Depuis des semaines, les commentaires du piratage des studios de Sony en Californie, le 23 Novembre dernier , connu sous le nom de SonyLeaks, ne faisaient que s’accroître. Premier accusé par les médias : «Les services secrets du gouvernement nord coréen» Mais l’affaire à pris une tournure inquiétante ,à la fin de la semaine passée ,depuis que la Corée du nord est accusée aussi directement par le FBI et menacée de représailles. La raison de ce nouveau pataquès ? Le retrait des salles américaines du film « L’interview » programmé pour les fêtes aux USA. Sony aurait reçu des menaces d’attaques pour les salles où serait projeté le film, particulièrement moqueur vis à vis du régime de Pyong Yang. Le film, plutôt amusant, selon Sony, se veut dans le style du « dictateur » de Charlie Chaplin. Il raconte l’histoire de deux journalistes qui, alors qu’ils tentent d’obtenir une interview avec Kim Jong-un, sont recrutés par la CIA pour éliminer le leader du régime nord-coréen.
De Charybde en Scylla
Après l’attaque le groupe #GOP ( en photo, leurs menaces) , les documents piratés ont étés mis en ligne et ceux ci mettaient surtout en cause la direction de Sony. Après deux semaines, de révélations sur les pratiques peu reluisantes de l’éditeur, les menaces sur les éventuels spectateurs ont convaincu, jeudi, la firme japonaise de retirer le film « provisoirement ». Pour le président Barack Obama, Sony « a fait une erreur » en annulant la sortie de ce film. Interviewé par la chaine CNN dans le journal d’hier, il précisait « Non, je ne pense pas que cela ait été un acte de guerre. Je pense que c’était un acte de cyber-vandalisme très coûteux. Si nous établissons un précédent où un dictateur peut perturber en la piratant la chaîne de distribution d’une compagnie et ses produits, nous commençons à nous censurer nous-mêmes et c’est un problème. « . Cette annonce, effectuée juste après que le FBI eut annoncé que le régime de Pyongyang, était directement impliqué dans le pillage dont Sony a été victime, marque un tournant dans l’histoire de l’espionnage informatique.
Une perte énorme pour la crédibilité de Sony
Outre l’abandon provisoire de la diffusion du film qui a couté prés de 44 Millions de dollars, l’attaque a paralysé le système informatique de Sony pendant prés de deux semaines. Par ailleurs, les espions ont mis en ligne cinq autres films récents du studio Sony dont certains n’étaient pas encore diffusés. Plus graves, les données personnelles de 47.000 employés et une série d’emails très embarrassants pour les dirigeants de Sony ont finit de bouleverser la firme japonaise qui aura certainement a se justifier par ailleurs. La vice-présidente de Sony en a déjà fait les frais, après la mise en ligne d’une conversation dans laquelle elle tient des propos racistes sur le président Obama.
Un accusé facile à désigner
Interrogé officiellement, le gouvernement Nord Coréen, dés le début de l’affaire, a nié toute implication dans l’attaque des serveurs de Sony. Il a même proposé une enquête conjointe. Pourtant dans une lettre adressée, le 27 juin dernier, au secrétaire général des nations unis, Ban Ki-moon, l’ambassadeur de Corée du nord Ja Song Nam accusait les Etats unis de terrorisme et de commettre un acte de Guerre ,en autorisant un film de ce type, de se réaliser. La presse américaine a par ailleurs dévoilé que cinq dirigeants de Sony avaient reçu dans un premier temps, une lettre de menaces demandant de l’argent, avant même que les soupçons ne commencent à se porter sur la Corée du Nord. Au vu des contenus des emails compromettants sur la manière de diriger ses acteurs, la vie privée des uns et des autres acteurs dévoilées, et les polémiques qui s’en sont suivies, Sony a commencer à se défendre .Désigner la Corée du nord comme responsable, du fait de la sortie du film » l’Interview » qui ridiculise le gouvernement nord coréen était évident.
Le doute subsiste.
La décision de la Maison-Blanche de confier l’affaire au FBI, le bureau fédéral d’investigation plutôt qu’au Commandement des opérations cybernétiques (Cyber Command) de l’armée montre que le doute sur la source des attaques persiste. Le niveau de performance du piratage (100 Téraoctets) et l’absence de traces désignent à priori plutôt des spécialistes des mafias chinoises ou russes qui possèdent un vrai savoir faire en «cyber» racket dans le domaine. Leur savoir faire se situent bien au dessus de l’informatique «ultra surveillée par les alliés » de l’armée nord coréenne, selon les spécialistes.Ils disposaient en outre d’un parfait bouc émissaire avec le gouvernement nord Coréen qui s’était lui même déclaré « presque en guerre » du fait du fait film « L’interview » Mais depuis les menaces d’éventuelles représailles parles Etats unis , le ton de la Corée du Nord a changé et aurait repris le style offensif du mois de juin, selon les traductions américaines, l’agence de presse officielle nord-coréenne aurait déclaré que l’armée et le peuple de Corée du Nord étaient « tout à fait prêts à une confrontation avec les Etats-Unis, dans tous les espaces de conflit, y compris dans les espaces de cyberguerre afin de faire exploser ces citadelles » L’expression « citadelle »s concerne les grandes entreprises internationales qui n’auraieant plus de compte à rendre à personne. ( image extraite de la galerie promotionnelle du film « the interview » de Columbia Picture)
Pour l’instant, la riposte américaine est trés mesurée.
Si l’on s’en tient au tout premier niveau d’analyse, c’est bien la première fois qu’un état considéré comme particulièrement rétrograde, arrive a arrêter le lancement d’une fiction, une parodie dans le style des « pieds nickelés. » qui se moque de son dictateur. Ce n’est pas la première fois que des films comiques dérangent, néanmoins. Dans un commentaire sur le film de 1940 de Charlie Chaplin, « le dictateur » qui attaquait de front, Adolf Hitler. Pierre Murat, un critique réputé du journal Télérama, précisait : « On est fasciné devant la perfection d’un comique qui jamais, pourtant, n’efface la terreur diffuse. La peur rôde sous le rire. » Un sentiment qui pourrait s’amplifier si la Corée du Nord réagissait violemment pour prouver que l’on ne se moque pas impunément de ses dirigeants. Si le scénario du futur James Bond fait bien partie des «scripts otages » détenus par les pirates, gageons que le suivant pourrait s’inspirer de la simple réalité.