La société japonaise Fujifilm va prendre le contrôle de Xerox. Concrètement, l’opération se fera via la co-entreprise Fuji Xerox basée à Tokyo qui va absorber l’entreprise américaine.
Grandeur et décadence d’un géant de l’information et du document. Il fut un temps où l’on faisait une « Xerox Copy » pour indiquer que l’on faisait une photocopie et où le Xerox PARC était l’un des plus prestigieux laboratoires en informatique. Il est à l’origine de nombreuses innovations qui furent reprises avec le succès que l’on sait par Steve Jobs dans le Mac.
Les deux actionnaires, Carl Icahn et Darwin Dawson sont arrivés à leurs fins. Fort de leur 15 % dans le capital de l’entreprise, ils avaient engagé une opération de lobbying pour la cession de l’entreprise et le départ du CEO Jeff Jacobson. Ils sont arrivés à leurs fins sur le premier plan mais devront attendre un peu pour le second.
Les actionnaires de Xerox recevront 2,5 milliards de dollars soit environ 9,80 dollars par action et 49,9% de la nouvelle société Fuji Xerox. Celle-ci, qui restera cotée à Wall Street, sera dirigée par l’actuel CEO de Xerox, Jeff Jacobson. Ce dernier explique dans un communiqué que « la nouvelle Fuji Xerox sera mieux positionnée pour affronter la concurrence dans l’environnement actuel avec une véritable présence mondiale, une présence accrue sur les marchés à forte croissance, et des capacités d’innovation qui répondent aux demandes en constante évolution des clients ».
L’accord prévoit un programme de réduction des coûts de 450 M€ par an qui prend effet immédiatement dans l’actuelle joint-venture Fuji Xerox. Celui-ci se traduira notamment par la suppression de 10.000 emplois. Opérant sur la région Asie-Pacifique depuis 1962, la co-entrerprise emploie environ 46.000 personnes.
Créé en 1934, Fujifilm est un des premiers fabricants japonais de matériel photographique numérique et analogique, de matériel en consommables d’impression en arts graphiques, de matériels d’imagerie médicale, d’optiques, de matériel de bureautique, de support d’enregistrement magnétique et optique, de matériels entrant dans la composition des écrans plats et d’émulsions photosensibles. L’ensemble des différentes filiales représente un chiffre d’affaires de $16Mds et emploie environ 80 000 salariés.
De son côté, Xerox a engagé ces dernières années une stratégie chaotique et incertaine fondée sur les fusions & acquisitions, cessions et réorganisations multiples. En 2009, Xerox se lance dans les services et annonce l’acquisition pour 5,5 milliards de dollars d’Affiliated Computer Services (ACS), une entreprise américaine spécialisée dans les services informatiques et l’outsourcing.
En décembre 2014, Atos acquiert pour 1,05 milliard de dollars une partie de l’activité d’outsourcing informatique de Xerox, acquise via l’achat de ACS, cette activité regroupant près de 10 000 employés. Poursuivant ce désengagement dans les services, Xerox annonce en janvier 2016 sa future scission entre deux entités, l’une dédiée aux services, appelée Conduent et l’autre au matériel, qui garde la marque Xerox. Cette scission est effectuée en janvier 2017. Xerox emploie 40 000 employés, contre plus de 90 000 pour Conduent.
Le PARC, centre d’innovations
C’est en effet dans le centre de recherche Xerox de Palo Alto (PARC) qu’Alan Kay et l’équipe d’Adele Goldberg ont inventé :
– Le langage smalltalk, qui poussa la programmation objet bien au-delà du langage pionnier Simula 67
– Le réseau Ethernet permettant la communication d’ordinateurs et de périphériques dans un réseau local unique
– L’interface graphique moderne et les icônes qui peuvent être contrôlées par la souris, inventée en 1963 par Douglas Engelbart.