Lancé en preview au printemps dernier, le service AWS conçu pour automatiser les tâches réalisées dans un navigateur web grâce à des agents d’intelligence artificielle fiables est désormais finalisé et disponible. AWS présent Nova Act comme une avancée majeure dans le domaine des agents autonomes, pensée pour les entreprises qui veulent réduire le poids des opérations manuelles et gagner en efficacité.
À force de démos spectaculaires d’“agents IA” qui cliquent et tapent à notre place, beaucoup de DSI ont retenu surtout une chose : la réalité est souvent moins brillante que les vidéos marketing. Flows fragiles, prompts intraduisibles en production, sécurité des identifiants bricolée… Avec Nova Act, officialisé en service managé lors de re:Invent 2025, AWS tente justement de tourner la page aux débuts agentiques peu glorieux et de passer de la démo au run en entreprise, en faisant du navigateur un véritable “travailleur” fiable pour les workflows métiers.
Un service qui a beaucoup évolué depuis la preview
Nova Act est désormais un service AWS à part entière, conçu pour “construire, déployer et gérer des flottes d’agents fiables pour automatiser des workflows UI de production”, avec un objectif assumé : dépasser 90 % de taux de réussite sur des tâches répétitives, à grande échelle. Le service repose sur un modèle Nova 2 Lite custom, spécialisé dans la conduite de navigateurs, l’enchaînement d’actions multi-étapes et l’escalade vers un humain quand c’est nécessaire. Concrètement, le système est capable de naviguer sur des sites, de cliquer sur des boutons, de remplir des formulaires et d’enchaîner des actions complexes sans intervention humaine. L’objectif est de transformer des workflows encore dépendants de la saisie manuelle en processus automatisés.
La philosophie de Nova Act est très différente d’un simple LLM branché sur un outil de “computer use” comme on l’a souvent vu jusqu’ici. AWS estime que son approche est beaucoup plus fiable : elle repose sur un entraînement spécifique qui intègre simultanément le modèle, le SDK, l’orchestrateur et le contrôleur de navigateur, évitant les failles des systèmes assemblés à partir de composants séparés. Tous ces éléments ont été optimisés ensemble, via du reinforcement learning dans des “web gyms”n des environnements synthétiques qui répliquent des CRM, sites de voyage, outils de gestion de projet, etc. L’agent apprend à survivre dans des interfaces qui bougent, plutôt que dans un benchmark figé.
Sur ces bases, Nova Act revendique de meilleurs scores que les modèles concurrents sur des benchmarks comme WorkArena et REAL Bench. Et pour mieux prouver l’efficacité de sa solution, AWS met en avant des cas d’usage concrets mis en œuvre par des early adopters : Sola Systems pour l’automatisation de processus métiers, Hertz pour l’industrialisation des tests de réservation web et mobile, Amazon Leo pour l’automatisation massive de tests UX avant le lancement de son offre satellite, ou encore 1Password pour le login “humain-like” sur des centaines de sites.
De la promesse agentique à un RPA 3.0 piloté par IA
Le service s’adresse à des usages variés. Dans le domaine de la gestion de données, Nova Act peut remplacer le copier-coller ou la saisie répétitive en mettant à jour des CRM ou des ERP directement via l’interface web. Il peut aussi extraire des informations de sites ou de portails qui ne proposent pas d’API, ce qui en fait un outil précieux pour la veille concurrentielle ou la consolidation de données. Dans le commerce en ligne, il est capable de réaliser des parcours d’achat complets, de la sélection du produit au paiement, en respectant des règles prédéfinies. Ces capacités ouvrent la voie à une automatisation transversale, couvrant plusieurs applications et domaines métier.
Amazon a intégré Nova Act dans son écosystème cloud avec des extensions pour des environnements de développement comme Visual Studio Code ou Cursor. Les développeurs peuvent ainsi concevoir, tester et déployer des agents en quelques étapes, tandis qu’un espace de prototypage sans code permet aux profils non techniques de créer leurs propres workflows. Le service inclut également des mécanismes de supervision, avec la possibilité d’interrompre ou de valider certaines actions, garantissant un contrôle humain lorsque nécessaire.
Nova Act s’appuie sur un modèle de facturation à l’heure d’exécution d’agent, et non par token ou par appel API. L’objectif est de rapprocher le coût de ces agents de la logique d’un TMA externalisée, avec des automatisations longues ou récurrentes dont le coût reste prédictible.
Au final, Nova Act ressemble à un RPA 3.0 natif cloud, pensé dès le départ comme un système agentique : le moteur ne se contente pas d’exécuter des scripts d’UI, il apprend sur des environnements simulés, embarque du raisonnement, s’inscrit dans un tissu d’agents orchestrés et se connecte aux briques de sécurité existantes. L’intérêt, très concret, est de pouvoir attaquer rapidement des use cases qui restent coûteux à industrialiser : automatisation de campagnes de tests web et mobile sur des plateformes à fort enjeu business, synchronisation de données entre outils sans API, rendu de services “front” via des interfaces partenaires, ou encore exécution de tâches back-office massives sur des portails métiers. À charge pour les DSI de transformer cette brique en politique d’automatisation cohérente, entre gains de productivité et exigences de conformité.





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