Juniper Networks vient de dévoiler, à l’occasion de sa conférence utilisateurs, cette semaine à Santa Clara, NXTWORK 2015, la mise en service de la nouvelle version de son OS , « désagrégé » ou « dissocié », désormais conçu pour la virtualisation des réseaux et une nouvelle ligne de commutateurs d’accès.

La firme vient d’opter pour une solution, dans l’optique du SDN, qui sépare complètement le hardware du soft. Elle propose une solution de virtualisation au sein même de son OS Junos. Cela permettra de programmer directement les systèmes et leurs applications avec d’autres OS, d’origines différentes. L’accent mis sur les applications virtualisées pour le réseau est aussi, dans une certaine mesure, la trajectoire qu’ont aussi pris les grands des réseaux. Cisco, HP et Arista ont choisi la création d’un écosystème d’applications en réseaux depuis que les serveurs pilotent l’ensemble; avec l’aide des fonctions NFV et du SDN. Juniper propose de nouvelles API  (les interfaces de programmations) nécessaires pour développer des applications sur la base du modèle logiciel Open Compute Consortium (OCP), le projet de serveurs en marque blanche auquel Juniper participe depuis plusieurs années. Dés l’an passé, en décembre, la firme, à la sortie de son commutateur OCX 1100, proposait déjà sur son Os Junos, dérivé de Linux, de nombreuses interfaces pour programmer ( Python, Puppet et Chief)  essentiellement  pour créer des scripts personnalisés et des applications pour interagir avec Junos. L’OS de Juniper en version « dissociée » offre un support pour l’installation native d’outils dans son coeur, y compris ceux qui permettent non seulement la programmation, mais aussi le provisionnement d’applications qui seront dés leurs créations, distribuées. Outre son kit de développement logiciel Junos (SDK), la firme promeut donc son système « Open Network Install Environnement » (ONIE) qui  comme son nom l’indique, permet le chargement de systèmes d’exploitation de réseau tiers, ce qui a permis par exemple à la firme de devenir le premier promoteur de la virtualisation NSX prônée par VMware. Juniper se libère ainsi de la critique classique liée au nombre limité d’applications fonctionnant dans son écosystème.

Plus de privatisation ?

Pas de nouvelles en revanche sur les rumeurs de privatisation. La direction de l’entreprise avait chargé Goldman Sachs, selon des proches du dossier, d’étudier cette formule. Comme pour BMC, Blue Coat, Dell ou Riverbed, l’objectif de certains dirigeants était d’échapper à la « dictature » des actionnaires dont les visions stratégiques sont souvent limitées par les besoins de retour sur investissements à court terme. À ce propos, la presse boursière US a précisé qu’en janvier 2014, un des grands « hedge funds », Elliott Associates, avec l’aide d’un second, Jana Partners, avait préconisé aux actionnaires et à la direction de Juniper de réduire ses réserves de trésorerie et ses  coûts d’exploitation. C’était juste avant qu’un nouveau jeune PDG, Shaygan Kheradpir, ex-patron de la division E business de Verizon, ne soit officiellement nommé. L’objectif était de faire remonter l’action à plus de 30 dollars, alors qu’à l’époque, elle flottait entre 27 et 23 dollars. Au mois de  février, pour être tranquille, le board de Juniper a fini par conclure un accord avec le fond Elliott Associates et d’autres parties prenantes pour un plan intégré d’exploitation (PIO). Celui-ci a nécessité le rachat de 2 milliards de dollars d’actions, tout en réduisant les charges d’exploitation de 160 millions de dollars. L’opération nécessitait aussi la nomination de deux nouveaux membres à son conseil d’administration considéré par le « hedge funds » comme un repère d’ingénieurs dépensiers.

Des manoeuvres inattendues et un départ

Cette situation était quasi identique à celle de Dell qui s’était aussi vu menacer par un petit groupe d’activistes, dont le célèbre Icahn en l’occurrence. En avril 2014, la firme a donc dû licencier 6% du personnel de l’entreprise (570 postes) pour réduire ses dépenses, une solution récurrente depuis 4 ans qui avait eu pour effet de dresser les équipes de développement produits contre celle de l’administration financière, soupçonnée de vouloir vendre la firme par appartement à l’un de ses concurrents directs. La révolution couvait, dans les bureaux de Sunnyvale, chacun voyant les fantômes de concurrents mal intentionnés tenter de ruiner plus de 20 ans de création d’avant-gardes. En novembre 2014, le nouveau PDG, Shaygan Kheradpir, a démissionné de façon inattendue après qu’un examen conduit par le conseil d’administration de Juniper l’ait mise en cause dans une négociation avec un client de Juniper. Ce dernier, après être passé dans le fond Marlin Equity Parnters est devenu le patron de Coriant, un fournisseur de commutateurs optiques, géré par le même fond. Chez Juniper, un autre  dirigeant, présent depuis 17 ans chez Juniper, Rami Rahim, a immédiatement pris sa place en tant que PDG. Malgré l’envie de sortir de la bourse, l’état d’esprit de la direction a dû changer. Les bons résultats récents du 3e trimestre ont fait remonter le cours (12,3 % en trois mois) et désormais un rachat par un groupe minoritaire d’actionnaires semble s’éloigner. Selon la bourse de New York, la progression du titre Juniper Networks sur un an a été de 42,33%  ( voir ci-dessous, évolution de la valeur du titre sur Yahoo finance en cinq ans).

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Pour en revenir à la sortie des nouveaux produits, après un point sur la situation économique de Juniper, cinq sujets dominent chez le fabricant. C’étaient ceux des principales thématiques du forum utilisateurs de Santa Clara :

1 – La  virtualisation pour les réseaux opérateurs avec les Network Functions Virtualization (NFV).

2 – L’ offre de réseaux virtualisés pour les entreprises (Software-Defined Networking SDN)

3 – La plateforme de serveurs Cloud-Enabled Enterprise. À ce propos, Juniper a profité de son événement utilisateurs à Santa Clara pour présenter son offre Cloud CPE, une solution NFV (Network Function Virtualization) entièrement automatisée qui repose sur un framework ouvert pour aider ses clients (a priori surtout les opérateurs) à fournir de nouveaux services à grande échelle. Cloud CPE comprend Contrail Service Orchestration, une plateforme complète d’administration et d’orchestration des services de réseaux virtualisés, et NFX250, première d’une série de plateformes de services réseaux aussi sécurisées et performantes qu’un équipement physique déployé en local, exécutant plusieurs fonctions réseaux virtualisées développées à la fois par Juniper et des éditeurs tiers.

4 – Les équipements de sécurité (Secure Networking)

5 –  Data Center Virtualization. A ce sujet, Juniper annonce la disponibilité de Junos Space Director, un outil d’administration censé simplifier la mise en service des équipements. Juniper propose aussi pour VMware, vRealize Operations, en plus de l’interopérabilité avec VMware vCenter Server, une série d’utilitaires. Les utilisateurs ont une vue d’ensemble de l’état, de la capacité et de la performance de l’infrastructure réseau de l’entreprise, et un meilleur contrôle de l’administration des réseaux physiques et virtuels.

Des  commutateurs « universels »

La firme lance une nouvelle série de commutateurs Ethernet, les QFX 5200 respectant le standard 25/ 50 de la norme gigabit Ethernet avec les mêmes fibres optiques. Ces commutateurs supportent donc la version «dissociée» du logiciel Junos et profiteraient de la puissance d’un processeur de serveur à quatre cœurs.