Microsoft développe sa propre distribution Linux pour son offre cloud et fait la part belle aux containers, notamment Docker, dans la version 2016 de Windows Server. Sans parler de l’intégration de Skype à des navigateurs autre qu’Edge, le successeur d’Internet Explorer.

Qu’il est loin le temps des déclarations fracassantes de Steve Balmer sur les produits concurrents. Sur l’iPhone, il se trompe complètement de très haut  en prenant l’arrivée de ce nouvel appareil: « 500 dollars pour une machine qui n’a même pas de clavier ce qui n’est pas très pratique pour envoyer des emails » s’exclame-t-il à l’annonce de ce qui deviendra le produit phare d’Apple et lui aura permis à lui seul de réaliser plus de 100 milliards de dollars en 2014, un chiffre largement supérieur au chiffre d’affaires de Microsoft (87 milliards en 2015). Ou encore lorsqu’il déclare que « Linux is a cancer that attaches itself in an intellectual property sense to everything it touches ». Il est vrai c’était en 2001 et depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et Linux s’est définitivement imposé tout comme les systèmes open source. Aujourd’hui une très grande proportion des grands projets de développement logiciels sont placés sous le modèle open source : Openstack, Hadoop et toute la constellation des produits connexes pour n’en citer que deux.

Depuis l’arrivée de Satya Nadella, le discours de Microsoft a radicalement changé. Le troisième CEO de l’entreprise a placé l’entreprise sous deux directions – la mobilité et le cloud – rassemblés dans la formule « mobile first, cloud first ».

Témoin de ce changement de fond, les deux évolutions à remarquer dans Azure et la version 2016 de Windows Server. Concernant Azure, la firme de Redmond a développé sa propre distribution Linux. Dans un récent billet sur son blog (Microsoft showcases the Azure Cloud Switch), Kamala Subramaniam, architecte dans le groupe Azure Networkingexplique qu’il s’agit « d’une incursion dans Linux pour bâtir nos propres logiciels afin de gérer des équipements réseaux. ACS est un système d’exploitation multi-plateforme pour la partie réseau d’un data center ». Ce logiciel s’inscrit dans l’Open Compute Project, une initiative que l’on pourrait inscrire dans ce que l’on appelle l’innovation ouverte. Lancée en 2011, cette initiative vise à partager les meilleures pratiques pour la construction d’une infrastructure informatique. OCP rend disponible les spécifications pour bâtir les serveurs, systèmes de stockage, commutateurs optimisés pour bâtir le data center le plus performant. IBM avait lancé une initiative similaire avec Open Power. OCP réunit aujourd’hui la majorité des principaux acteurs de l’IT.

ACS permet à Microsoft de partager le même logiciel sur des commutateurs provenant de différents fournisseurs. Cela est rendu possible grâce l’interface Switch Abstraction Interface (SAI), la première API pour programmer les composants ASIC utilisés dans les commutateurs.

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Autre évolution notable dans Windows Server avec l’édition 2016, l’intégration de manière plus native des conteneurs, notamment Docker. Window Server 2016 inclut deux conteneurs en version native ; Windows Server Containers et Hyper-V Containers. Windows Servers Containers peuvent tourner directement sur le système d’exploitation mais sont isolés les uns des autres. Les conteneurs Hyper-V apportent un niveau de séparation renforcé et fonctionnent sur une machine virtuelle Hyper-V. Windows Server 2016 supporte également Docker qui peut être utilisé pour gérer les deux types de conteneurs, Windows Server Containers et Hyper-V Containers. Il est en effet possible d’utiliser l’API Docker et les outils avec les conteneurs Windows. Ce qui ne signifie pas néanmoins qu’il est possible de faire tourner des images Docker basées sur Linux sur Windows (lire l’article très complet de The Register : Hands on with Windows Server 2016 Containers).

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Troisième signe de cette realpolitik, l’intégration du système de communication dans les systèmes concurrents. En mai 2011, Skype est rachetée par Microsoft pour 8,5 milliards de dollars, un montant substantiel pour une société qui avait réalisé un chiffre d’affaires de 800 M$ en 2010 mais avec des pertes. Microsoft va intégrer le logiciel de VoIP dans Edge, le nouveau navigateur de Microsoft, lui-même intégré dans Windows 10. Mais comme Skype est basé sur le standard WebRTC, il pourra aussi être intégré dans d’autres navigateurs. Par ailleurs, Microsoft travaille avec Google à un API commune basé sur ce standard développée au sein du W3C et de l’IETF.