La versatilité actuelle du marché du stockage, qui voit des technologies apparaître et disparaître, peut être un véritable piège pour les entreprises. L’annonce de Micron Technology qui se retire du marché de la mémoire 3D XPoint, qu’il a pourtant cocréé avec Intel, a pu laisser des entreprises qui avaient misé sur ces technologies de stockage perplexes.

La question de l’interdépendance des plateformes logicielles de stockage avec le matériel sur laquelle elle repose peut ainsi devenir problématique pour la transformation et l’évolution des entreprises qui risquent de se retrouver prisonnières d’un matériel ou d’un fournisseur.

Pendant des années, les entreprises ont pourtant eu la liberté et la possibilité d’acheter du matériel serveur répondant à une exigence minimale pour les logiciels d’infrastructures virtuelles et les serveurs Windows ou Linux. Il est confortable de pouvoir s’adresser à différents fournisseurs pour trouver le matériel nécessaire, installer un système d’exploitation et les applications pour se mettre rapidement au travail. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas pour d’autres éléments de l’infrastructure informatique. Historiquement, les fournisseurs de stockage ont construit, et construisent encore aujourd’hui des systèmes qui obligent à acheter leur matériel et leurs logiciels ensemble.

Pour aller plus loin dans leur transformation numérique, les entreprises doivent pouvoir acheter ce qu’elles veulent, et non ce qu’on leur impose. Avec l’émergence du cloud, elles doivent pouvoir briser les chaînes de la dépendance pour pouvoir facilement s’appuyer sur des logiciels et des plateformes agnostiques capables de s’adapter à l’apparition et la disparition des technologies qui les supportent, notamment pour le stockage des données.

Bien sûr, certaines entreprises peuvent tirer parti de technologies particulières. Mais que se passe-t-il lorsqu’un fabricant de matériel décide de ne plus fabriquer certaines gammes de produits ? Toute la R&D en matière de logiciels pour tirer parti d’un élément matériel devient très vite inutile. En utilisant une plateforme matérielle particulière non-agnostique qui n’est compatible qu’avec un logiciel, les clients se retrouvent pris en otage et contraints à continuer à acheter des systèmes spécifiques avec du matériel qui peut, à terme, devenir obsolète ou pire encore, n’être construit que par un seul fabricant, entraînant une augmentation exponentielle des prix alors que l’offre diminue également.

Aujourd’hui l’univers de l’IT est en constante mutation. Le matériel n’arrête pas d’évoluer et des nouvelles avancées arrivent sur le marché aussi vite que les anciennes disparaissent. Les sociétés de stockage ne devraient pas concevoir leurs logiciels pour tirer parti d’un seul type de technologie ou de support de stockage, car c’est une approche court-termiste et risquée. Cela représente un risque non seulement pour leur activité, mais aussi pour les clients qui confient leurs données à ces systèmes.

La question est de savoir pourquoi construire des produits centrés sur le matériel. Ce dernier, bien qu’important, ne devrait pas être ce qui fait la valeur du logiciel. La construction de systèmes logiciels devrait porter sur les avantages que les clients peuvent tirer de leur utilisation. Comment ce logiciel aide-t-il à résoudre leurs problèmes ? Permet-il aux clients de se concentrer sur la création de valeur de leur entreprise ? Toutes les entreprises technologiques, et notamment celles du secteur du stockage, devraient avoir pour objectif d’être indépendantes des logiciels ou du matériel.

En s’émancipant de toute attache et en s’ouvrant agnostiquement, le stockage donne accès à un nouveau monde de possibilités où les besoins métiers deviennent le centre des discussions au lieu qu’elles soient centrées sur la complexité de l’écosystème informatique des entreprises.
___________________

Par Vincent Gibert, Sales Manager France, Qumulo