La formule E qui rassemble des monoplaces 100% éléctriques, les ordinateurs portables et les serveurs ont le même souci commun : tenir le plus longtemps la charge et peu consommer. L’écurie de Formule Electrique DS Virgin Racing est arrivée deuxième au grand prix de Putrajya en Malaysie, ce week-end, grâce à l’un de ses deux pilotes, Sam Bird. Mais il a pu s’appuyer sur les laboratoires de HPE, l’un de ses sponsors, qui travaille d’arrache-pied pour optimiser l’utilisation de l’électricité dans les monoplaces et surtout de leurs batteries. Les monoplaces de Formule E sont d’ailleurs exposées au Bourget cette semaine à l’occasion de la COP 21, la réunion sur le climat. Une occasion unique de faire découvrir un sport mécanique « presque » non polluant.

Sur le fond, Formule E et Formule 1 ne sont pas si différentes en dehors du moteur. Les trois quarts des données transmises par radio numérique aux serveurs sont similaires ( paramètres des suspensions, boîtes de vitesses, températures des freins, états des pneus, pression de tous types ) à celles de la formule 1, qui rappellons-le, à titre de comparaison, est de son côté depuis deux ans à propulsion hybride, un changement bien maitrisé par Mercedes qui domine depuis lors. La formule 1, par rapport à la formule E ,exploite un classique V6 turbocompressé de 1,6 litre de cylindrée qui fournit environ 650 chevaux auxquels s’ajoute deux sortes de petits moteurs éléctriques totalisant 160 Hp qui se rechargent aux freinages selon le principe du Kers ( Kinetic Energy Recovery System), celui de volants enmagasinant l’énergie cinétique.graham-murdoch-formula-e-detail La formule E est plus simple : il s’agit d’un moteur électrique de 270 ch conçu par Mac Laren et de 200 kilos de batteries conçues par l’écurie Williams. Cela suffit pour monter à 100 km/h en 3 secondes.

Si en France, on s’intérresse de plus en plus à la formule E, c’est que nos deux grands constructeurs automobiles, PSA Peugeot Citroen par  l’intermédiaire de sa marque DS et Renault en son nom propre, y sont impliqués. Outre plus de huit pilotes provenant de la formule 1, 6 pilotes français sont aussi au départ, ce qui est réconfortant face à l’unique pilote de F1 actuel, Romain Grojean. Notre meilleur espoir en formule E est certainement Jean Eric Vergne, ex-membre de l’écurie Torro Rosso en F1, pilote d’essai Ferrari qui fait justement partie de l’équipe DS Virgin. Pour l’instant, la notoriété de cette formule est limitée par l’omniprésence de la Formule 1, mais son succès va croissant dans la mesure où les courses s’avèrent très animées du fait des très faibles écarts entre les véhicules. De plus, la plupart des courses se déroulent au coeur des trés grandes villes et le suivi sur Internet avec les paris et le Fan boots, l’appui des admirateurs via tweeters, sont absolument impressionnants. Seul regret, le bruit extrordinaire de moteurs à explosion remplacé par les sifflements stridents des moteurs électriques. Mais pour ceux qui habitent à proximité d’un circuit, cette notion d’agrément sonore est toute relative.

Paris, Pékin, Los Angeles, Berlin, Londres, sont au programme de la saison 2015-2016. C’est aussi un objectif lié à l’utilisation des véhicules électriques en ville. La ville de Paris, en avril prochain, recevra ainsi autour des Invalides, cette formule inédite de courses sous le signe des économies et de l’écologie. Bien sûr, avec des monoplaces monotypes de moins de 800 kilos pour 270 chevaux, on reste très loin des Autolibs mais la recherche de la performance sera à terme, bénéfique. La comparaison en terme de performance devrait se faire avec les  GP3 et GP2 qui dépassent aussi les 250 kilomètres par heures en ville. C’est le coté écologique et la notoriété mondiale du patron de Virgin, Richard  Branson, un roi de la communication, qui a convaincu Meg  Whitman, la patronne de HPE de s’impliquer, via l’écurie DS Virgin, dans ce nouveau sport. Lors de la conférence utilisateurs, HP  Discover 2015, celle-ci a rappelé, après la présentation de l’écurie  » HPE », que l’optimisation de l’exploitation de l’énergie électrique selon un modèle de course faisait totalement partie des études menées par HP pour réduire l’impact carbone de ses serveurs. Mais la formule E sert aussi de plateforme publicitaire pour ses outils de traitement de L’IOT.

