La deuxième édition de MWCA s’est déroulée la semaine dernière à Los Angeles sur le thème de la 5G, toujours en préparation. L’aspect international que l’on connait à MWC de Barcelone n’était cependant pas là.

Les organisateurs Anglais de MWC cherchent depuis plusieurs années à s’internationaliser en prenant pieds en Chine (à Shanghai) et aux Etats Unis ; l’année dernière à San Francisco et cette année à Los Angeles. Mais paradoxalement, la caractéristique remarquée de la manifestation qui s’est déroulée la semaine dernière dans le parc d’exposition Figueroa était justement la très faible présence de visiteurs internationaux et un niveau de visiteurs bien inférieur à MWC de Barcelone. Plusieurs responsables d’entreprises qui avaient fait le déplacement, comme Nicolas Jordan, cofondateur d’Actility n’ont pas manqué de le remarquer en précisant leur préférence pour la manifestation de Barcelone en février de chaque année. A noter cependant la présence d’un Stand de la Bretagne qui regroupait quelques sociétés intéressantes dans le secteur de l’IoT comme Kerlink, Acklio, Smartviser… et offrait une bolée de (vrai) cidre et des crèpes aux visiteurs. On sait que cette région est un creuset en matière de technologies de télécommunications.

L’essentiel de la manifestation était centré sur « l’arrivée » de la 5G, autour de quelques annonces et stands d’opérateurs et constructeurs qui voient le nombre de smartphone vendus dans le monde se tasser progressivement et espèrent que la 5G apportera une nouvelle vigueur à ce marché avec de nouveaux appareils et de nouveaux business modèles.

Un marché oligopolistique aux Etats Unis

La manifestation s’est ouverte sur la récente décision de la FCC de retarder de 6 mois le rapprochement entre T-Mobile, filiale de Deutsche Telekom et Sprint, respectivement 3ème et  4ème opérateurs américains ce qui renforcerait un marché déjà parfaitement oligopolistique. Il s’agit en fait de leur troisième tentative de rapprochement depuis 2014. Les deux compagnies ont indiqué disposer de réseaux parfaitement complémentaires ce qui faciliterait la mise en place de la 5G, permettant des économies d’échelle non négligeables. Elles ont aussi indiqué leur intention de proposer des tarifs plus bas que leurs concurrents AT&T et Verizon. La FCC, qui a récemment annulé la Neutralité du Net aux Etats-Unis, semble vouloir investiguer plus particulièrement sur les bénéfices économiques de ce rapprochement et son impact sur les modèles économiques résultants. Des groupes de consommateurs s’inquiètent notamment des pertes d’emplois, d’une hausse des tarifs due à une forte baisse de la concurrence (portée auparavant individuellement par T-Mobile et Sprint face à AT&T, Verizon et les câblo-opérateurs) et des conséquences sur les petits opérateurs qui couvrent les zones rurales et les zones peu peuplées en s’appuyant sur les réseaux de T-Mobile ou Sprint. D’autre part, le service de TV satellite Dish qui cherche à construire un réseau 5G, crie haut et fort que les conditions économiques favorables annoncées par les 2 CEO sont totalement fausses et conduiront forcément à une hausse des tarifs et une baisse de la qualité des services proposés.

Verizon annonce la 5G résidentielle pour le 1er Octobre

Pour Meredith Attwell Baker, Présidente et CEO du CTIA, les progrès de la 5G sont rapides “Il y a un an, nous étions à San Francisco et il n’y avait aucun déploiement 5G en vue aux Etats-Unis… D’ici la fin de l’année prochaine, plus de 50 villes américaines auront accès à la 5G. » Cependant, selon une récente étude, les Etats Unis ont du mal à remonter la pente vis-à-vis de la Chine et de la Corée du Sud. Elle attribuait cet écart au fait que les gouvernements de ces pays poussent énormément le déploiement en libérant des fréquences, notamment dans les bandes moyennes…

Verizon quant à lui annonçait que les résidents de Houston, Indianapolis, Los Angeles et Sacramento pourraient obtenir des services résidentiels haut débit grâce à l’offre Verizon 5G dès le 1er Octobre. Ce service utilisera un standard propriétaire (5GTF) qui sera mis à jour au dernier standard 5G NR du 3GPP lorsqu’il sera disponible. L’abonnement est de 70$ par mois pour un débit annoncé descendant de 1Gbit/s (en pointe) et de 300 Mb/s en montant…  A noter que l’utilisation est résidentielle, en fixed wireless, équivalent à de l’accès fibre a la maison. Pour ne pas être en reste, AT&T annonçait que 12 villes, Houston, Jacksonville, Louisville, New Orleans, San Antonio, Atlanta, Charlotte, Dallas, Indianapolis, Oklahoma City, Raleigh, and Waco pourraient accéder à la 5G en utilisant les fréquences millimétriques (20 à 32 GHz) d’ici la fin de l’année. Il travaille aussi sur des déploiements dans les fréquences moyenne (3,5 – 3,7 Ghz) avec Qualcomm et Samsung pour des appareils mobiles.

L’IOT dans tous les modèles économiques de la 5G

Les deux principaux vecteurs qui ont conduits à la 5G sont d’une part la demande croissante de bande passante sur les téléphones, largement portée par les réseaux sociaux avec une forte demande de flux video sur les mobiles, et d’autre part une demande de très faible latence pour l’Internet des objets qui doit connecter des milliards d’objets et permettre la récupération et l’utilisation en temps réel des données pour des usages industriels, dans les villes, dans les transports, à la maison. Il apparait très clairement déjà que les opérateurs téléphoniques cherchent à mettre (ont déjà mis) la main sur l’IoT, ne serait-ce qu’en imposant leur infrastructure de réseau et naturellement leurs standards.  Sur MWCA, la 5G avait donc une très forte odeur d’IoT, surtout à travers LoraWan qui semble prendre le pas.

Il était impossible de rater l’énorme stand jaune de SoftBank qui avait réuni quelques uns de ses sociétés et partenaires. Ainsi, Sprint, possédé à 80% par Softbank aujourd’hui, présentait sa plateforme « Curiosity » comme un nouveau standard pour gérer les objets connectés de façon sécurisée à travers de multiples profiles sur cartes SIM. Cette plateforme repose sur un cœur de réseau distribué et virtualisé construit par Ericsson, basé sur un operating system permettant de rapprocher du cœur de réseau les données IoT des entreprises et sur une infrastructure de Cloud déployée et managée par Packet (une société de SoftBank). Les objets connectés, dotés d’une carte SIM, sont construits sous l’architecture PSA (Platform Security Architecture) sur un SOC basé sur le processeur ARM Cortex dédié IoT. ARM (une société aussi possédée par SoftBank) se positionne d’ores et déjà comme le leader des chip IoT, prévoyant d’en vendre 200 milliards d’ici 2021. Ils utilisent LoraWan dont la carte de base, LoraOne est basée sur un processeur ARM Cortex, pour communiquer avec des gateways et envoyer des données sécurisées en temps réel vers le Cloud. Plusieurs applications autour de Curiosity sont déjà en cours de réalisations avec un ensemble de grandes sociétés, dont Airbus. On comprendra pourquoi le rapprochement Sprint/T-Mobile (contrôlé par Deutsche Telekom) pose encore quelques questions au gouvernement Américain.