La RPA classique n’existe plus. Elle a de toutes façons eu du mal à tenir ses promesses. L’IA générative agentique est en passe de totalement réinventer les mécanismes et opportunités d’automatisation des processus en entreprise. Pour évoquer cette révolution, Alexandra Syrovatski, Vice President et Directrice Générale de UiPath France est notre invité de la semaine.

Alexandra Syrovatski, Vice President et Directrice Générale de UiPath France est arrivée à la tête de la filiale en 2023 après un parcours dense chez Sun, SAP, Google Cloud et Kyriba. Elle pilote aujourd’hui la stratégie d’un acteur devenu incontournable de l’automatisation des processus et, désormais, de l’« automatisation agentique ». Car son arrivée chez UIPath correspond aussi à l’avènement de ChatGPT et de l’entrée de l’informatique dans l’ère de l’IA générative. Un vrai bouleversement pour tous mais notamment pour les acteurs de la RPA et de l’automatisation des processus qui ont vu déferler la vague des agents IA qui remodèlent totalement leur business et leurs solutions.

Le moment est donc particulier pour UiPath. L’éditeur vient d’être à nouveau positionné en tête du Magic Quadrant de Gartner dédié au RPA, pour la sixième année consécutive, en étant classé leader sur les deux axes « capacité d’exécution » et « exhaustivité de la vision ». Dans le même temps, la plateforme se réinvente et accélère sur l’IA avec, entre autres, des partenariats structurants autour des modèles de dernière génération et l’orchestration d’agents d’IA via UiPath Maestro, signe d’un basculement assumé vers une automatisation pilotée par des agents intelligents.
Pour les DSI, ce virage intervient dans un contexte où se cumulent contraintes budgétaires, injonction à « faire plus avec moins » et pression forte des métiers pour tirer parti de l’IA générative. Au-delà des POC vitrines, l’enjeu est désormais de passer à des déploiements à grande échelle, mesurables en ROI, en heures gagnées, en réduction des erreurs et en qualité de service. Des préoccupations qui sont au cœur des thèmes évoqués dans cet entretien

Un entretien qui démarre d’ailleurs sur un fait d’actualité avec le départ de Yann LeCun qui quitte Meta. Notre invitée y voit moins un épisode people qu’un vrai signal de rupture technologique qui nous éloigne des gourmands LLM pour explorer le développement de « World Models » permettant aux IA d’apprendre plus efficacement en simulant des environnements réels.

Revenant au coeur du sujet, Alexandra Syrovatski rappelle d’abord que UiPath est né du RPA, mais que le sujet, désormais, c’est la complémentarité entre robots, agents et humains. « Un robot, tel que le RPA le définit, c’est basé sur des règles déterministes », alors que « l’agent IA a plus une mission, un rôle, et va pouvoir apprendre sur un contexte évolutif ». D’où son credo : « il n’y aura pas de révolution agentique sans capacité d’orchestration agentique ».

Au cœur de cette vision, Maestro, la nouvelle brique d’UiPath qui « orchestre la partie robot-agent et collaborateur parce que le « human in the loop » reste essentiel » et permet de borner très précisément le terrain de jeu des agents.

Alexandra Syrovatski détaille ensuite le chemin pour passer des POC vitrines à l’industrialisation : phases de discovery, process et task mining, cas d’usage dans l’assurance, la distribution ou les télécoms, et surtout mesure fine de la valeur créée. « On mesure en effet tout ce qu’on propose », insiste-t-elle, qu’il s’agisse « de productivité, d’heures gagnées ou de time to market ».

Elle revient aussi sur la question de souveraineté – « le cœur d’UIPath bat en Europe et une grande partie de la R&D est encore ici » – et sur la nécessité de proposer simultanément SaaS, cloud privé et on-prem. Sans céder aux effets de mode : « Il faut arrêter de penser robot contre agent : il y aura de tout demain. »