C’est l’hypothèse formulée par la plateforme d’analyse de données et de tableaux de bord Trefis qui a réalisé une étude très sérieuse sur le sujet et dont la synthèse vient d’être publiée par le magazine Forbes. Trefis, qui se présente comme une société dirigée par des ingénieurs du MIT et des analystes de Wall Street, a même calculé que Microsoft pourrait débourser 260 milliards de dollars pour acquérir Adobe, soit une prime de près de 90% par rapport à la capitalisation boursière actuelle d’Adobe de 138 milliards de dollars.  « Microsoft et Adobe ont beaucoup en commun », écrit en préambule Trefis avant d’égrener une longue liste d’arguments susceptibles de justifier une telle opération.

Selon Trefis, c’est le contexte actuel de ruée vers l’analyse de données, illustrée par les rachats de Tableau par Salesforce et de Qualtrics par SAP, qui pourrait conduire Microsoft à envisager cette méga acquisition. Trefis souligne par ailleurs que Microsoft et Adobe sont proches, les deux sociétés ayant déjà annoncé plusieurs partenariats stratégiques. Confronté à la difficulté de monétiser sa suite Experience Manager sur son dernier trimestre fiscal, Adobe pourrait ne pas dédaigner l’aide de Microsoft.

Trefis insiste surtout sur la complémentarité de leurs offres, potentiellement source de valeur considérable pour les deux entreprises. Le portefeuille de produits d’Adobe peut être intégré à de nombreuses offres de Microsoft, estime Trefis, qui livre une série de combinaisons synergiques potentielles. Ainsi, la Creative Cloud d’Adobe s’harmoniserait bien avec les offres Microsoft Office et Game Pass, à l’en croire. De même, le Cloud Expérience d’Adobe se marierait parfaitement avec Azure, Bing et Office 365.

Experience peut également s’intégrer à Microsoft Dynamics. Azure pourrait être le bénéficiaire ultime des données d’analyse incrémentielles qu’Expérience est susceptible de gérer. Il convient également de mentionner le fait qu’Expérience fonctionne sur Microsoft Azure et que les produits de publication d’Adobe peuvent facilement être intégrés aux offres Microsoft Office et Dynamics.

Puis Trefis en vient à l’approche qui lui a permis d’estimer la valorisation d’Adobe dans l’hypothèse où Microsoft s’y intéressait. Le cabinet spécialisé dans les tableaux de bord estime d’abord la valeur des capitaux propres de Microsoft à 1.200 milliards de dollars, sur la base d’un revenu estimé à 139 milliards de dollars en 2021 et d’un multiple prix/ventes (capitalisation boursière sur revenu) de x8,6, et à 154 milliards de dollars pour Adobe (sur la base d’un revenu de 13,2 milliards de dollars et d’un multiple prix/ventes de x11,7).

En prenant pour hypothèse que l’entité combinée enregistrera un gain de revenu de 5% par rapport au chiffre d’affaires total des deux sociétés indépendantes en raison de la nature complémentaire de leurs offres, cela laisse entrevoir des revenus potentiels de 160 milliards de dollars pour l’entité combinée au cours de l’exercice 2021 (en supposant que l’intégralité des gains de revenus soit réalisée à partir de la première année suivant l’acquisition).

En partant du multiple prix/ventes de x8,9 de Microsoft et en tenant compte du fait que la fusion entraînera d’importantes économies de coûts récurrents, Trefis estime que la nouvelle entité atteindra un multiple prix/ventes supérieur à x9,1. Ce qui aboutit à une valorisation implicite de 1,46 billion de dollars pour l’entité combinée. Cela signifie que Microsoft pourrait débourser 260 milliards de dollars pour Adobe, sur la base d’une valorisation initiale de 1.200 milliards de dollars.

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