Soria ou Stepra ? Il est peu probable que ce soit le futur patronyme de l’association entre Sopra et Steria dont la rumeur qui s’était largement amplifiée ces dernières heures et qui vient de se concrétiser pour créer « un leader européen de la transformation numérique ».  

La raison de cet emballement, la suspension hier de la cotation des actions dans l’attente de la publication d’un communiqué. Ce « projet de rapprochement amical » entre ces deux sociétés de services constitue un chamboulement du paysage des ESN français. A ma gauche Sopra, plus de 16 000 salariés et 1,3 milliard de chiffre d’affaires en 2013. Sopra est à la fois société de conseil et éditeur de logiciels ; elle est largement implantée sur le secteur bancaire qui représente un tiers de son CA, puis les transports et la logistique. A ma droite, Steria, plus de 20 000 salariés dont une bonne partie en Inde (plus d’un quart) et 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Steria est largement spécialisée dans le secteur public, la santé et les utilities (électricité, gaz, télécoms…) et les transports.

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La fusion des deux ESN assez complémentaires sur le plan sectoriel e toutes deux dans le Top10 des sociétés de services présentes en France donnerait naissance à une groupe de près de 40 000 salariés et plus de 3 milliards de CA, ce qui en ferait le numéro 3 ou 4 français des services informatiques, derrière IBM Global Services, Capgemini et à égalité avec Atos. Steria a une dimension internationale plus marquée que Sopra.

Le nouveau groupe fonctionnerait avec une gouvernance équilibrée dans le cadre d’un projet de rapprochement entre égaux. La présidence de son Conseil d’administration serait assurée par Pierre Pasquier et la fonction de Directeur Général par François Enaud.

Le capital du nouvel ensemble serait structuré autour d’un bloc représentant les fondateurs et certains des managers de Sopra pour un total d’environ 22 % du capital, d’un bloc représentant Geninfo à hauteur de 7 % du capital et, et par ailleurs, d’un bloc représentant d’anciens et actuels actionnaires salariés de Steria à hauteur de 10 % du capital. L’ensemble des blocs décrits ci-dessus représenterait 39 % du capital. Cette structure actionnariale serait matérialisée par un pacte d’actionnaires entre Sopra GMT et Soderi, ce dernier représentant les anciens actionnaires salariés de Steria.

Étonnamment, ces deux sociétés ont été créées à peu près à la même époque, aux tout débuts de l’informatisation des grandes entreprises françaises et de l’administration. Créé en janvier 1968 par Pierre Pasquier, François Odin et Léo Gantelet, Sopra Group a réalisé son introduction sur NYSE Euronext Paris en 1990. Le 17 mars dernier, Sopra Group est devenu Sopra. Créé un an plus tard, Steria est également coté  sur Euronext Paris et a une présence dans 16 pays avec une forte implantation en Inde.

D’un point de vue industriel, ce projet permettrait selon les parties-prenantes de faire évoluer le positionnement du nouveau groupe de « Développeur-Intégrateur de systèmes » à « Créateur-Opérateur de services » ayant la taille critique, capable d’apporter les meilleures solutions de transformation à ses clients.

Cette fusion, est la plus importante depuis celle plus modeste entre Econonom et Osiatis l’année dernière qui a donné naissance à un groupe de 8000 salariés.  La consolidation sur le secteur était un peu en panne depuis les grandes opérations entre HP/EDS, Xerox/ACS et Dell/Perot. La dernière fusion importante récente est celle entre CGI et Logica en 2012.