Depuis la naissance de l’industrie automobile, la fiabilité et la performance sont des caractéristiques clés visées par tout constructeur. A l’heure où les véhicules disposent de plus en plus d’une connectivité embarquée, de nombreux acteurs du logiciel s’imposent sur le marché et viennent contester, sur le créneau de la voiture connectée, la place des constructeurs automobiles. Dans cette période décisive, l’enjeu majeur pour les constructeurs est d’étendre leurs promesses de performance et de fiabilité à un nouveau domaine qu’est celui des logiciels et des services connectés.
Selon le récent rapport de l’Association GSMA[1], la valeur du marché global de la voiture connectée devrait s’élever à 39 milliards d’euros d’ici 3 ans, alors qu’il représentait 13 milliards d’euros en 2012. Le rapport indique notamment que la connectivité sera le moteur principal de la croissance de l’industrie automobile. D’ores et déjà, lors de l’achat d’un véhicule, le consommateur prend davantage en compte l’éventail d’options proposés, tels que les fonctionnalités intégrées de sécurité, les services de divertissement, les systèmes de navigation ou encore la télématique d’assurance. Il s’agit ici d’un nouveau terrain qui offre de réelles opportunités de marché aux constructeurs. Or, pour être assurés d’en tirer profit, ces derniers devront parvenir à surmonter les 3 défis majeurs imposés par l’avènement de la voiture connectée.
1. Affirmer son positionnement sur le marché entre concurrence et partenariat
L’industrie automobile est un secteur mature et stable qui, au cours des 50 dernières années, n’a vu que 14 concurrents tenter de s’y immiscer… et échouer. Et tout d’un coup, l’industrie s’est trouvée en plein bouleversement marqué par la montée des constructeurs chinois, les fabricants de voitures électriques, l’impression 3D, etc. Avec l’avènement du véhicule connecté, la concurrence s’est d’autant plus accrue que les constructeurs traditionnels voient de nouveaux acteurs issus de l’informatique émerger sur leur marché. C’est notamment le cas pour Google et Apple, qui ont déjà fait des investissements considérables dans leurs propres projets de voiture connectée.
Pour rester compétitifs face à ces concurrents sérieux, les constructeurs automobiles sont entrés dans une nouvelle forme de compétition. En effet, l’enjeu pour eux est désormais de s’entourer de compétences complémentaires et de former des partenariats avec les principaux acteurs télécoms et autres fournisseurs de technologie. Le marché évolue actuellement en ce sens, Audi a annoncé sa collaboration avec Huawei pour connecter les véhicules au réseau chinois. Dans le même ordre, IBM et PSA Peugeot Citroën ont prolongé leur partenariat visant à développer des services connectés pour véhicules. Afin de s’assurer que les services proposés par les véhicules connectés soient à la hauteur des attentes du grand public, cette tendance à la collaboration devra être renforcée et perpétuée dans le futur entre l’ensemble des acteurs concernés.
2. Assurer des niveaux de sécurité optimaux
Les changements les plus rapides et importants qui devront être apportés au sein de la voiture connectée seront sans doute liés au niveau de sécurité proposée. La législation proposée par l’Union Européenne impose à tous véhicules d’intégrer, d’ici 2018, une fonctionnalité eCall, qui permettra d’alerter automatiquement les services d’urgence en cas d’accident. L’Association GSMA prédit que ce service connecté sera le plus répandu et intégré à 41,7 millions de véhicules d’ici 3 ans. Il va sans dire que tout incident ou faille dans ces systèmes de sécurité pourrait être désastreux pour l’ensemble des parties impliquées. Pour les constructeurs, les dégâts juridiques et l’impact sur la réputation pourraient s’avérer énormes si la marque ne parvenait pas à mettre en œuvre ces systèmes de sécurité et assurer leur fonctionnement sans heurts.
Afin de garantir une sécurité optimale des véhicules, les dispositifs de sécurité doivent être embarqués et associer, dans une unité intégrale, à la fois le hardware, le software et la connectivité nécessaires. En séparant ces systèmes de sécurité d’autres fonctionnalités exécutées sur le réseau et moins critiques, notamment par des pare-feu, les fabricants peuvent assurer que les problèmes de performance dans d’autres services ne compromettent pas ces processus indispensables.
3. Conquérir l’eldorado des services de « d’info –divertissement »
Dans la mesure où la connectivité ouvre un nouveau champ de possible pour les services automobiles, l’un des plus importants vecteurs de croissance pour les constructeurs automobiles sera dans le domaine des services d’info-divertissement. Afin de comprendre l’ampleur de cette croissance attendue, la société de conseil spécialisée dans le secteur automobile SBD a réalisé une étude selon laquelle les services automobiles tels que les actualités, la météo, les réseaux sociaux et le streaming de musique seront disponibles dans plus de 32 millions des voitures vendues en 2018. En conséquence, les constructeurs automobiles et les partenaires technologiques ont tout l’intérêt à s’imposer rapidement comme leader sur ce nouveau marché.
Dans un avenir proche, la majorité des services d’info-divertissement sera déployée en tant que systèmes intégrés qui pourront être connectés directement au smartphone de l’utilisateur pour une connexion au réseau et un accès à sa sélection d’applications personnalisée. Cet accès via le smartphone permettra de facilement transférer toute la vie digitale d’un individu dans sa voiture. Pour cela, il va sans dire que les fabricants doivent veiller à ce que l’intégration de ces dispositifs ainsi que le fonctionnement des applications au sein du véhicule connecté soient irréprochables.
Devenu un facteur de différenciation et un avantage compétitif potentiel incontestable, les applications vont requérir une attention particulière de toutes les parties concernées, et notamment en termes de visibilité en temps réel et ce des applications jusqu’au code et à l’expérience utilisateur. Les équipes de développement et d’exploitation devront assurer le monitoring de la performance applicative pour pouvoir repérer immédiatement tout problème de compatibilité et envoyer des correctifs en ligne de façon automatique. Un suivi du fonctionnement des applications en temps réel permettra de résoudre tout souci de performance applicative bien avant qu’il n’affecte l’expérience d’utilisateur.
En outre, une analyse détaillée des applications pourra permettre aux constructeurs de comprendre comment les applications sont réellement utilisées par des individus différents et construire autour de ces usages une expérience personnalisée au sein de la voiture connectée.
Une nouvelle ère de performances
Depuis des années, la capacité de construire des véhicules fiables était au cœur de l’industrie automobile. Mais afin de ne pas se retrouver dans une position difficile, comme ont pu l’être les fabricants de PC quand les investissements se sont davantage tournés vers les logiciels, l’enjeu pour les principaux industriels de l’automobile est aujourd’hui d’arriver à se positionner dans l’apport de services connectés pour ne pas devenir les outsiders face à la mutation/transformation de leur marché. Dans ce contexte, les constructeurs automobiles seront amenés à davantage collaborer avec leurs partenaires technologiques à la fois sur l’innovation et les nouvelles façons de fournir des services aux utilisateurs. Mais dans cette quête de nouveaux marchés, il est crucial que les constructeurs automobiles n’oublient pas que la performance était, est et restera la raison principale du succès de leurs marques. Il est essentiel que les industriels automobiles ne perdent pas de vue cet engagement de qualité et d’efficacité et continuent de miser sur la performance.
[1] GSMA mAutomotive, Connected Car Forecast: Global Connected Car Market to Grow Threefold Within Five Years, February 2013
Par Pascal Dallioux, Expert Performances Applicatives – AppDynamics