Les données structurées et non structurées sont analysées dans le détail

Toutes les données structurées en provenance des capteurs ( 2 Mégaoctets) pendant les essais sont injectées dans  les serveurs de traitement Vertica ( HPE) à distance et rapatriées après traitements, dans des délais trés courts. La nécessité d’optimiser les interventions est réelle car les essais qui se succèdent en quelques heures ne laissent pas trop de temps pour les réglages les plus fins, ceux qui en fait donnent les dixièmes pour gagner. En course, le fait d’économiser son énergie pour retarder au maximum son arrêt, peut être décisif. La course qui ne dure que 55 minutes est marquée par un arrêt obligatoire au stand, non pas pour changer de batterie, mais pour changer de véhicule. Les 20 pilotes ont en effet chacun deux véhicules à leurs disposition, ce qui peut paraitre troublant. Mais les  charges des batteries de 200 kwatts s’évanouissent en 30 minutes. il faut donc savoir optimiser leur usage grâce au big Data ( image des batteries de chez Williams ci-dessous )

Formula-E-batteryPar contre, les données non structurées pour les vidéos et le Fan boost sont traitées  dans l’application Autonomy chez HPE. L’écurie DS / Virgin va  d’ailleurs se concentrer sur les informations provenant du Fan Boost.

Si le cirque de la Formule E ne comprend que 10 équipes, le nombre de personnes ciblées dépasse les dix millions de fans.

Si les chassis ont tous le même aspect en dehors des peintures et publicités de la même origine, c’est qu’ils sont fabriqués par un sous traitant de Renault. La monoplace qui s’appelle Spark SRT01E  a été conçue et les chassis sont assemblés par les équipes de Renault sport. Les 42 véhicules ont des coques carbone réalisées par la firme italienne Dallara (qui fabrique aussi entre autres les monoplace de Formule Indy). Les 200 kilos de batteries sont  fournies par Williams à toutes les équipes et un seul train de pneus Michelin rainurés de 18 pouces est utilisé par course, qu’il pleuve ou pas, une véritable économie vis à vis des dizaines de trains utilisés par la Formule 1.

Les constructeurs français sont en pointe

Chez Renault Sports, à Viry Châtillon, on intègre et met au point tous les systèmes embarqués : moteurs et boîte de vitesse (produits par MacLaren), ECU et donc la batterie (Williams). La présence de DS  avec l’écurie Virgin, pour PSA, tenait à la présence de ses autres marques dans d’autres championnats. Il ne fallait pas faire concurrence à la structure principale Citroën, déjà engagée en rallye (WRC) et en Touring Car (WTCC), ni à Peugeot qui s’est lancé dans les rallyes-raid ( Paris Dakar). Les programmes en Endurance et en Formule 1, eux, étant devenus hors de prix, il restait la Formule E, un championnat né l’an passé et qui enthousiasme les passionnés d’innovations.

La puissance autorisée pour les moteurs varie de 150 à 170 kilowatts (soit environ 225 chevaux) en course, mais elle reste de 200 kilowatts (270 ch.) pour les qualifications. Les moteurs électriques -unique ou double- sont désormais libres, c’est l’évolution principale de cette année et chaque écurie à le droit d’utiliser son propre ensemble moteur/boîte, une porte ouverte à la recherche d’une meilleure efficacité et aux logiciels d’optimisation des usages. C’est notamment le cas de Renault, qui s’engage officiellement et a donné son nom à l’écurie e.dams,  l’écurie championne du premier championnat 2014-2015.

Les 11 courses réparties sur 3 continents sont précédées par les essais, le tout se déroulant sur une seule  journée

Aux essais, les cinq meilleurs des essais qualificatifs repartis dans 4 groupes partent chacun pour un tour, seul contre le chrono afin d’attribuer les cinq premières places de la grille de départ. La pole position rapporte trois points au championnat. Le plus amusant, c’est que les supporters peuvent aider leur pilote favori en votant via Internet : c’est le Fan Boost. Les trois pilotes élus disposeront d’une puissance supplémentaire et temporaire (jusqu’à 200 kW), de 2,5 secondes, qui fera temporairement passer la puissance de 180 à 270 cv. utilisable en une seule fois et seulement sur leur deuxième voiture, en seconde partie de course. Ci-dessous la monoplace de Jean Eric Vergne de l’Ecurie DS Virgin présentée à Discover 2015.

 

 

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Si le cirque de la Formule E ne comprend que 10 équipes soit environ 200 personnes le nombre de personnes ciblées dépasse les dix millions de fans.