Pour l’intégrateur Atos, le projet d’acquisition annoncé vise à renforcer dans le cloud, la cybersécurité et le big data.

Fleuron de l’informatique française, puis européenne, Bull n’a cessé de céder du terrain années après années. Le constructeur historique a essayé de se reconvertir dans les services, les supercalculateurs et la sécurité avec un chiffre d’affaires en stagnation constante.

Selon les termes de l’offre, Atos fait une Intention d’offre publique d’achat en numéraire par Atos de la totalité des actions émises et en circulation composant le capital de Bull groupe. Le Prix d’achat proposé est de 4,90 euros par action en numéraire soit une prime de 30% sur la cours moyen pondéré par les volumes de l’action Bull sur les 3 derniers mois (3,77 euros). Cette offre valorise la totalité du capital de Bull sur une base totalement diluée à environ 620 millions d’euros. L’offre est conditionnée à l’obtention d’un seuil de succès de 50% + 1 action du capital de Bull.

Les deux actionnaires principaux du groupe Bull, Crescendo Industries et Pothar Investments se sont déjà engagés à apporter leurs titres à l’offre, soit 24,2% des actions Bull. Dans cette offre, il n’y a pas de condition suspensive à un accord des autorités de concurrence. La transaction a été approuvée à l’unanimité  par les Conseils d’Administration de Bull et d’Atos.

Le Calendrier de l’acquisition
– Début Juin 2014 : Dépôt de l’offre auprès de l’AMF
– Début Juillet 2014 : Ouverture de la période d’offre publique
– Fin Juillet 2014 : Clôture de la période d’offre et annonce des résultats
– Mi-Août 2014 : Règlement livraison des titres
Le cas échéant, réouverture de la période d’offre et offre de retrait obligatoire, ou fusion des deux sociétés

La transaction devrait générer en 24 mois 80 millions d’euros de synergies de coûts résultant d’une part de l’accélération de la mise en oeuvre du plan « One Bull » pour 30 millions d’euros, et de l’intégration des opérations internationales des deux sociétés conjuguées à des réductions sur les achats et l’immobilier pour 50 millions d’euros d’autre part.

Le dimanche 25 mai 2014, le Conseil d’Administration de Bull a exprimé à l’unanimité son soutien plein et entier à la transaction et a nommé conformément à la réglementation de l’AMF un expert indépendant pour produire une attestation d’équité sur les termes de l’offre.  Le Conseil d’Administration d’Atos du vendredi 23 mai 2014 a également exprimé son entier et unanime soutien à la transaction. Philippe Vannier, Pdg du Groupe Bull restera donc comme celui qui aura fait disparaitre celui qui représente le constructeur informatique historique en France.  Toutefois le nom Bull ne disparaitra pas car Atos a l’intention de créer une entité dédiée au Big Data et à cybersécurité sous la marque Bull avec un chiffre d’affaires d’environ 500 million d’euros. L’objectif est, dans ces secteurs, de faire bénéficier les opérations existantes d’Atos de l’expertise unique de Bull dans les solutions de sécurité et des supercalculateurs (HPC).

Cette alliance renforcera la position d’Atos en fournisseur européen de services cloud qui représente environ 400 millions de chiffre d’affaires y compris Canopy. Bull apportera de nouvelles fonctionnalités techniques et technologiques qui amélioreront les opérations du Groupe dans les solutions d’infrastructure de Cloud déjà présentes dans le plan R&D de Canopy, et qui accéléreront la mise sur le marché de modules pertinents pour le Cloud.

Renforcement dans le Big Data et la cybersécurité

Le marché du Big Data est en forte croissance (près de 40% par an) et devrait atteindre 12 milliards d’Euros d’ici 2015. Une part significative du Big data nécessite la technologie HPC apportée par Bull.

Sur le marché particulièrement fragmenté de la cybersécurité où les acteurs de niche coexistent, la mise en commun des compétences de Bull et d’Atos créera un fournisseur de produits et services avec une taille différenciante. Le nouveau Groupe bénéficiera d’équipes de R&D internes, de technologies brevetées, de produits et services spécialement conçus pour des secteurs spécifiques tels que la cybersécurité et la Sécurité dans le Cloud.

Consolidation des activités d’Atos dans des zones géographiques spécifiques

L’Infogérance d’Atos verra son chiffre d’affaires augmenté d’environ 500 millions d’euros par l’apport de Bull. Cela viendra enrichir les offres actuelles d’Atos dans la mesure où les expertises de Bull dans les Services de Maintenance et de Migration Mainframe permettront à Atos d’adresser de nouveaux marchés verticaux avec une taille plus importante. Bull apportera de nouvelles capacités de migration et vient solidifier le partenariat stratégique avec EMC.

En Intégration de Systèmes, la contribution de Bull au chiffre d’affaires de cette Ligne de Services sera d’environ 300 millions d’euros et augmentera la base de clientèle permettant des ventes croisées de ses offres, en particulier dans l’Industrie, la Banque, la Défense et le Secteur public. L’alignement des meilleures pratiques d’Atos au périmètre de Bull grâce à un programme d’amélioration des opérations doit permettre de générer une marge plus élevée en ligne avec le plan à trois ans d’Atos.

D’un point de vue géographique, la combinaison des deux sociétés vient renforcer la position  d’Atos en Europe, en particulier en France ou le chiffre d’affaires total sera supérieur à 2 milliards d’euros (pro forma 2013) avec un positionnement fort dans le Secteur Public et la banque.

Le potentiel des synergies de coûts est estimé à 80 millions d’euros par an (en année pleine) après 24 mois, et correspond à :
– Une accélération du plan « One Bull » avec des économies évaluées à 30 millions d’euros,
– La réduction des coûts indirects pour 30 millions d’euros dans les entités internationales du nouveau Groupe et sur les fonctions support,
– Des économies additionnelles de 20 millions d’euros dans les achats et l’immobilier.

Les coûts d’implémentation sont estimés à 45 millions d’euros sur une période de 24 mois. Ce montant vient s’ajouter aux 50 à 60 millions d’euros de coûts du plan « One Bull » annoncé en janvier 2014. Il est prévu que la transaction génère une relution d’au moins 10% sur le bénéfice par action d’Atos dans les 24 mois suivant l’intégration2, et préserve la solide capacité financière d’Atos pour mettre en œuvre la stratégie de développement future du groupe.

 

L’avis du cabinet Pierre Audoin Consultants : Acquisition de Bull : AtoS, nouvel ogre européen ?