En 2013, le volume en chiffre d’affaires des acquisitions effectuées en France dans le secteur IT a doublé avec 2,1 milliards d’euros, une année record depuis plus de 15 ans.
Sur un marché IT dont la croissance est en berne (-0,3 % en 2013 selon les chiffres de Syntec Numérique), les acteurs incluant les éditeurs de logiciels et les ESN, se sont montrés particulièrement actifs en 2013, constate le cabinet APM dans la dernière édition de son Baromètre IT annuel. Un quasi-doublement par rapport à 2012, un nombre de rachats de sociétés françaises de logiciels et services informatiques en croissance de 19 % avec 126 opérations et une stabilité des acquisitions opérées par les sociétés françaises à l’international, telles sont les principaux faits qui auront marqué l’année 2013.
« L’année 2013 illustre parfaitement la tendance de fond du secteur IT à la consolidation. Avec la diminution des incertitudes macro-économiques, le mouvement a pris une ampleur inédite et se renforcera encore dans les années à venir », pronostique Pierre-Yves Dargaud, président du cabinet APM.
En France, près des deux-tiers du chiffre d’affaires des acquisitions l’ont été par des sociétés françaises et le reste par des sociétés étrangères. Le millésime 2013 compte, pour la première fois depuis six ans, un « méga deal » dans l’hexagone avec le rachat d’Osiatis par Econocom et se distingue par des opérations marquantes telles que les rachats d’Euriware par Capgemini, d’Alti par l’indien Tata, de HR Access par Sopra et de Neolane par Adobe.
Le chiffre d’affaires moyen de la société ayant fait l’objet d’une acquisition s’élève à 16,5 M€, en forte augmentation (59 %) par rapport aux 10,4 M€ de 2012. Cette croissance témoigne de la montée en puissance des opérations portant sur les cibles du midmarket pesant plus de quelques dizaines de millions de chiffre d’affaires unitaire. Ce chiffre global masque une forte disparité sectorielle : 24 M€ pour les ESN et 8 M€ pour les éditeurs de logiciels.
Les ESN tirent les fusions-acquisitions
Ce sont bien les ESN qui tirent la croissance du volume global avec 1,65 milliard d’euros, un chiffre en hausse de 106 %. Ainsi, effaçant la baisse passagère observée l’année précédente, l’exercice 2013 dépasse également le niveau enregistré en 2005, année du dernier « big deal » dans le secteur des ESN avec le rachat d’Unilog par Logica. Le millésime a porté sur 70 cessions d’ESN contre 64 lors de l’année précédente.
Après un léger fléchissement en 2012 (42 opérations pour un chiffre d’affaires de 298 M€), le secteur du logiciel, connaît une hausse très marquée de +45 % du volume de chiffre d’affaires avec 433 M€ pour un nombre record de 56 cessions. Le marché a fait preuve d’une très bonne dynamique avec un tiers des volumes acquis par des acteurs anglo-saxons.
Prudence des fonds d’investissement et retour des acheteurs étrangers
Après une percée remarquée des opérations réalisées par des fonds d’investissement en 2011 (17 transactions, CA = 409 M€), suivi d’un effondrement en 2012 (7 opérations, CA= 172 M€), le millésime 2013 amorce une reprise timide avec 14 opérations pour un volume de chiffre d’affaires cumulé égal à 293 M€.
Avec un peu plus de 700 M€ pour 23 opérations (contre 250 M€ et 16 opérations en 2012), l’exercice 2013 marque le retour des acquéreurs étrangers sur les cibles françaises. L’acquisition d’Osiatis par le belge Econocom contribue bien évidemment à imprimer la tendance mais l’un des faits marquants de l’année 2013 est l’arrivée des ESN indiennes qui ont successivement avalé Alti (membre du top 30 français), acquis par le groupe Tata, puis Equinox Consulting, un leader du conseil dans le monde de la banque, racheté par Cognizant. Autre évènement phare de l’année 2013 concerne le rachat, à un niveau de prix stratosphérique, de l’éditeur en mode Saas Neolane, spécialisé dans le marketing multicanal, par Adobe, confirmant l’attraction des anglo-saxons pour les plus belles pépites françaises.
Le millésime 2013 marque une stabilité du nombre des rachats d’entreprises étrangères par des sociétés françaises. Cette stabilité globale est due à l’absence de grosses opérations comme celles effectuées lors des dernières années par Akka Technologies avec le rachat en 2011 de l’allemand MB Tech, ou les acquisitions marquantes en 2010 de Siemens IT Solutions par Atos et de CPM Braxis au Brésil par Cap Gemini. L’année 2013 n’aura, comme en 2012, pas vu se concrétiser d’opération de taille exceptionnelle et la seule acquisition ressortant du lot restera celle, réalisée par le groupe Altran, d’Industrie Hansa, une ESN allemande dont les revenus étaient de 161 M€. Dassault Systèmes s’est, une fois de plus, distinguée avec cinq acquisitions hors des frontières, aux Etats-Unis, UK et surtout en Allemagne avec notamment le rachat de Realtime Technology.
Les opérations significatives des 4 dernières années
ESN | Editeurs de logiciels | |
2013 | Acquisition de Industrie Hansa (Allemagne – CA=161 M€) par Altran | Acquisition de RealTime Technology (Allemagne – CA=75 M€) par Dassault SystèmesAcquisition de CapitalStream (USA – CA=30M€) par Linedata Services |
2012 | Acquisition de Qurius NL (Pays-Bas – CA=40 M€) par Prodware | Acquisition de Callataÿ & Wouters (Belgique – CA=88 M€) par Sopra GroupAcquisition de Gemcom (Canada– CA=72M€) par Dassault Systèmes |
2011 | Acquisition de MBTech Group (Allemagne – CA=350M€) par Akka Technologies | Acquisition de AIVE Group (Italie – CA=56M€) par Cap Gemini |
2010 | Acquisition de Siemens IT Solutions (Allemagne – CA = 3 670M€) par Atos OriginAcquisition de CPM Braxis (Brésil – CA = 450M€) par Cap Gemini | Acquisition de l’activité PLM d’IBM (USA – CA = 381M€) par Dassault Systèmes |