A l’occasion, cette semaine, du Salon « Nautic » à Paris, l’agence régionale de développement et d’innovation, Bretagne Développement Innovation (BDI), avait invité deux firmes innovantes impliquées dans le développement des équipements de plaisance. L’occasion de faire le point sur l’impact des nouvelles technologies dans deux entreprises originales.

 

Ino-Rope, installée à Concarneau, est spécialisée dans l’intégration de solutions textiles dans le nautisme. Après plusieurs années de course au large, et en particulier la mini transat 6.50 thibault-arrivée, deux copains, l’ingénieur Thibault Reinhart  (photo lors d’une transat) et le spécialiste du matelotage, Julien Barnet, se sont mis à fantasmer sur la réalisation d’une poulie ultra légère et révolutionnaire. Son axe reposerait sur du Dyneema, un textile à base de polyéthylène, trés courant dans la course au large. Très léger et utilisé de plus en plus pour les haubans, il se distingue par un très faible coefficient de frottement, comparable au téflon. Selon les encyclopédies sur le sujet, ce type de polyéthylène (PET) est autolubrifiant, et est très résistant à l’abrasion, dans certaines formes il est jusqu’à 15 fois plus résistant à l’abrasion que l’acier. Pour tenir l’axe et son anneau central, les deux compères sont entrés en contact avec un spécialiste des plastiques et fabricant, Actuaplast, à La Fôret-Fouesnant, qui se charge de la fabrication du corps de la poulie.

La 3 D au coeur des recherches
Elle exploite des imprimantes 3D ultra précises pour modéliser les projets de ses clients. Pour Thibault Reinhart : « Comme le système repose sur l’auto polissage des éléments, il faut prévoir une phase de rodage. On travaille au centième de millimètres, à l’aide de l’imprimante 3D, dont la mise au point a été trés importante. On est dans le traitement de surface. On a eu l’accès à leur bureau d’études qui nous a supporté dés le départ. Ils sont extrêmement précis et notre principal souci a été de protéger notre projet de la copie. On a plus dépensé d’argent en avocats et dépôts de brevets que pour le reste. ino-rope-ino-block-31-270x270
Notre objectif est de créer une véritable entreprise indépendante et c’est bien parti grâce à la région. On travaille sur d’autres poulies, plus industrielles, avec mon école d’ingénieurs car le marché du nautisme, en terme de volumes, reste limité ». Au sein du pôle Kaïros, la petite entreprise qui vient de recevoir 250 000 euros de fonds de lancement a su rassembler des spécialistes. Les anneaux métalliques sont fabriqués chez Bretagne Surfaces Technologie à Brest et la corderie Lancelin à Ernée se charge de l’axe en textile. Le montage final est réalisé à Concarneau. Crée, il y a plus de 3000 ans, selon des bas reliefs assyriens, la poulie parait « réinventée » en Bretagne, grâce à l’imagination et l’intelligence de deux amis, de la 3D et des outils électroniques.

 

Des agrafes chirurgicales au moulin à café

Autre entreprise atypique, celle de Michel Chenon, qui a mis au point à Saint Malo un winch ultra rapide, le fameux moulin à café, qui permet de border ( tendre) les voiles en un clin d’œil. Jusque-là spécialiste de la fabrication des agrafes chirurgicales, il a revendu l’essentiel de son activité pour se consacrer aux outils de sa passion, ceux de la voile au sein de son entreprise Pontos. Depuis plus de 40 ans, les winchs, les successeurs des cabestans, n’avaient pas beaucoup évolué. Leur principe repose sur un jeu de pignons situé à l’intérieur du winch qui démultiplie la force exercée sur la manivelle dans un rapport qui peut aller de 1/5 sur les plus petits winchs (1 force de 1 kg exercée sur la manivelle se traduit par une traction de 5 kg sur le cordage) à 1/120 sur les plus gros. Avec 4 vitesses et un véritable système d’embrayage automatique, les winch Pontos de Michel Chenon permettent d’embraquer (tirer sur les cordages) sans fatigue, ce qui devient important pour les amoureux de la voile, de plus en plus âgés. Pontos_webL’âge moyen des abonnés des clubs de voile serait de 63 ans, celui des propriétaires de grands voiliers de prés de 69 ans. Pour la conception des winchs, la conception en CAO 3D au centième de millimètres utilisés par le bureau d’étude et les sous traitants, loin de Saint Malo, des fondeurs italiens, a permis de concevoir des prototypes sans trop de délais.

La bataille commerciale ne fait que débuter

Dans ces deux cas, le mariage de la passion, de la conception électronique et l’utilisation d’outils d’avant garde en mécanique a permis de simplifier la réalisation de prototypes. S’ils révolutionnent des systèmes anciens, leurs succès, sur le marché international, ultra concurrentiel, restent à confirmer. Ces nouveaux produits réclament des infrastructures et des ressources commerciales d’une envergure mondiale.