Des plus grandes métropoles aux villages, tous les territoires se rêvent « Smart ». Promesse d’une gestion plus durable des ressources naturelles et des énergies, de services plus performants, d’interactions simplifiées avec les administrés et d’une meilleure qualité de vie pour les habitants, la Smart City devient nécessité dans un monde à l’urbanisation galopante. Mais pour les collectivités, mettre en œuvre une stratégie « Smart City » peut vite se révéler un véritable casse-tête face à un écosystème IoT en pleine mutation. Quelle technologie privilégier pour s’assurer du meilleur service et surtout de la pérennité de l’infrastructure pour les développements futurs ? Comment faire un choix entre tel ou tel opérateur de réseau ? Partout dans le monde des standards émergent, des alliances se créent, des réseaux sont déployés, mais impossible aujourd’hui de savoir qui aura eu raison et qui aura eu tort. Difficile dès lors pour les collectivités de s’y retrouver dans cet univers si fluctuant.

Et si le meilleur choix pour elles était de ne pas en faire…

Un écosystème en pleine mutation

En à peine plus d’une décennie, les objets connectés se sont immiscés dans notre quotidien. Les objets sont devenus intelligents, communiquent entre eux et délivrent de précieuses informations et ce, dans tous les domaines : santé, sécurité, industrie, gestion énergétique, qualité de l’environnement urbain…. Pourtant ce mouvement n’en est encore qu’à ses prémices et tous les analystes s’accordent à prévoir des milliards d’objets connectés et une croissance exponentielle de ce marché dans les années à venir. De quoi aiguiser l’appétit des acteurs de ce secteur, en particulier les opérateurs de réseau sans lesquels le développement de cet Internet des Objets serait impossible.

L’écosystème IoT est en pleine effervescence, en constante mutation en France, comme dans le monde. Les opérateurs font des choix, développent des technologies et investissent en masse dans des déploiement d’infrastructures de réseaux. Certains font le choix de protocoles propriétaires, assez fermés et nouent des partenariats avec des industriels travaillant avec eux sur cette technologie. D’autres optent pour des protocoles plus ouverts, permettant davantage d’interopérabilité. Des standards de communication émergent et c’est là la grande mutation actuelle. En France, les plus connus sont LoRaWan, choisi notamment par deux grands opérateurs nationaux, Orange et Bouygues ou encore Sigfox, qui lui fait le choix de déployer un réseau mondial, du moins transfrontalier. Ailleurs, on parle NB-IoT et tous s’enthousiasment sur les possibilités qu’offrira la 5G à venir…

L’avenir nous dira qui aura fait les bons choix et qui se sera trompé. Ce qui semble certain en revanche, c’est qu’il est très peu probable qu’un seul standard unique s’impose.

Pour les collectivités, la nécessité d’une standardisation

Pour les collectivités, soucieuses de mettre en place rapidement des stratégies de smart city, cet écosystème en pleine ébullition peut représenter un dilemme. Quel réseau, quel protocole sera le plus pertinent pour mettre en place les différents usages d’une smart city efficace et durable ? La question se pose de savoir si faire un tel choix est vraiment leur sujet. Les collectivités ont pour objectif de mettre en place des services pour améliorer la gestion de l’eau, des énergies, de l’environnement urbain, des services aux habitants, de mobilité, pas de s’impliquer dans des débats technologiques. Bon nombre d’entre elles ont déjà fait ce choix et là encore on entre dans une nouvelle mutation. De plus en plus de collectivités expriment clairement leur souhait de se voir proposer un réseau unique pour tous les services qui devront être mis en place dans le cadre de leurs projets de smart city souvent par nature déjà complexes. Elles sont de plus en plus nombreuses également à prendre conscience et donc à refuser le risque d’un enfermement technologique dans des protocoles propriétaires qu’il devient ensuite très difficile de quitter.

Les appels d’offres le démontrent, de plus en plus de collectivités aujourd’hui ont des exigences très claires en termes d’interopérabilité des services qui permet aux villes de réduire leurs coûts en mutualisant leurs développements et surtout de s’assurer de la pérennité et de l’évolutivité de leur stratégie de smart city. En outre, les standards technologiques leur laissent davantage de liberté dans les choix actuels ou futurs des entreprises délivrant les services. C’est aux prestataires de s’adapter afin de répondre au mieux à cette attente.

Les réseaux d’eau comme socle de la smart city

Une ville est un écosystème vivant, une ville change, se transforme en fonction du nombre de ses habitants, mais également en fonction de nouveaux modes de vie et d’évolutions sociétales. Une stratégie de smart city est donc vouée à évoluer dans le temps. La population mondiale est de plus en plus urbaine et les villes doivent s’y préparer et s’assurer que les services mis en place sont évolutifs et « Future Proof ». Il est une constante dont on est certain qu’elle perdure quelles que soient les transformations : l’eau ! Les collectivités en sont conscientes et la mise en œuvre de compteurs d’eau connectés est souvent l’un des premiers, voire le premier service déployé. Au-delà des bénéfices évidents que ce service apporte à la ville (meilleure gestion de la ressource, économies, détection de fuites, service aux usagers…), cela présente un avantage considérable pour une démarche de smart city. En effet, cela permet à la collectivité de s’assurer d’une couverture optimale de son territoire et au plus précis. Partout où il y a des hommes, il y a de l’eau !

En outre, technologiquement, les compteurs d’eau s’avèrent être les plus compliqués à connecter -souvent enterrés ou sous des regards en fonte- et faire remonter les données impose une compétence et une exigence forte en termes de qualité de service. Mais c’est en cela que cela représente un socle fondateur pour une politique de smart city. En effet, à partir du moment où, sur un territoire, ont été déployés des objets connectés sur des compteurs d’eau et que ces objets se connectent bien au réseau qu’aura choisi la collectivité, il sera alors possible, sous réserve d’interopérabilité, de connecter d’autres objets en ayant la garantie que le réseau sera suffisamment dense et fort pour accueillir ces autres services : éclairage, stationnement, collecte des déchets, qualité de l’air…

L’interopérabilité : clé de la Smart City de demain, efficiente et évolutive

Le choix de l’interopérabilité pour les collectivités semble s’imposer de lui-même et c’est aux prestataires de s’adapter pour répondre à cette attente. Les villes demain seront amenées à collaborer entre elles et à mutualiser le moyen par lequel elles pourront connecter les différents objets de la ville intelligente sans avoir à redéployer d’infrastructures. Standardiser les protocoles de communication et proposer des objets connectés interopérables, permettra de répondre au plus près de ces besoins, tout en permettant aux collectivités de rationaliser les coûts.

Cela laissera également aux élus plus de liberté pour choisir les partenaires adéquats, ceux qui pourront les accompagner, au mieux et dans la durée, dans leur démarche vers une smart city efficiente et évolutive.

Savoir s’adapter et prendre ce virage technologique est impératif sous peine de se voir rapidement distancé sur un marché si prometteur !

 

____________
Christophe Dacre-Wright est Directeur du développement de Birdz