A l’occasion de la relance de son offre d’imprimantes jet d’encre, Epson a donné un grand de coup de pied dans la fourmilière des cartouches.
Les imprimantes jet d’encre souffrent encore d’un gros handicap, une réputation de coûts d’exploitation effroyables. Si les machines grand public ont atteint des prix d’achat dérisoires, souvent à moins de 100 euros, leur prix de revient des cartouches reste excessif; en trois changements de cartouches, on a atteint le prix d’achat du matériel seul. Ces dépenses ont marqué les esprits et dans les entreprises, les détenteurs d’imprimantes personnelles jet d’entre sont souvent vus comme des dangereux irresponsables pour le budget informatique. HP et Epson passent désormais leur temps à tenter d’effacer ces mauvais souvenirs, ces traces d’encres que l’on peut qualifiées d’indélébiles. On avait l’habitude de dire que le prix du centilitre d’encre d’imprimante jet d’encre était plus élevé que celui du meilleur Bordeaux, un château Petrus millésimé.
C’était tellement exagéré qu’un marché noir des cartouches de plusieurs milliards d’euros, souvent comparé à celui des fausses pilules d’extasy, s’est développé en Chine et tous les fabricants en ont étés réduits à fixer des puces RFID sur toutes leurs cartouches pour les rendre incontournables. Un autre marché, celui du reconditionnement, moins mafieux, s’est développé, ce qui permet de trouver des cartouches à des tarifs plus raisonnables. On connait aussi les kits de remplissage mais tout le monde n’a pas le temps de jouer au petit chimiste pendant une heure pour économiser 10 euros. Mais ça c’était « avant », à l’époque où les buses des cartouches » pirates » se bouchaient toutes les semaines, avant le grand retour des imprimantes jet d’encre dans l’entreprise. Désormais, on devrait trouver des cartouches capables d’éviter le sempiternel changement après 3000 impressions.
Le jet d’encre vise désormais l’entreprise.
HP et Epson qui ont relancé leurs offres jet d’encre tentent de sortir depuis trois ans de cette mauvaise image de gaspillage en visant le marché des imprimantes professionnelles car les fabricants ont beaucoup à gagner en se séparant du laser, gros consommateur d’énergie et de royalties sur des brevets coûteux principalement détenus par Canon, depuis le lancement de la LBP8 en 1986. Canon a certainement gagnée autant d’argent avec ses brevets qu’avec ses fabrications, ce qui explique dans le secteur des imprimantes, l’emphase donnée aux dépôts de brevets.
Il est amusant d’entendre de la part des deux fabricants : « Vous avez encore des idées anciennes sur les jet d’encre » et de voir des brochures promotionnelles avec « Professional laser Killer » écrit dessus, quelque mois après la présentation d’imprimantes laser « encore plus rapides ». Mais la mauvaise réputation du jet d’encre ne s’est pas faite en un jour et la valse des tarifs actuels sur les imprimantes, surtout sur Internet, qui empêche de faire de simples comparaisons, témoigne d’un marché encore très instable. Le renouvellement de gamme devait être l’occasion de très bonnes affaires, les anciens modèles d’à peine deux ans d’âge devant à priori être bradés. Chez HP, on est persuadé que les chiffres d’Infotrend de 2013 seront tenus : d’ici à 2016, le nombre total d’imprimantes jet d’encre professionnelles devrait augmenter considérablement et représenter 56 % du parc d’impression.
Epson joue la carte de l’infogérance
La firme japonaise a désormais relancé son offre d’imprimante workforce pro avec 5 nouvelles gammes d’imprimantes avec deux arguments forts : de nouvelles têtes piézo-électriques de très haute définition appelées Precision Core et pour ses modèles haut de gamme de nouvelles recharges géantes capables de répondre aux besoins de deux années d’impression. Les nouvelle têtes qui ressemblent à des lames de rasoir contiennent des centaines de buses capables d’expulser jusqu’à 5000 micro gouttes d’encre par seconde et d’imprimer dans une résolution de 600 PPP (photo d’une barrette d’une page comportant plusieurs têtes). Le président Europe d’Epson, Hiromi Taba, précisait que la firme avait investi plus de 125 millions d’euros dans leur conception sur un budget annuel de 1,5 milliard de dollars en R&D, la firme déposant plus de 5000 brevets par an, vers dans un portefeuille de 50 000. Les buses des nouvelles têtes d’impression, de taille microscopique, nécessiteront des encres ultra fluides qui devraient condamner le marché noir des encres encore grasses.
Une vingtaine de nouveaux modèles
Aux nouveautés de format A4, les Workforce 3000 déjà présentées au salon IT Partners, il y a un mois, Epson y ajoute les Workforce 4600 (conçues pour une charge de 25000 pages par mois) et 5600 (35000 pages par mois). Ces machines existent en version Multifonctions (scanner avec différents langage de description de pages ( PostScript, PCL, etc.) ce qui donne une bonne douzaine de variantes pour l’entreprise, sachant qu’il existe aussi d’autres modèles, les 2000 conçues pour les TPE ou les particuliers. Pour le haut de gamme Epson propose des modèles A3 : les 7000 et 8000.
Du coté des cartouches, on devrait parler de 75 000 pages pour les cartouches noires ni plus ni moins, un chiffre qui fait rêver mais qui démontre que la multiplication des petites cartouches n’était pas une bonne idée. Cette offre ne concerne que deux multifonctions A4 et A3 les Workforce pro R5690D TW et une A4 mono fonction. En couleur la limite serait de 50 000 pages. Cette offre est l’occasion pour Epson de relancer des offres d’infogérances appellées MPS (lire) auprès de ses distributeurs. Ce sont eux qui offriront ces machines dans un combinaison de location longue durée avec une facturation au mois ou un achat pur et simple avec un contrat sur les « réservoirs » ( ci dessous le réservoir couleur d’une 8000).
Une cartouche géante pour se tirer dans le pied ?
Pour les anciens modèles plus classiques rappelons que la capacité des cartouches était selon les trois variantes de 900, 2600 ou 4000 pages pour les cartouches L, XL et XXL (photo ci-dessous) dont les prix varient suivant les sites de 10 à 15 euros pour les plus compacts.
Les fameuses nouvelles cartouches de 75 000 pages devraient donc s’échanger théoriquement, si l’on fait un ratio entre 10 et 20 euros les 5 000 pages entre 150 et 300 euros. Les revendeurs auront le loisir de proposer les différents modèles en locations mensuelles ou au prix « à la page » . En réduisant les opérations de maintenance Epson prétend « réduire les coûts cachés », on attend désormais qu’elle affiche précisément tous ses tarifs ce qui permettra enfin de comparer les différentes offres et montrer que le trafic d’encre à tarif prohibitif n’est désormais qu’un très mauvais souvenir.