Huit ans après le lancement de son projet Debater, IBM réalise les premières expériences. Dans la dernière en date, l’IA synthétise les arguments d’une controverse afin d’accompagner l’humain dans la prise de décision.
Dans la série tendre le bâton pour se faire battre, IBM n’a rien trouvé de mieux que d’organiser la semaine dernière un débat sur les bienfaits de l’IA en faisant participer une IA à la discussion ! En pratique, l’IA en question est bien connue désormais puisqu’elle est issue du Projet Dabater, lancé par IBM en 2011.
Les premières expérimentations ont eu lieu en juin 2018 à huis clos. Il a fallu attendre février dernier pour assister à la première démonstration publique du potentiel de cette IA entrainée à débattre avec des humains. Confrontée à Harish Natarajan autour de la question « Faut-il subventionner l’école maternelle ? », l’IA devait argumenter en faveur, Harish Natarajan contre.
L’IA a perdu mais il faut reconnaitre qu’elle faisait face à un titulaire d’un Master de Philosophie, Relations et Affaires internationales de l’Université de Cambridge et spécialiste du risque économique qui avait déjà gagné deux fois le championnat du monde de débats.
Compiler des avis pour construire des argumentaires
Pour sa nouvelle démonstration organisée la semaine dernière à l’université de Cambridge, IBM a mis en place une formule légèrement différente dans laquelle l’IA témoigne de sa capacité à compiler, analyser et synthétiser une multitude de sources d’opinion.
Une semaine avant la date du débat, IBM a en effet invité les internautes à donner leur avis sur un site sur la question suivante : l’IA fait-elle plus de bien que de mal à l’humanité ?
L’IA a ensuite compilé les avis d’environ 1000 internautes et classé les arguments en pour et contre avant de les organiser en cinq grandes familles d’idées. D’une voix féminine synthétique, elle a ensuite présenté les arguments en introduction d’un débat entre deux équipes, chacune étant chargée de défendre un point de vue en développant les points identifiés par l’IA.
Des progrès significatifs sur la compréhension du langage naturel
Dans la première démonstration, IBM cherchait avant tout à mettre en avant la capacité de son IA à écouter et comprendre un discours spontané pour ensuite construire un argumentaire convaincant pour le réfuter.
Avec cette nouvelle expérience, Big Blue démontre davantage que son IA est capable de compiler les avis de populations entières pour les synthétiser. Baptisé Speech by Crowd, ce volet de son projet Dabater devrait faire l’objet d’une commercialisation sous forme de service cloud dès l’année prochaine.
IBM estime en effet que la technologie pourrait être très utile à des administrations qui chercheraient à compiler les avis de citoyens sur un projet par exemple. Ou encore à des sondages d’entreprises sur le ressenti d’un changement de politique. Sans oublier le retour d’expérience des clients sur un produit.
Avec Speech by Crowd, IBM apporte aussi la preuve des avancées significatives réalisées au cours de ces derniers mois sur la capacité de l’IA à saisir les nuances du langage humain. On se souvient encore de Tay, l’IA de Microsoft qui s’était fait pervertir en 2017 en moins de 24h par des échanges racistes et sexistes avec des internautes malintentionnés.
Aujourd’hui, selon un expert d’IBM qui travaille sur le projet Debater, ce serait beaucoup plus difficile. Des personnes auraient d’ailleurs essayé d’alimenter l’IA avec des avis racistes et des obscénités lors de l’expérience de la semaine dernière. Mais aujourd’hui, le traitement du langage naturel est suffisamment évolué chez IBM pour que l’IA identifie ces commentaires comme non pertinents et les élimine du débat.