1) La mutation des ressources humaines
La Quatrième révolution industrielle, autrement dit la révolution numérique, transforme la façon de travailler en profondeur en gommant les frontières entre les sphères physiques et virtuelles. Les innovations se succèdent à une vitesse exponentielle et tous les secteurs d’activités sont bouleversés.
L’enjeu principal est d’appréhender ce changement de façon globale. Dans les entreprises, le grand challenge n’est pas la technologie mais l’organisation ! Il est urgent de comprendre que le modèle économique doit être revu en profondeur.
Les acteurs de l’économie en Europe ont trop souvent tendance à créer une division digitale sans forcément penser que c’est l’ensemble du modèle qui doit être revu pour permettre la réussite de cette révolution. Le focus doit également se faire sur le client et non pas sur le produit ou service, sans quoi cela va inévitablement résulter en un échec.
Prenons un exemple. Avant, pour développer un site web, il suffisait de faire appel à un chef de projet et à un développeur qui vous livraient un outil fini et prêt à fonctionner. Désormais, la tendance est à une collaboration sur un mode itératif : on part d’un outil imparfait, comportant des erreurs, puis on corrige les bugs tout en améliorant le produit pour satisfaire les clients.
Pour que les entreprises françaises puissent être des acteurs crédibles du monde numérique, elles devront changer leur façon de fonctionner ! Pour ne pas prendre de retard face aux Etats-Unis et à l’Asie, il faut introduire de l’agilité et faire travailler les équipes de façon transversale. Cette transformation sera plus difficile à mettre en place dans les entreprises très hiérarchisées, mais elle est pourtant fondamentale.
2) SCRUM, le nouveau secteur qui recrute
La conséquence logique de la mutation organisationnelle des entreprises est la nécessité d’anticiper à tous les niveaux ses nouveaux besoins en compétences.
En période de crise économique et de chômage, SCRUM (la gestion de projets et notamment le développement de logiciels) apparaît dorénavant comme le secteur qui recrute. Dans les années à venir, la recherche de profils qualifiés va être de plus en plus importante car il s’agit d’un facteur clé de compétitivité pour toutes les structures.
A titre d’exemple, il faut savoir que dès 2011 l’Observatoire des projets stratégiques a montré que le taux de réussite des projets de développement logiciel atteignait 42% avec les méthodes AGILE contre 14% avec les modèles classiques (source).
La France a de réels atouts pour réussir cette transition. Aucun pays ne dispose d’une recette miracle, il y a de bonnes choses et de moins bonnes partout. Notre environnement culturel et politique se caractérise par un frein au changement très fort mais cet obstacle peut être surmonté. La France dispose d’une grande créativité, d’une indépendance et d’un esprit d’entreprise qui lui permettent de trouver ses propres solutions. A nous d’agir maintenant pour ne pas être dépassés demain !
Le PO (Product Owner) qui a une place particulière de passerelle vers le business et les clients, est également un secteur qui recrute. Malheureusement cette position est difficile à pourvoir dans la mesure où cela demande des compétences AGILE mais aussi une bonne connaissance de ses interlocuteurs et de leurs métiers et cela représente parfois un vrai casse-tête.
3) La nécessaire prise en compte des failles de sécurité
En 2019, la sécurité va représenter un des défis majeurs des entreprises. Elles ne peuvent plus se contenter de lancer toujours plus de projets digitaux (sites web, applications, logiciels…) sans intégrer les risques et les éventuelles failles.
Aux balbutiements d’Internet, la sécurisation était relativement simple puisqu’il suffisait de protéger l’unique accès physique donnant un accès au web. Désormais, la situation est radicalement différente : l’information est visible partout et les données sont stockées dans des data centers disséminés partout dans le monde. Les risques se sont donc multipliés mais les entreprises ne prennent que rarement le temps d’analyser ces enjeux pour apporter une réponse satisfaisante.
Les dirigeants ont souvent l’impression que leur responsabilité est plus floue et qu’elle est partagée avec les géants du web diffusant ou stockant les informations. Mais la réalité est radicalement différente !
Il existe d’ailleurs en Europe une certaine défiance vis-à-vis des acteurs majeurs des plateformes digitales majoritairement américaines. C’est pourquoi la sécurité est d’autant plus importante, ses acteurs peuvent avoir accès aux données personnelles. Malheureusement les initiatives européennes concurrentielle sont marginales et peu pérennes.
Pour faire simple, il est possible de faire une comparaison avec la colocation. Avant, vous étiez l’unique locataire, voire le propriétaire, donc vous étiez le seul à connaître la valeur de vos biens et à connaître les risques. Maintenant, vous êtes en colocation ! S’il n’y a pas une remise en question en amont, il peut y avoir de grosses failles de sécurité : personne n’aura la responsabilité de verrouiller la porte, un colocataire peut laisser entrer des personnes que vous ne connaissez pas…
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Nicolas J. Lecocq est expert du digital