Alors que le marché des smartphones poursuit son explosion, RIM serait à la recherche d’un repreneur tandis qu’Apple devrait se protéger de l’investisseur indélicat Carl Icahn.

Les smartphones vont à terme remplacer les mobiles, cela ne fait aucun doute. Et ils deviendront à terme le principal terminal pour accéder soit à Internet ou aux applications d’entreprise, loin devant les PC. Pour la première fois depuis que Gartner fournit des statistiques, les ventes de smartphones ont dépassé celles de ce que l’on appelle les feature phones, autrement dit les téléphones portables dont la fonction principale est le transport de la voix. Au deuxième trimestre 2013, ils ont représenté près de 52 % des ventes globales de mobiles.

Sur ce marché extrêmement dynamique, Samsung est désormais l’incontestable leader avec près de 32 % de part de marché et 71 millions d’appareils vendus au  deuxième trimestre en progression de 57 % par rapport au même trimestre de l’année. Aujourd’hui, Samsung est  devenu au smartphone ce que Nokia était hier au téléphone portable.  Bien sûr, les marchés dynamiques entraînent des changements de positions importants.

Ventes de smartphones au deuxième trimestre 2013
(en millions d’unités)

Constructeurs

2T13

En %

2T12

En %

Samsung

71,380

31,7

45,603

29,7

Apple

31,899

14,2

28,935

18,8

LG Electronics

11,473

5,1

5,827

3,8

Lenovo

10,671

4,7

4,370

2,8

ZTE

9,687

4,3

6,331

4,1

Autres

90,213

40,0

62,704

40,8

Total

225,326

100,0

153,773

100,0

Source: Gartner (August 2013)

Si Samsung est devenu le leader en assez peu de temps bousculant tout sur son passage, Apple, lui, doit se réinventé et trouver une solution pour enrayer un déclin annoncé. L’inventeur de ce marché avec l’iPhone voit ses parts de marché diminuer de 4,5 % en un an. Et il doit compter principalement  sur ses propres forces dans la mesure où il a adopté une stratégie de verrouillage et de contrôle de l’ensemble de la chaîne de valeur. Cette stratégie a un effet multiplicateur en positif comme en négatif. Et ce n’est pas la rumeur de l’annonce d’une nouvelle version de l’iPhone le 10 septembre selon le blog spécialisé dans les nouvelles technologies AllThingsD – c’est un peu un secret de polichinelle dans la mesure où Apple dévoile tous les ans en septembre un nouveau modèle, l’iPhone5 avait fait son apparition en 2012 – qui devrait radicalement changer la situation.

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Et pour ne rien arranger, Apple fait l’objet d’une attaque de l’investisseur Carl Icahn – dont la profession de foi sur son compte Twitter est limpide sur ses intentions : « Some people get rich studying artificial intelligence. Me, I make money studying natural stupidity » – qui indique avoir une position forte dans le portefeuille de la firme à la pomme et auquel il réclame plus de rachats d’action car il estime que la valeur du titre est sous-estimée. Du coup, cette petite opération a fait bondir le titre de près de 5 % frôlant les 490 dollars à la clôture de mardi mais encore loin du record historique de 702 dollars en septembre dernier juste après l’introduction de l’annonce de l’iPhone 5. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Apple subit de telles critiques. Il y a quelques mois, l’investisseur David Einhorn de Greenlight Capital avait formulé des critiques similaires poussant  Apple à faire des déclarations en direction des actionnaires. Mais Apple n’est pas Dell et son énorme capitalisation boursière proche de 450 milliards de dollars limite les marges de manœuvres et la capacité de nuisance de l’investisseur.

Un des grands perdants de cette explosion du marché des smartphones est le fabriquant canadien RIM qui était devenu la coqueluche des cadres d’entreprise avec son fameux BlackBerry. Alors qu’il avait été un des pionniers de l’Internet mobile, RIM ne figure même pas dans le Top des smartphones et l’on ne voit pas bien ce qui pourrait lui permettre de rebondir. L’introduction du BlackBerry 10 n’a eu en tous cas aucun effet sur cette funeste tendance. Du coup, les responsables de l’entreprise ont engagé une réflexion de vente totale ou partielle des bijoux de famille.

Cette réflexion n’est pas nouvelle, il y a un an RIM avait commissionné JP Morgan et la Banque Royale du Canada pour réfléchir aux différentes possibilités. Dans le cas d’une vente, le gouvernement Canadien ne manquerait pas d’intervenir en cas de cession à un groupe étranger. Pour l’heure, la situation du groupe n’est pas désespérée dans la mesure où il dispose d’une trésorerie de 3,1 millions de dollars canadiens, n’a pas de dettes et possède un épais portefeuille de brevets et une large activité de services autour de son système de messagerie.

Dans la famille des systèmes d’exploitation, Android domine de la tête et des épaules avec près de 80 % de parts de marché devant l’iOS d’Apple. Sur les 12 derniers mois, il s’est vendu trois fois plus de matériels Android que de terminaux iOS. L’arrivée en troisième position de Microsoft, à la faveur du  recul de BlackBerry, ne doit pas masquer l’échec de la firme de Redmond qui n’arrive toujours à se frayer un chemin sur le marché de la téléphonie mobile. Et ce, malgré des efforts répétés depuis plus de dix ans. Bill Gates a su placer un PC sur chaque bureau et dans chaque foyer mais il n’a pas trouvé la formule pour insérer un téléphone portable dans la poche de chaque habitant de la planète. Et d’autres en ont profité.  Ses 3,3 % de parts de marché en progression  par rapport aux 2,6 % du deuxième trimestre 2012 ne donnent pas beaucoup d’espoir sur les chances de Microsoft de s’établir à long terme sur ce marché.