Le CEO d’Oracle s’est prêté de bonne grâce à une session de questions-réponses des médias américains lors d’une journée médias qui s’est tenue à son siège social de Redwood Shores en Californie le 4 mai dernier. Interrogé sur la question de savoir si Oracle n’a pas trop tardé à se lancer dans le Cloud, Mark Hurd a affiché plus grande confiance, selon CRN qui rapporte la teneur de son propos. « Notre industrie pèse quelque 2.000 milliards de dépenses par an dont la moitié viennent des entreprises. Sur ces 1.000 milliards de dollars de dépenses, le Cloud n’atteint même pas 50 milliards. Soit un pourcentage encore faible de l’ensemble des dépenses des entreprises. Si je devais faire une analogie avec le baseball, je dirais que nous sommes encore dans la première manche. Cela dit, bien que modestes, les revenus du Cloud augmentent de 50% par an. Alors que le monde traditionnel du on-premise est en déclin. Donc, si vous regardez nos chiffres, nous faisons très bien. Nous sommes à peu près à 5 milliards de revenus annuels récurrents. Et compte tenu du taux de croissance que nous enregistrons, nous devrions être rapidement à 10 milliards de dollars. »
Hurd a tenu à nuancer la manière dont sont présentés les trois principaux fournisseurs de Cloud : Amazon, Microsoft et Google. « Je dirais que ces entreprises font en réalité des choses très différentes. Sur la couche infrastructures, qui correspond essentiellement au calcul et au stockage, vous quelqu’un comme Amazon. Si vous allez sur la couche applicative, appelées SaaS, vous avez des entreprises comme Oracle, Salesforce et d’autres. Il existe un deuxième niveau appelé plateforme-as-a-service, qui regroupe essentiellement tout ce qui n’est pas applicatif, calcul et stockage. Nous avons probablement avec Microsoft les deux plateformes les plus complètes. Microsoft dispose de Windows, .Net, SQL Server. Nous avons Linux, Java, la base de données Oracle. Ce sont probablement les plus dominantes. Sur la couche infrastructures, vous avec Amazon mais vous avez aussi Google – quoique pas aussi bien déployé au niveau de l’entreprise – et des acteurs comme nous et Microsoft. Mais nous arrivons avec une pile complète : applications, plateforme et infrastructures. »
Mark Hurd a ensuite été invité à livrer son ressenti sur la performance d’Oracle à basculer dans le Cloud. « Nous évaluons notre performance sur la base de chiffres. Notre point de vue, c’est que nous avons un peu couru derrière le train mais nous y sommes allés avec une stratégie très discrète, fondée sur les apps. Cette entreprise travaillait déjà sur des apps en mouvement vers le Cloud avant que je ne la rejoigne. Cela fait bien dix ans que cela a démarré. Lorsqu’Evan Goldberg a fondé NetSuite avec Larry Ellison [le président et CTO d’Oracle], l’idée était déjà là avant même que le terme Cloud ne soit utilisé. L’idée n’est donc pas neuve. Nous avons donc démarré il y a dix ans et l’objectif était vraiment d’avoir une suite d’applications best of breed. L’étape suite a été la plateforme et, désormais, nous sommes très concentrés sur la mise en place de l’infrastructure capable du supporter cette plateforme, capable de supporter ces applications et capable de supporter les charges de travail additionnelles des clients. Si vous regardez notre business applications, inutile de savoir s’il se trouve sur le Cloud ou sur site. Le marché des application croît de 1% par an. Notre activité logicielle génère actuellement une croissance à deux chiffres. Presque toute cette croissance provient du Cloud. »
Au dernier trimestre, les revenus Cloud d’Oracle ont progressé de 62 % par rapport aux trois premiers mois de 2016, pour atteindre 1,2 milliard de dollars, rappelaient Les Echos cette semaine. À titre de comparaison, les revenus trimestriels d’AWS ont représenté le triple de ceux d’Oracle : 3,6 milliards de dollars (en progression de « seulement » 42%). La part du cloud reste cependant modeste même si elle est passée de 8 à 13 % de ses recettes en un an. Son offre d’infrastructure-as-a-service ne représente encore que 2 % de ses revenus. Et Oracle a beau vanter ses performances, Amazon reste bien campé sur ses positions. Le fournisseur cloud a ainsi fait savoir qu’il migrait un nombre de plus en plus important de bases de données vers ses data centers : 20.000 en mars, soit une augmentation de plus de 80 % en six mois, notent Les Echos.
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