Depuis trente ans, le desktop a mis en scène une concurrence entre Microsoft et Apple, pendant longtemps à la faveur du premier pendant longtemps, tant que le PC régnait en maître sur le bureau et dans le salon. Depuis quelque temps, avec la montée en puissance des appareils nomades, la firme de Steve Jobs a clairement repris l’avantage. Cette semaine, l’actualité a remis en scène une nouvelle étape de cette concurrence acharnée entre les deux protagonistes. C’est Microsoft, via son nouveau bras armée Nokia, qui a frappé le premier en dévoilant sa première tablette, la Lumia 2520, et deux phablettes (mi smartphone, mi tablette) Lumia 1520 et 1320. Dans une présentation aux investisseurs, Microsoft a indiqué qu’il lui fallait vendre au moins 50 millions d’unités pour dégager des profits.
CA comparé de Microsoft et d’Apple
En mds$ | 1994 | 2002 | 2012 |
Microsoft | 4,6 | 28,3 | 73,7 |
Apple | 9,2 | 5,7 | 156,5 |
Le lendemain, c’était au tour d’Apple de continuer à décliner sa gamme iPad qui, au départ, ne comportait qu’un produit. Dire que l’iPad est loin d’être un échec serait une litote. Lors de la présentation du dernier modèle, Tim Cook a indiqué que 170 millions d’iPad avait été vendus depuis 2010. L’iPad Air, comme le laisse entendre l’appellation maison, est plus léger et plus fin que les précédents mais il ne changera pas la face du monde, il permettra à Apple d’engranger encore quelques milliards de dollars. Le nouvel iPad Air sera proposé à un prix d’entrée de 499 dollars (362 euros) aux Etats-Unis. En France, il sera disponible avec un premier prix à 489 euros, selon le site internet d’Apple.
Mais ce n’est sans doute pas le plus important. La principale annonce concerne le changement de business model avec l’introduction de la version Maverick OS qui sera proposée désormais gratuitement aux utilisateurs tout comme la suite bureautique iWork, équivalent d’Office de Microsoft, qui le sera également. Rappelons que Microsoft continue toujours à vendre les nouvelles versions de ses systèmes d’exploitation et de ses applications bureautiques dont la version Office365 est proposée à 99 dollars par an. L’offensive d’Apple vise donc Microsoft en premier lieu qui, en tant qu’éditeur de logiciels aura bien du mal à suivre dans cette voie. C’est une sorte de retournement auquel on assiste. Avant le PC, le logiciel – dont la grande majorité était développée à la demande (en interne ou par les SSII) ou liée au matériel – était une sorte de surnuméraire du matériel. C’est le PC qui a fait naître une véritable industrie du logiciel (Microsoft est né en 1975 et a pris son essor avec la signature de son accord avec IBM pour fournir le système d’exploitation DOS). Avec l’apparition des tablettes et des smartphones, la montée en puissance d’Apple et de l’écosystème Android, est-on à l’aube d’un renversement de ce modèle économique ou, a minima, d’un rééquilibrage entre le matériel et le logiciel ?
En tous cas, Tim Cook enfonce le clou et déclarait en présentant le nouvel iPad : « Nos concurrents sont différents. Ils ont une vision confuse. Ils ont couru après les netbooks. Maintenant, ils essayent de transformer les PC en tablettes et les tablettes en PC. Qui sait ce qu’ils feront après ? Je ne peux répondre à cette question, mais je ne peux vous dire ce sur quoi ils sont concentrés. Les jours où l’on dépensait des centaines de dollars pour tirer le plus des ordinateurs sont terminés. Aujourd’hui, vous pouvez créer un document sur iPad, le modifier sur Mac et même le partager avec un ami qui est encore sur PC ».
Evidemment, on pourrait objecter qu’il est facile de donner le logiciel quand on vend un iPad près de 500 euros en faisant des marges substantielles. Les smartphones et tablettes ne détournent pas pour autant Apple des Mac qui rapportent encore beaucoup d’argent. Avec seulement 5 % du marché des PC, Apple réalise 45 % des marges de l’industrie selon le magazine Forbes.
Autre coïncidence, Microsoft vient d’annoncer la disponibilité de Windows 8.1. Les utilisateurs équipés d’un PC ou d’une tablette Windows 8 peuvent télécharger gratuitement Windows 8.1 depuis le Windows Store. Windows 8.1 réintroduit le bouton Démarrer, fonctionnalité iconique de l’expérience Windows et ajoute une vue complète de l’ensemble des apps en un coup d’œil. Si l’on en croit le titre de la note du Gartner en mai dernier Windows 8.1 Could Become What Windows 8.0 Should Have Been, cette nouvelle version est ce que Windows 8 aura dû être et ne fait que pallier les manques de cette dernière version. De leur côté, les entreprises se débattent avec les différentes versions de Windows, sachant qu’un nombre non négligeable d’entre elles sont encore à Windows XP dont la date de fin de support en toujours fixée au 8 avril 2014.