Le groupe 5G NORMA (Novel Radio Multiservice réseau adaptatif Architecture) qui rassemble 13 acteurs de la 5GPPP va se lancer dans des travaux prévus pour 30 mois. Il parait faire sécession avec la norme 5 G mondiale.
Norma qui est aussi l’opéra le plus connu de Vincenzo Bellini est une tragédie, espérons que cela ne sera pas le cas pour ce groupe. Le groupe rassemble, y compris Nec, la plupart des équipementiers européens : Alcatel-Lucent, Nokia Networks, la SSII Atos, les opérateurs Deutsche Telekom, Orange, Telefonica, des PME technologiques (Azcom Technology, Nomor Research, Real Wireless) et des universités (University Kaiserslautern en Allemagne, Kings College London, University Carlos III à Madrid). La copie de leurs travaux devrait être rendue fin 2017, soit bien avant que les premiers tests de réseaux 5G commerciaux ne commencent, dès 2018. Rappelons que la 5G devrait offrir, dans les dix ans à venir, un réseau sans fil ultra rapide de l’ordre de 10 Gbit/s, capable de supporter simultanément des dizaines de milliards de connexions, principalement générées par les objets et les capteurs connectés. L’objectif de la 5 G est aussi d’offrir une latence proche de zéro afin de faciliter l’exploitation d’applications industrielles. Ci-dessous une infographie proposée par la commission européenne.
Une pensée novatrice
L’objectif du groupe Norma est selon le communiqué de créer et de diffuser la « pensée novatrice » autour de l’architecture de ce réseau mobile mais aussi de « définir l’architecture de réseau mobile globale, y compris les réseaux de radio et de base, afin de répondre aux besoins exigeants des services multiples de la 5G » . Cette démarche paraît être parallèle à celle de l’UIT.
Le mois dernier, l’agence des Nations Unies pour l’UIT avait en effet pour sa part affirmé avoir établi une feuille de route globale pour le développement de la 5G, y compris les objectifs, le processus et le calendrier mais, tout en dévoilant le « IMT-2020 », le nom qu’il va utiliser pour cette nouvelle norme. Si l’on regarde dans le détail, Norma 5 G, ce groupe très européen, paraît mettre de côté les acteurs asiatiques et certains européens.
Norma est aussi à terme, le conflit des opérateurs et celui des fabricants
Tentés par les prix de fabricants asiatiques mais aussi conscients et enthousiasmés par le savoir faire en logiciel de leurs compatriotes, les opérateurs européens sont souvent pris au piège d’un choix cornélien. Faut-il viser les économies ou jouer la carte de la fraternité avec ceux que l’on connaît depuis des lustres ?
Le choix du nom Norma n’est pas, à notre avis, innocent ; il y a trop d’européens et d’universitaires pour que cela ne
L’opéra de Bellini n’a d’autre sujet que celui de la trahison, celle de ses propres convictions et celle de la découverte des trahisons des autres. C’est le quotidien de la vie des opérateurs. Partagée entre l’amour pour un des envahisseurs et le devoir de défendre l’honneur de sa propre famille, Norma, l’héroine de cet opéra, si bien interprétée en son temps par la Callas, finit par se sacrifier. ( image de la diva à droite). Gageons que pour de simples raisons économiques, la bataille que vont se livrer les fabricants et les opérateurs débouchera seulement sur des compromis, bien plus terre à terre.
Dans les instances de normalisation telecoms dont l’Europe a le secret, là où les discours sans fin se succèdent comme des litanies, l’envie pour certains de créer des sous groupes plus dynamiques avec les personnes qu’ils apprécient n’est pas nouvelle. Cela a existé dans toutes les assemblées depuis la Grêce antique. C’est aussi le problème des démocraties ou la domination d’un groupe finit par créer des tensions qui n’existent qu’en réaction à des mises à l’écart. C’est ce qui risque d’arriver avec la création du groupe Norma dans la 5G car les chinois et les américains ne supporteront pas d’être mis sur la touche » européenne », une vraie fausse note.
Cette tendance à la multiplication des comités « théodule » comme les nommait Charles de Gaulle, s’explique facilement par l’obsession des européens à retrouver le leadership perdu après la 3G et l’avénement de la 4 G et du lobbying du wifi opérés par les américains.
En attendant les problèmes, les réseaux devraient intégrer les technologies existantes, telles que le Wi-Fi, dans un nouveau système. Une nouvelle architecture est nécessaire pour administrer ce mélange multicouches, ainsi que l’intégration des systèmes de facturation déjà existants dans les applications futures.
La 5G Norma fournira également une API d’accès afin de permettre aux acteurs du Net (OTT) de tirer parti de cette architecture et de leur faciliter le développement de nouveaux modèles économiques.
L’objectif actuel du groupe 5G Norma est aussi de donner à L’Europe une position de leader dans la 5G.
« L’approche NORMA rompt avec le paradigme des anciens réseaux rigides « . La 5 G devrait adapter l’utilisation du réseau en fonction des besoins de services, ainsi que les changements dans la demande de trafic et la topologie du réseau. Des mécanismes qui s’appuieront sur les nouvelles technologies de virtualisation des fonctions réseau (NFV). L’objectif du groupe est aussi d’obtenir l’unification des fonctions d’accès et centrales.
Le groupe va aussi œuvrer dans un autre registre en tentant d’analyser les avantages socio-économiques que les innovations 5G NORMA procureront. Cela permettra de déterminer la valeur de l’industrie du mobile et des services proposés aux utilisateurs.