Ce matin, s’est ouvert à Tokyo dans le centre des conventions Pamir, la conférence Openstack qui va être l’occasion de découvrir les dernières  évolutions de la pile logicielle Open source la plus utilisée. Avec 32 000 utilisateurs certifiés et plus de 520 grands fabricants impliqués, elle parait devenir incontournable. (ci-dessous la vision de Mirantis).openstack-architecture-4-638

Mais Openstack, s’il est de plus en plus connu, est de plus en plus critiqué par plusieurs experts très respectables proches de Microsoft et de VMware, sous prétexte que le projet est en permanente évolution, que rien n’est défini précisément et que cela ne profitera qu’aux sociétés de services qui pourront faire leurs choux gras de développement sur mesure, sous prétexte que la finition reste à faire. L’exemple en France de l’hébergeur « souverain » Cloudwatt qui s’est perdu, en partie dans des développements inextricables, lui à  fait un tort certain.

Pour l’observateur extérieur, il faut bien avouer que le côté chantier, avec ses 25 sous ensembles, est une caractéristique du projet, de là à déclarer que rien n’est fini, c’est itoabsurde. Plusieurs dizaines de géants de l’industrie américaine lui consacrent des milliers de développeurs et à Tokyo, on a eu sur scène dés ce matin (Tokyo est en avance de 8 heures), des démonstrations de son utilisation par une bonne dizaine de grandes entreprises, dont Yahoo Japan qui exploite des milliards d’enregistrements sur ses différents sites. Takuya Ito ( photo à droite), le responsable des infra open source de Yahoo Japan, précisait qu’il n’utilisait que 6 ingénieurs actuellement et que le problème numéro un, ce n’était pas la plate forme mais plutôt le nombre d’experts disponibles. Un discours repris par Erica Brescia, PDG de Bitnami , ( photo ci-dessous) un fournisseur d’applications et d’outils prêts à l’emploi. Pour fournir Amazon, Google, Microsoft et VMware en gestionnaire d’images, Bitnami serait à la base de plus d’un million de développements. brescia

Openstack sert de plate forme de nombreux opérateurs

NTT Communications, l’un des plus grands opérateurs japonais, montrait aussi son utilisation d’openstack dans le portail de service Goo, en service depuis 18 ans. Le portail a été refondu avec des outils open source, que l’opérateur utilise pour toute sorte de projets de gestions internes. SK Telecom devrait mercredi montrer aussi ses utilisations. Autre témoignage,  GMO, un hébergeur local, qui vend ses services sur une plate forme openstack. La firme de Tokyo avait invité l’un des ses grands clients  Aiming -inc qui réalise des jeux vidéo pour les mobiles. Sur scène, Toshihito Kobayashi expliquait comment il avait crée une firme florissante de 527 employés au Japon et à Taiwan. Cotée en bourse depuis le mois de mars, l’éditeur japonais double chaque année de chiffre d’affaire avec seulement trois jeux de type » point and shoot » dont le plus connu est Godess of ancient, avec 7 millions d’abonnés. Intel présentait aussi ses investissement sur la plate forme du coté opérateurs et Imad Sousou ( photo à droite)le directeur mondial des développeurs open source a mis en avant une version opérateur ( Carrier Class) d’Openstack. iman sousouInterrogé sur ce sujet, sur le recoupement qu’il pourrait y avoir avec les projets SDN et openNFV au sein d’Open Daylight et d’autres, celui-ci nous a répondu que c’était à l’étude mais que cela intéressait beaucoup d’opérateurs qui font face à la virtualisation croissante de leurs réseaux pour des projets de cloud  à usages internes. Tsugikazu Shibata, un expert open source de NEC spécialiste des équipements télécoms nous a promis plus d’explications prochainement.

