, ces données, généralement utilisées pour répondre à des besoins marketings, sont également utiles pour établir des profils de produits à développer plus en rapport avec les attentes des clients finaux et donc de pouvoir orienter les discussions avec les fournisseurs dans le bon sens. L’utilisation de ces données met en lumière des caractéristiques de produits à mettre de côté ou à développer, et le service achats peut alors renégocier si besoin avec les fournisseurs ou faire appel à des spécialistes d’autres technologies si ces fournisseurs actuels ne maîtrisent pas celles dont il a besoin. Quand Nike développe des chaussures de running, la société engrange des centaines d’informations sur chaque utilisateur : quel type de foulée, temps de course moyen… Ces données précieuses le sont tout autant pour le service marketing que pour les achats, qui vont pouvoir se diriger vers les fournisseurs les plus à même de s’aligner sur les attentes du client final. Cet aspect souligne aussi le besoin d’un rapprochement fort entre ceux qui définissent les caractéristiques produit et le service achats, qui doit être intégré le plus en amont possible du processus d’innovation pour s’assurer de retirer un maximum de bénéfices de l’utilisation de ces données.

Le big data pour des achats plus performants, plus prédictifs, plus agiles

Sur les 12 derniers mois, tous les services achats se sont lancés dans cette réflexion autour du big data. Pourquoi faire ? Et surtout comment faire ? Comment l’exploiter ? Autant de questions où nous avons apporté des éléments de réponse ici, même si nous n’en sommes qu’aux balbutiements de ce que peut apporter cette révolution technologique au métier des achats.

Grâce au big data, les achats deviennent plus performants, plus agiles, plus prédictifs mais aussi un facilitateur d’innovations hors pair. Surtout, ce nouvel élément doit permettre aux achats de passer d’un statut encore trop répandu de « cost-killer » à celui d’un véritable business partner en interne avec une influence renforcée sur la performance globale de l’entreprise : au final, tout le monde y gagne !

 

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Franck Le Tendre est Directeur Général de SynerTrade