Les jeunes diplômés n’avaient plus d’yeux que pour la finance. Ils s’en détournent de plus en plus pour se ré-intéresser aux technologies. Un mouvement constaté aux Etats-Unis qui pourraient bien traverser l’Atlantique.
Ce n’est pas encore le raz de marée, mais la tendance est clairement marquée. Les jeunes diplômés des meilleurs MBA (Master Business of Administration) des universités américaines sont moins attirés par les emplois dans la finance et s’intéressent de manière plus marquée aux emplois liés aux technologies dont l’IT représente une partie importante. Les jeunes diplômés de la Harvard Business School, l’une des plus prestigieuses formations aux Etats-Unis, a suivi cette tendance. Ceux qui se sont orientés vers des emplois dans la finance ont baissé de 35 % à 27 % en un an alors que pendant le même temps les emplois dans les technologies sont passés de 12 à 18 %.
A la Stanford Graduate of Business School dont l’orientation vers les technologies est traditionnellement beaucoup plus marquée et qui a fourni de nombreux fondateurs / dirigeants d’entreprises de la Silicon Valley, les jeunes diplômes qui ont choisi des emplois dans les technologies sont passés devant ceux de la finance (36 % contre 26 % alors que les chiffres étaient il y a deux ans respectivement de 32 % pour la finance et 13 % pour les technologies).
Evidemment, la crise, notamment la crise financière et ses cohortes de scandales (Effet Madoff) sont passées par là avec de multiples effets. D’abord directs avec une réduction des emplois et une modération des salaires et indirects, avec une image assez largement dégradée des acteurs de la finance. D’ailleurs, toutes les études le montrent, les marques du secteur de la high tech sont largement mieux positionnées que les secteurs de la finance. Aux Etats-Unis, Apple, Google, Facebook et Amazon font plus rêver que Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan ou Bank of America Merril Lynch (Avec parfois quelques surprises ou désillusions). Autre effet indirect, en l’espace de quelques années, les technologies sont devenues omniprésentes avec un effet d’attirance pour les jeunes générations.
France : l’IT en pointe mais en baisse
En France, il n’existe pas encore de statistiques précises montrant une tendance analogue. Un dossier publié par le site lesmétiers.net, « les secteurs traditionnellement grands recruteurs de jeunes diplômés formés aux métiers du management demeurent l’audit, le conseil (en raison de l’externalisation croissante des activités), et la finance. Ainsi près de 40 % des diplômés des écoles de commerce et de management exercent une activité professionnelle dans deux grands secteurs d’activité : l’audit et le conseil d’une part, la banque et les assurances d’autre part. Le site mentionne que le secteur banque / assurance a « considérablement baissé ses recrutements ses dernières années » sans pour autant donner d’indications sur les métiers liés aux technologies.
La note de conjoncture de l’Apec du 4e trimestre 2013 rappelle que dans une situation plutôt difficile, « les entreprises de l’informatique, du commerce-transports et du médico-social sont plus nombreuses qu’il y a un an à déclarer avoir embauché au moins un cadre au troisième trimestre 2013, respectivement +9 points, +9 points et +10 points. En revanche, l’industrie, la construction et la banque-assurance affichent une baisse de -4 points de la proportion d’entreprises ayant recruté au moins un cadre au troisième trimestre 2013 ».
La note de l’Apec confirme que le secteur de la banque-assurance connaît un sérieux fléchissement de ses intentions de recrutement. 61% des entreprises de ce secteur prévoient de recruter au moins un cadre au cours du quatrième trimestre 2013, soit 9 points de moins qu’à la même période l’an passé alors que le secteur des activités informatiques se maintient à haut niveau. En effet, 93% des entreprises interrogées ont recruté au moins un cadre au troisième trimestre 2013, en hausse de 9 points par rapport au troisième trimestre 2012. Les entreprises de ce secteur restent toutefois prudentes, avec une baisse de 4 points des prévisions du quatrième trimestre 2013 par rapport à la même période de l’année dernière.
Les offres en informatique, qui représentent également plus du quart de l’ensemble des offres, sont à nouveau en repli au troisième trimestre 2013 (-3 %). Seule l’informatique de gestion voit son volume d’offre continuer à croitre (+11 %), et dans une moindre mesure la direction informatique (+7 %). A l’opposé, la demande en informatique industrielle et en informatique web, sites et portails internet affiche un repli important, (respectivement -18 % et -14 %).