Le PDG d’Alcatel-Lucent, Michel Combes, a fait part d’un «pincement de tristesse dans le coeur » à la disparition de la marque Alcatel, mais a défendu ses choix dès l’annonce le 15 avril de la transaction avec Nokia. Une opération menée tambour battant mais qui laisse un sentiment d’inachevé pour la vente d’un des piliers du CAC 40, toujours cité comme un fleuron de l’industrie française des télécoms pendant plus de 30 ans. Alcatel-Alsthom était en 1993 la première capitalisation boursière de la place de Paris. Que va t-il en rester ? Des regrets et 6000 français inquiets de leur sort sitôt passées les élections présidentielles de 2017, Nokia ayant promis de pas toucher à l’emploi avant cette période.

L’opération ne coûte rien à Nokia

La rachat a été approuvé par les deux comités de direction en montrant les  » perspectives de développement et la croissance de l’ensemble ainsi constitué ». Les 15,3 milliards de la vente d’Alcatel-Lucent annoncés jeudi représentaient à peu prés de 33,5% des actions Nokia. Dans l’opération, le finlandais devient un numéro deux des télécoms sans délier sa bourse. Une opération réalisée « au bon moment dans les bons délais » selon Rajeev Suri, le PDG de Nokia ( photo ci dessous)  qui est issu de la même petite université de Mangalore qu’un certain Natya Sadella PDG de Microsoftrajiv-suri-nokia-ceo

Il s’agit d’une offre publique d’échange (OPE) à priori peu stimulante pour les actionnaires, en dehors de la plus value de 28% proposée à la fin qui se réalisera à moyen terme (2016). Cette OPE ne propose en effet pas de cash aux actionnaires mais une parité fixe d’échange avec les actions Nokia, sur un ratio de 0,55 (le ratio d’échange entre les deux titres). L’opération n’aura pas lieu toutefois avant l’an 2016 ce qui laisse beaucoup de temps au marché pour évoluer.

Ne pas oublier 2013

Dans ce cadre-là, la valorisation instantanée à plus de 27 milliards de l’ensemble des deux titres n’a d’ailleurs pas duré. Avec une forte baisse. (Alcatel-Lucent est valorisé 9,2 mds seulement aujourd’hui contre 15,3 il y a quatre jours). On se souvient qu’en 2013 Alcatel avait touché le fond et qu’elle était au bord du dépôt de bilan. Michel Combes qui ressemble actuellement encore à un sauveur sera peut être considéré comme un fossoyeur dans quelques années lorsqu’on aura oublié la baisse de régime de l’ex numéro 1 français durant cette période. Pour Nokia, l’ex numéro 1 du mobile pendant prés de 10 ans, l’impression d’être passé aussi à coté du gouffre est assez similaire. On finit par se rappeler que juste avant la vente à Microsoft de la division Mobile en 2013, l’action de Nokia avait aussi bien baissé rendant l’achat particulièrement intéressant pour Microsoft avant de reprendre sa valeur initiale. Rappelons cependant qu’en 2006, Nokia s’était déjà emparé du fabricant d’infrastructure Siemens Networks, à bon prix, toutes les actions ayant étés rachetées en 2010. Cette année-là aussi le finlandais s’était offert les équipements d’infras mobile de Motorola. Désormais arrimée à Nokia, la plongée du titre Alcatel va t-elle continuer ?