La responsabilité personnelle d’un dirigeant peut être engagée si son entreprise a été reconnue coupable d’utilisation de logiciels non conformes aux droits de licence. C’est l’enseignement de plusieurs décisions en matière de contrefaçon de droit d’auteur, et en particulier de logiciels, qui ont été rendues dans des procès intentés par des éditeurs de logiciels membres de BSA | The Software Alliance en France.
La contrefaçon de logiciels, désormais faute détachable des fonctions du dirigeant
La responsabilité personnelle d’un dirigeant peut en effet être engagée s’il commet une faute détachable de ses fonctions. La jurisprudence décrit celle-ci comme « la réalisation intentionnelle d’une infraction d’une particulière gravité incompatible avec l’exercice normal des fonctions sociales ». L’une de ces fautes engageant la responsabilité personnelle du dirigeant concerne notamment les actes de contrefaçon résultant de la violation délibérée d’une obligation légale.
La contrefaçon de logiciels entre dans ce cadre et peut donc mettre en cause la responsabilité personnelle du dirigeant ainsi que sa société, comme l’ont montré trois cas récents d’entreprises en France.
Plusieurs éléments peuvent ainsi engager la responsabilité personnelle du dirigeant dans des cas de contrefaçon de logiciels :
– Le nombre important de copies illicites de logiciels constatés, au regard de la taille du parc informatique de la société : le dirigeant ne peut pas nier l’ampleur des actes de contrefaçon.
– L’activité de la société : le dirigeant ne peut pas ignorer que ses employés doivent nécessairement utiliser des logiciels spécialisés afin de pouvoir exercer leurs fonctions.
– L’utilisation de « cracks » et de générateurs de clés : le dirigeant ne peut pas cacher sa volonté délibérée d’organiser, de maintenir et de poursuivre les agissements délictueux en renonçant à acquérir un nombre de licences suffisant.
Un risque de lourdes sanctions
Désormais, avec ces décisions judiciaires, le dirigeant, une fois sa responsabilité personnelle engagée, encourt une condamnation solidaire avec la société qu’il dirige. Etant personnellement considéré responsable des actes de contrefaçon au même titre que sa société, il devra payer des dommages et intérêts pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros, et cela, sur ses fonds propres si sa société ne peut pas prendre en charge le règlement de ces pénalités.