Les deux sociétés californiennes et l’entreprise sud-coréenne tiennent le haut du pavé de l’innovation selon le cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG).Chaque année, le BCG interroge un échantillon représentatif décideurs pour constituer son palmarès de l’innovation dans le monde. La publication de l’année (The Most Innovative Companies 2014: Breaking Through Is Hard to Do) donne quelques enseignements intéressants et marquant des évolutions parfois significatives.
Mais qu’est-ce qu’innover ? « Introduire dans une chose établie quelque chose de nouveau d’encore inconnu » nous indique le Petit Robert. Elle peut donc concerner des produits ou services mais également une nouvelle organisation, un nouveau business model ou une nouvelle manière de gérer la relation avec les clients.
En tous cas, trois décideurs interrogées par le BCG sur quatre dans le cadre de l’enquête 2014 déclarent que l’innovation fait partie des trois plus importantes priorités de leur entreprise et 60 % qu’ils vont dépenser plus pour l’innovation en 2014 que l’année passée. Si on comprend le premier point, on ne peut qu’être un peu plus circonspect sur le second car il n’est pas dans le compte d’exploitation une ligne innovation. Bien souvent l’innovation est trop souvent confondue avec la recherche et développement. D’ailleurs, si ce palmarès apporte des enseignements intéressants il n’est pas exempt de critiques dont la plus importante est qu’il fait la part (trop ?) belle aux très grandes entreprises multinationales.
Apple est champion toutes catégories de l’innovation puisqu’il a occupé la première place depuis que ce classement existe c’est-à-dire depuis que ce classement existe. Avec sa triade triomphale – iPod, iPhone, iPad – qui ne demande qu’à être prolongée (iWatch, Apple Pay), Apple a récupéré les fruits de cette vague d’innovation sans précédent en multipliant son chiffre d’affaires par 15 (de 14 à 182 milliards de dollars) et ses bénéfices de manière bien plus élevé. Il est vrai qu’en 2005, la firme de Cupertino sortait à peine de sa décennie tragique. Apple a profité de cette manne pour augmenter son budget R&D dans des proportions considérables (voir tableau ci-dessous).
Google, second de ce classement, mérite lui aussi l’étiquette de société innovante, une caractéristique qui fait partie de son ADN. Alors qu’elle était connue pour son moteur de recherche qui était son principal objectif de R&D, elle donne l’impression d’aller dans tous les sens : télécoms, transport, énergie, robotique, médecine. Témoin de cette foisonnante activité, le laboratoire de recherche du groupe californien Google X travaille sur une technologie de diagnostic basée sur l’utilisation de nanoparticules visant à la détection précoce de maladies. L’idée est relativement simple : faire circuler des nanoparticules dans le sang pour détecter des changements biochimiques, souvent annonciatrices de pathologies telles qu’une crise cardiaque, d’un cancer ou d’un accident vasculaire cérébral. Ces particules seront connectées permettant un suivi en temps réel de ces modifications. Google explique que ce sont là des recherches qui en sont aux tout débuts et que les réalisations nécessiteront des années.
En ce qui concerne les secteurs économiques, ce que l’on appelle couramment la high tech qui recouvre d’assez l’IT – qui inclut l’internet – domine assez largement ce classement. Preuve que le numérique est un élément majeur de ces vagues d’innovation qui transforment nombre d’entreprises. A l’inverse, le secteur automobile ne donne pas une image de grande innovation avec neuf entreprises seulement présentes dans ce Top50. Une sélection assez discutable quand on constate les performances des constructeurs ces dernières années. Par ailleurs, très peu de constructeurs asiatiques qui ont bouleversé le secteur n’y sont pas présents alors qu’ils ont un rôle important dans le renouvellement de l’industrie automobile. Par ailleurs, les révolutions ne viendraient-elles pas d’entreprises qui ne sont pas du secteur. On pense inévitablement à Google dont des voitures sans chauffeur circulent dans l’Etat californien, à Apple qui travaille aussi sur le sujet et bien sûr à Tesla Motors qui est classé en 7e position. A l’inverse, les européens sont assez discrets sur ce terrain de l’innovation et les constructeurs français sont désormais absents de ce Top50.
Côté pays, les Etats-Unis dominent assez largement ce classement avec la moitié des entreprises présentes dans ce classement avec les noms qui tiennent le haut du pavé de l’innovation. Les pays émergents prennent une place plus importante même si elle est encore assez discrète. Il est probable que le classement connaîtra des évolutions significatives dans les années à venir. A l’inverse, la place de l’Europe est modeste et celle de la France encore plus avec seulement un demi-siège grâce au consortium européen Airbus (33e), juste devant Boeing.