3 Laurent GerayL’Internet des objets (IdO) annonce l’avènement d’un nouveau mode de fonctionnement des systèmes d’information. Tout comme le Bring Your Own Device ou le Crowdsourcing, l’« IdO » a peu à peu fait sa place dans le monde de la grande consommation, phénomène témoin de la tendance vers l’interconnexion pour combiner les usages. Qu’est-ce que cette évolution signifie pour les entreprises ? Doit-on s’attendre à l’apparition de nouvelles mœurs qui bouleverseront les relations avec le client 2.0 ?

Le terme « Internet des Objets » a fait surface dans les années 90, alors que les entreprises commençaient à investir la bulle Internet. 20 ans plus tard, le smartphone ou la tablette sont devenus les outils auxquels s’adaptent les entreprises : les objets communiquent entre eux, avec les ordinateurs et les individus. Cartes SIM, GPS, puces RFID, Smartphones ou tablettes, ce sont des milliards d’objets qui seront connectés dans le monde en 2020 [1].

Les réseaux mobiles : de nouvelles perspectives

Au-delà de milliards d’informations envoyées, les humains échangent ces dernières via des appareils leur permettant d’accéder à des services. Un « objet » est donc ici en réalité « tout objet pouvant contenir un dispositif informatique embarqué et connecté». On comprend alors que soit concerné l’ensemble des réseaux de données mobiles ou encore le Big Data.

Le marketing, secteur de prédilection du Big Data, investit l’Internet des Objets comme un véritable outil de gestion de la relation client. L’analyse de données géographiques en temps réel ouvre d’innombrables perspectives et permettra aux objets de se connecter les uns aux autres pour s’adapter à la vie des gens. Le déluge de données exploitables commence à être optimisé via le Big Data, mais la route reste longue pour pouvoir garantir une fiabilité à 100% du traitement des données.

En 2011, on estimait à 315 milliards d’euros la valeur totale des données personnelles des consommateurs européens [2]. C’est lorsque ces données seront complètement exploitées et traitées via le Big Data que l’on pourra réellement parler d’Internet des Objets.  

On peut donc estimer que, sans « l’Internet des Gens » ou l’interconnexion avec les données personnelles qui reflètent la vie des individus, l’Internet des Objets n’a pas encore révélé tout son potentiel.

On pourra alors par exemple gérer sa vie professionnelle tout en créant des régimes alimentaires adaptés à nos goûts culinaires ou selon ce que contiennent nos placards, ou encore, adaptés à notre activité physique. La santé et le bien-être sont des secteurs où les objets connectés ont un développement très rapide. En effet, des objets connectés permettent dès aujourd’hui d’apporter des solutions à des personnes malades ou dépendantes, leurs batteries de capteurs permettant de récupérer des informations telles que la température du corps, la tension, ou encore de détecter des déficiences cardiaques.

Se posera alors la question des problèmes de confidentialité des données personnelles. Les autorités, la CNIL en France et les professionnels doivent dès à présent anticiper ces enjeux avant que cela ne devienne un frein dans le développement de la relation avec le client ou avec ses collaborateurs.  On pourrait à ce titre mentionner la dernière campagne de Barack Obama, durant laquelle les militants ont été sollicités via le data mining (l’exploration des données) pour les mobiliser sur le terrain.

Obama disposait en effet des meilleurs spécialistes des campagnes digitales au monde. Cette démarche, qui consiste à analyser les informations récoltées auprès des militants pour « micro-cibler » la communication le plus possible, a soulevé bien des questions quant à l’utilisation de données personnelles. Peut-on envisager que, dans les années à venir, les autorités et les professionnels rédigent d’un commun accord une charte, qui éviterait les écueils rencontrés ces dernières années dans les entreprises ? On pensera notamment aux politiques d’implantation d’appareils mobiles personnels sur le lieu de travail (BYOD), dont Ovum révèle via une étude récente que bien souvent cela se fait à l’insu de la DSI.

Entre opportunité et méfiance, il reste donc à l’Internet des Objets d’instaurer une relation saine avec les individus pour que se développe l’Internet des Gens.

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[1]
Selon une étude menée par Ericsson
[2] Selon une étude duBoston Consulting Group