L’indien Rajeev Suri, PDG de Nokia, désormais aussi à la tête du groupe Alcatel-Lucent, lors de l’ouverture du MWC, dimanche soir, a fait la part belle aux promesses de la 5 G et aux perspectives de l’internet des objets. La firme finlandaise, pour ce dernier point, a créé un fond d’investissements de plus de 350 millions de dollars pour aider des startups et acquérir des brevets avec le support des investisseurs partenaires de la firme depuis longtemps. Ceux qui avaient déjà aidé le finlandais à racheter le groupe franco américain, vont à nouveau investir. Autre acquisition en vue, le spécialiste de la sécurité canadien Nakina. Celui-ci était jusque là connu pour ses solutions de gestion des identités. L’opération serait en cours de règlement d’ici la fin du premier trimestre.

L’IOT, un moyen de faire entrer les télécoms dans de nouveaux marchés

La firme parie sur l’IOT pour travailler de plus en plus avec les collectivités locales, en particulier dans le domaine de la gestion automatique des villes «intelligentes». Les transports, la gestion de la circulation, la consommation électrique, la surveillance vidéo seront des cibles commerciales privilégiées. Le secteur de la santé numérique fait aussi partie des nouveaux marchés encore embryonnaires envisagés par Nokia. La firme travaille activement avec Ericsson et Intel pour développer des standards au-delà des normes actuelles dans l’IOT ( Internet des objets). Sur les équipements d’instrastructures de télécoms classiques commes les switchs Ip et les équipements radios, Rajeev Suri compte beaucoup sur ses châssis Airframe qui représenteraient pour les opérateurs des économies drastiques en terme de volumes d’infrastructures et de consommation électrique. La solution AirFrame Data Center inclue une famille de serveurs, des commutateurs et des unités de stockage conçus pour répondre aux besoins d’un environnement d’infrastructure cloud distribué selon le mode NFV. ( ci-desssous l’approche Cloud préconisée par Nokia)NADCS_150515

L’offre cloud de Nokia regroupe « de manière simple »  la puissance des commutateurs et les ressources matérielles des centres de données centralisées et distribuées. Face à Cisco et Ericsson, la firme met en avant ses offres logicielles virtualisées open source et un réseau d’intégrateurs spécialisés dans le monde entier. Mais l’intégration étroite des fonctions télécoms NFV dans les applications de gestions virtualisées représente encore un travail énorme.

5 G : pas de vente de peau d’ours avant d’avoir des certitudes

Trés  prudent sur les perspectives d’achat des opérateurs, Rajeev Suri avouait qu’à part KT télécom (Corée), Ntt Docomo  (Japon) et les opérateurs américains, les investissements 5G étaient encore très limités. « On ne retrouvera pas, d’ici peu, des croissances comme on les a connues en Chine, il y a quelques années. Pour les équipements radio, il faudra attendre 2018 et même 2019 avec la mise en route des 5 G», expliquait le patron du groupe finlandais. En attendant, le « Volte Pro », une sorte de 4,5 G, pourrait être un développement intermédiaire trés rentable. Cette solution rappelle celle du « Edge » qui avait été aux débuts des années 2000 une solution économique pour les opérateurs qui n’avaient pas les moyens de passer immédiatement de la 2G à la 3G. Cela avait été pour Bouygues Télécom en France une solution très pratique. Selon le patron de Nokia, la 5 G arrivera par étapes et par de simples mises à jour car les normes de la 5G ne sont pas encore totalement définies : « équipements seront en mesure d’être mis à jour par logiciels en 2018 et 2019. Mais 2020 sera probablement l’année où nous verrons des déploiements importants en volume, mais il y aura des annonces avant, en 2017, 2018, 2019 », a-t-il dit.

Pas d’urgence pour les terminaux mobiles

Interrogé sur un éventuel retour dans le monde des terminaux mobiles, le patron de Nokia précisait :« C’est vrai, on a une marque, un «brand» qui est très fort dans ce domaine. Mais il n’y a pas d’urgence. On n’a pas de timeline, nous ne sommes pas dans le rush. Cela peut se passer en 2016, mais aussi plus tard. On peut vendre notre brand à un fabricant qui serait intéressé pour vendre des smartphones sous notre nom ». Dernier point, la firme étudie aussi les réseaux Narrowband pour l’IOT comme les réseaux Sigfox ou Lora.

Visage fermé et sourire crispé, le patron de Nokia n’a pas l’air de vivre une époque formidable. Passé l’enthousiasme du rachat d’Alcatel Lucent, l’un des plus grands groupes mondiaux de télecoms, la firme se retrouve évidemment face aux mêmes problèmes que connaissait déjà le franco-américain, c’est à dire une baisse prolongée des investissements des opérateurs, souvent trés endettés, eux-aussi, à la recherche de nouveaux revenus pour compenser un effritement des sources habituelles.