Les mentalités évoluent. Les populations sont de plus en plus enclines à intégrer l’Intelligence Artificielle (IA) dans leur quotidien. Pourtant considérée comme de la science-fiction il y a quelques années, l’IA et ses avancées technologiques sont déjà en passe de bouleverser des pans entiers de la société. La médecine a d’ores-et-déjà commencé sa mue avec l’utilisation de l’IA. 40%[1] des entreprises des secteurs pharmaceutiques et des sciences du vivant déclarent avoir déjà déployé des technologies d’IA et se montrent satisfaites de leur fonctionnement. Si la médecine a toujours évolué, l’avènement des intelligences artificielles va révolutionner et changer à jamais le secteur de la santé.
L’Intelligence Artificielle appliquée à la médecine va amplifier le potentiel humain
Au fil des siècles, la médecine s’est façonnée grâce à l’intelligence humaine qui a conduit à la progression des outils technologiques. De nos jours, le partage des données issues des résultats médicaux permet, par exemple, d’avancer sur des cas particuliers pour en améliorer les traitements.
Avec l’Intelligence Artificielle, le champ des possibles va nettement s’élargir. Le propre de l’IA est de s’améliorer au fil des savoirs accumulés. Ainsi, déployer cette technologie de façon plus large permettra de renforcer le potentiel humain en orientant l’Homme vers de nouvelles opportunités de travail. Les tâches répétitives pourront alors être assurées par les machines.
Mais les capacités humaines vont-elles véritablement être limitées par l’IA ? Il semble que les avantages techniques d’un robot l’emportent parfois sur ceux de la médecine traditionnelle concernant les diagnostics et les traitements. Dans une étude publiée par la revue Science Translational Medicine en mai 2016, le chirurgien pédiatrique Peter Kim déclare que le robot Children’s National Health System commet moins d’erreurs qu’un humain pour une intervention de chirurgie mineure de l’intestin. Il affirme également que les points de suture du robot sont de meilleure qualité.
Mais son intérêt n’est pas uniquement d’ordre « technique ». L’IA peut aller nettement plus loin en dévoilant un aspect beaucoup plus personnalisé de la médecine. A l’hôpital Necker par exemple, une adolescente souffrant d’une déficience de son ADN pouvant lui causer des troubles rénaux, hépatiques voire hématologiques a bénéficié d’une modification génétique de ses os. Depuis cette opération très spécifique, ses problèmes de santé ont disparu.
Ces avancées signeraient donc la fin de soins prescrits à tous et à grande échelle, parfois sans véritables chances de guérison.
Bien sûr, les capacités exceptionnelles de l’IA ne pourront garantir une guérison systématique de toutes les maladies et n’auront pas pour objectif de remplacer les médecins. Cependant, elles feront avancer la médecine de façon exceptionnelle et aideront à mieux comprendre certaines maladies et à établir des diagnostics plus rapidement.
Vers une simplification de la vie des patients à plusieurs niveaux
Avec l’apprentissage profond (deep learning) et l’apprentissage automatique (machine learning) qui s’accentuent, les IA accèdent à des quantités gigantesques de données existantes. Les chirurgiens pourront très vite pouvoir se référer aux meilleures pratiques médicales effectuées sur des cas de maladies rares. Ces innovations aideront un maximum de personnes et pourront contribuer à réduire les coûts liés au temps passé à chercher des solutions qui prennent des années voire des décennies avant de découler sur des solutions concrètes.
La société française DBV Technologies a d’ailleurs récemment développé un patch permettant de réduire les chocs allergiques liés à l’arachide. Il permet de faire consommer au patient le produit sans l’ingérer directement. Dans certains cas, l’allergie s’atténue progressivement, prouvant que les avancées en termes de machine learning permettent d’en connaître davantage sur les mécanismes du corps humain.
Grâce à ces capacités d’apprentissage des machines, il y a fort à parier que les signes avant-coureurs de certaines maladies pourraient également être décelés plus rapidement. Mais savons-nous réellement jusqu’où ces prouesses technologiques peuvent aider dans le domaine de la santé ?
En prenant l’exemple de l’urbanisation croissante des sociétés, certains territoires deviennent de véritables déserts médicaux. Les services publics tentent de freiner ce phénomène mais les solutions peinent encore à démontrer leur efficacité. L’utilisation de l’IA pourrait pourtant permettre de réaliser des diagnostics afin de soulager plus rapidement les patients et de réduire leurs craintes.
Un robot ne peut pas remplacer un véritable médecin. L’empathie et le contact humain restent nécessaires. Mais là où des maladies bénignes engorgent les cabinets médicaux, réaliser un check-up à l’aide d’une machine pourrait réduire les temps d’attente et accélérer l’obtention des traitements.
Mieux soigner grâce à une meilleure connaissance du corps
Une société belge du nom de Scanadu a créé un robot détecteur nommé Scanadu Scout. Il s’agit d’un scanner permettant d’effectuer des examens physiques, de collecter et stocker des informations en s’appuyant sur la mesure de la température, du rythme cardiaque et de la pression sanguine. Avec un smartphone, il est possible de surveiller son état de santé et de détecter le moindre signe anormal. Il s’agit surtout d’une technologie qui permet de mieux connaître son métabolisme. Avec une utilisation régulière, il est plus facile d’arriver à équilibrer son alimentation, son activité physique et voir comment le corps réagit à ces changements.
Mais l’Intelligence Artificielle ne sert pas uniquement à simplifier la vie de certains ou d’améliorer des opérations médicales. Elle peut surtout sauver des vies. La détection du mélanome par exemple peut faire monter le taux de survie à 98% chez les personnes atteintes de ce cancer si la détection a lieu avant que les ganglions lymphatiques ne soient touchés. Si malheureusement ce n’est pas le cas, le taux de survie chute à 16%.
Les 10 prochaines années vont être cruciales. Si les IA sont utilisées à bon escient, la croissance des technologies dans la médecine sera pharaonique. Ces avancées promettent d’accentuer les possibilités de l’homme.
Entre le premier smartphone en 2007 et la première intelligence artificielle qui a réussi à battre un humain au jeu de go, seulement 9 années se sont écoulées. Cela laisse présager des évolutions rapides et avantageuses pour la médecine.
[1] Etude réalisée par Infosys et Vanson Bourne en janvier 2017 dans 7 pays (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Chine, Inde et Australie) intitulé « Amplifying Human Potential : Towards Purposeful Artificial Intelligence » (L’intelligence Artificielle à l’ère de la maturité : vers l’amplification du potentiel humain), à l’occasion du WEF de Davos.
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Monika Orlowska est Partner chez Infosys Consulting