Cisco va annoncer un partenariat très étendu avec le fabricant de cartes et de serveurs chinois Inspur, et des investissements sur place qui devraient relancer les ventes de matériel en Chine où le marché internet ne fait que croitre exponentiellement ( voir image d’ouverture) ce qui n’est plus le cas ailleurs.
Cisco qui a largement participé à développer l’Internet en Chine en travaillant avec le gouvernement chinois, est désormais soupçonné par des instances militaires locales, selon le Wall Street Journal, d’avoir largement participé à l’espionnage de ce pays. C’est ce qui pourrait expliquer une vague de piratage, en retour, de plus de 200 gros routeurs Cisco, en guise de représailles.
La venue du Président chinois devrait détendre l’atmosphère
Cette attaque apocalyptique intervient juste au moment où le président chinois Xi Jinping arrive aux USA, pour faire la tournée des grands investisseurs américains et en particulier de ses partenaires informatiques. A quelque mois des élections américaines, le dirigeant chinois tente surtout de rassurer, à un niveau global, les marchés mondiaux qui s’inquiètent des objectifs de son pays avec non seulement la baisse éventuelle du yen mais aussi les prétentions territoriales au sud Est du pays dans les iles artificielles. Le discours des potentiels candidats républicains est très agressif vis à vis de l’empire du milieu et il serait bon, si l’on écoute les discours de Xi Jinping dans une économie en ralentissement que ces « va t’en guerre », qui existent aussi en Chine, se rendent compte que leurs propres intérêts se situent dans l’apaisement. C’est dans ce contexte surchauffé que débutera la réunion de Seattle.
Réchauffer les relations refroidies par des rumeurs d’espionnages
C’est aujourd’hui à Seattle vers 18 heures, heure de Paris que Chuck Robbins, le nouveau patron de Cisco depuis juillet, (photo)
lors d’une grande réunion avec les responsables chinois, va y annoncer un nouveau programme qui devrait faire de sa firme l’un des plus grands acteurs américains « outre -pacifique ». Le président chinois, au-delà du numéro Un des réseaux, devrait aussi rencontrer dans les jours qui viennent, outre Microsoft et Apple, Boeing, Amazon, Starbucks, IBM, Disney et General Motors. Le nouveau patron de Cisco, ex-directeur commercial de la firme , connaît mieux que quiconque le contexte économique chinois actuel, un peu morose. Il a fait plus de 11 voyages en Chine au cours des trois dernières années. Lors d’un récent interview par la presse économique, il a précisé que les ventes de Cisco en Chine, actuellement en baisse régulière là bas, avaient déjà commencé à souffrir en 2012 après qu’un rapport du congrès ait demandé si les agences chinoises pouvaient utiliser les équipements Huawei pour espionner les Américains. Huawei avait, bien sûr, nié avoir fourni une quelconque assistance pour l’espionnage, mais de fait, avait été écarté ensuite du marché américain des équipements réseaux.
Snowden et la NSA au coeur des ressentiments
Depuis, Edward Snowden, l’ex-employé le plus connu de la NSA, a révélé que le gouvernement américain avait espionné la Chine avec ses propres équipements informatiques dont beaucoup de matériel Cisco. Aussi le climat diplomatique s’est-il plutôt rafraîchi et les déclarations glaciales des dirigeants chinois sur la politique à mener vis à vis des importateurs US, reflétaient un protectionisme inquiétant. En 2013, Snowden a même montré des photos sur lesquelles on voyait des équipements Cisco interceptés par la NSA pour être modifiés. Infos ou intox ? La NSA avait refusé à l’époque de commenter ces allégations, mais en précisant, néanmoins, malicieusement, qu’elle ne se concentrait que sur les technologies utilisées par les renseignements étrangers, ce qui du coup n’excluait pas ces mêmes routeurs, ceux-ci étant connus pour être parfois visités par des pirates de l’empire du milieu. En attendant, les dirigeants chinois ont officiellement, chez eux, à plusieurs reprises, sommé les entreprises publiques et les ministères d’acheter des équipements chinois, à la fois pour mieux se protéger, mais aussi favoriser la recherche en Chine.
Un passé déjà chargé d’histoires lourdes d’espionnage
Si les chinois se méfient de Cisco, ce n’est pas la première fois que les rapports entre Cisco et l’équipementier chinois Huawei sont tendus. En 2003 déjà, Cisco avait dénoncé la copie de son code de routage IOS dans les routeurs économiques Quidways de celui qui n’était encore à l’époque qu’un nouvel acteur, Huawei. Les soupçons puis la confirmation de la découverte de parties identiques du code de ses logiciels dans les Quidways avaient conduit à l’interdiction de ventes de ces appareils aux USA. Le chinois dans un procès aux USA, au Texas, avait d’ailleurs reconnu avoir copié 1,5 million de lignes de code et avait enterré ensuite la hache de guerre avec Cisco.
Huawei a de son coté, aussi, été quasiment boycotté
Conscient de l’importance du marché US, Huawei avait cependant passé des accords à l’époque avec un autre important acteur, 3Com, et créé une joint venture commune pour développer des produits « internationaux », mais cette structure avait aussi souffert, de son côté, pour vendre des routeurs ailleurs qu’en Chine. Huawei avait ensuite proposé de racheter 3Com, mais le gouvernement américain avait refusé l’opération en raison de la filiale sécurité de 3COM, Tipping Point, qui fabriquait des outils de sécurité utilisés par l’armée américaine. Ensuite, 3Com est tombée dans l’escarcelle de la division réseau de HP.
Effacer l’ambiance de suspicion mutuelle, sera l’un des objectifs du voyage du président chinois.
Pour revenir à Seattle, aujourd’hui, les autres invités à la fête « des amis » des sous-traitants chinois seront Tim Cook, le patron d’Apple et celui Microsoft, Satya Nadella. Le président chinois, Xi Jinping doit, de son côté, convaincre les Américains qu’il est encore un champion de la promotion de l’entreprise privée, tout en étant le garant de la chasse à la corruption. Il lui faut relancer les investissements US dans son pays où ils sont en baisse régulière depuis 2010, période à laquelle les chinois se sont eux aussi arrêtés d’acheter des bons du trésor US, un investissement peu rentable. Bref, tout le monde se tient par « la barbichette » des investissements, on en saura plus, dés ce soir.