Le numérique bouscule tout parfois au détriment des règles de la concurrence. L’hôtellerie a été malmené ces derniers temps par de nouveaux acteurs (La transformation numérique du secteur hôtelier). Laurent Fabius et Emmanuel Macron, ont annoncé avoir saisi pour avis l’Autorité de la concurrence au sujet de la nature des relations contractuelles entre hôteliers et centrales de réservation en ligne.

Les deux syndicats du secteur, l’UMIH et le GNC, se félicitent que le Gouvernement demande à l’Autorité de la concurrence d’expertiser leur demande visant à imposer aux centrales de recourir exclusivement à un contrat de mandat.

Ils rappellent qu’en France, le droit actuellement applicable est insuffisant pour permettre aux hôteliers de conserver la maîtrise de leur politique commerciale et tarifaire afin de répondre et de s’adapter au mieux des besoins et demandes des clients. Les centrales de réservation en ligne ont ainsi pu s’engouffrer dans cette brèche juridique en imposant aux hôteliers des conditions de distribution abusives. Elles ont ainsi progressivement pris le contrôle des conditions commerciales (annulation, remboursement, etc.) et tarifaires (prix) de la commercialisation des chambres d’hôtels sur internet (notamment grâce aux clauses dites de parités) sans pourtant à aucun moment supporter les risques liés à cette commercialisation (annulations, no shows, investissements, etc.) et aux stocks. Ces risques restent à la charge complète des hôteliers qui se trouvent dès lors privés des moyens d’y faire face.

Dans ce contexte, la reconnaissance d’un contrat de mandat entre hôteliers et centrales de réservation permettrait d’assainir la situation et de clarifier les rôles et les responsabilités de chacun. Cet outil juridique est au demeurant utilisé depuis longtemps dans le transport aérien par les compagnies aériennes et leurs distributeurs (agences de voyages par exemple). Il était même utilisé jusqu’à ces dernières années, dans le domaine de l’hôtellerie conformément au rôle traditionnel d’« agent » reconnu aux centrales de réservation en ligne (à l’exemple d’Active Hôtel, rachetée par Booking en 2008).