Une présence croissante des Japonais

La présence du forum Openstack à Tokyo s’explique d’ailleurs par la part croissante qu’ont pris les trois grands Japonais NEC , Fujitsu et Hitachi comme partenaires de la fondation. Sur le site https://www.openstack.org/user-stories/, ce sont plus d’une centaine d’entreprises qui expliquent ce qu’ils font déjà avec Openstack. L’absence de produits finis, une critique récurrente est aussi discutable. On voit par exemple, depuis cet été,  la version Openstack sur la base Kilo de l’éditeur Red Hat qui a pris son envol. Intérrogé sur les éventuels difficultés sur le développement effectués par IBM sur sa plate forme Blue Mix, crée sur la base de Cloud Foundry, un des représentants précisait que les petites difficultés rencontrées se résolvaient facilement à San francisco avec l’aide de Pivotal ( filiale d’EMC) par des méthodes de développement extrême. Rappelons que l’on retrouve aussi Cloud Foundry chez plusieurs éditeurs concurrents comme HP à l’intérieur d’Hélion et SAP.
Toute l’industrie informatique paraît se rallier à cet immense travail commun. Comme le précise Guy Hervier dans son article sur la douzième version d’OpenStack, la Liberty, c’est le fruit de la collaboration de près de 2000 contributeurs représentant plus de 164 organisations fournissant le code en amont, les révisions, la documentation et les efforts d’internationalisation.

Le fruit d’un travail commun

Les participants les plus engagés actuellement à la version Liberty sont HP, Red Hat, Mirantis, IBM, Rackspace, Huawei, Intel, Cisco, VMware et NEC. Pour l’instant à la mi journée pas de « News » sur la 13eme version, appellée Mitaka. Parmi les éléments cités, Jonathan Bryce, l’un des directeurs de la fondation, rappelait que depuis 18 juillet, Google a même rejoint la fondation OpenStack en tant que Corporate Sponsor. Google a précisé qu’il voulait apporter son expertise dans la gestion des conteneurs en travaillant avec la communauté OpenStack. L’objectif est, bien sûr, de mieux intégrer Kubernetes, son projet open source d’automatisation et de gestion des conteneurs, dans l’environnement OpenStack, une manière de contrarier la progression fulgurante de la plate forme Docker. De ce côté, le sujet n’a pas été encore évoqué. Par contre lors de la conférence de presse, une question a laissé l’assistance muette quelques secondes. « Si tout allait si bien comment expliquez vous la progression d’Amazon qui est largement supérieure à celle d’Openstack? » Pour Mark Collier le CEO de la fondation répliquait que : » justement les entreprises choisissaient openstack pour échapper à l’emprise d’un fournisseur unique et que plus les développements sont partagés plus la chance de voir une plate forme perdurer existe. »

Un produit brut en permanente évolution

Pour les participants d’Openstack, il faut être en mesure de ne pas avoir qu’une seule solution, mais plusieurs, si l’objectif poursuivi est la simplification et une meilleure intégration. Face au cloud d’Amazon, de Google ou de Microsoft, les détracteurs d’Openstack le placent souvent  comme un concurrent« à peine fini. ». Mais la pile logicielle Openstack devrait en fait se comparer à une « colle logicielle » qui relierait étroitement des dizaines de composants. Le résultat n’est pas lisse et n’a pas l’aspect parfait de la « sculpture « lisse », le symbole de sérénité du mont Fuji. ( image ci-dessous) que l’on retrouve souvent entourés de nuages ( des clouds !)  plus ou moins sombres.

Red_Fuji_southern_wind_clear_morning

Estampe hokusai

Pourquoi faudrait-il que tout aille dans la même direction ? se posait comme question l’un des intervenants sur les dérives des différents modules. C’est une question liée certainement aux résultats de siècles d’éducation religieuse qui nous incite à imaginer, parfois, qu’à la fin de l’évolution des produits et des services, il n’y aura qu’une seule solution, unique et calme comme la représentation mystique du Mont Fuji. L’informatique a prouvé qu’au contraire, l’évolution n’avait pas cette forme pyramidale, mais plutôt celles des arborescences, des branches d’arbres qui se ramifient en des milliers de solutions. Pour cette première journée, on attendait des présentations de projets de conteneurs mais ce fut surtout la présence de nombreux opérateurs et hébergeurs asiatiques qui ont marqué les esprits.