Les cessions successives des actifs des différents éléments de Vivendi et les promesses de dividendes s’expliquent en partie par le plan de stock-options offert à Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance de Vivendi.
Pour alléger la dette (12 milliards d’euros à la fin 2011), contractée lors du rachat de la totalité des parts dans SFR, Vivendi aura donc revendu SFR elle-même, 13,5 milliards d’euros (plus 20% du nouvel acteur issu de Numericable soit une dizaine de milliards en actions) puis la pépite, Maroc Telecom, cette semaine, le 14 mai pour plus de 4,2 milliards d’Euros. Cette vente par appartements de Vivendi aura permis à Jean-René Fourtou de tenir ses promesses de désendettements, quitte à avoir vendu prés de la moitié de son fond de commerce. Vincent Bolloré, (photo ci dessous) son futur successeur à la fin juin devrait, à la tête du directoire, retrouver fin juin des caisses pleines de prés de 5 milliards, le périmètre de l’entreprise entre la période de Jean-Marie Messier et celle de Bolloré ayant, au passage, rétréci de manière drastique.
Par contre, les promesses de dividendes répétées depuis le début de l’année ont eu un effet bénéfique sur l’action qui flirte désormais avec les 19-20 euros alors que l’action était tombée à 12 euros sous l’emprise de Jean-Marie Messier qui, lui, avait agrandi Vivendi, l’ex Compagnie Genérale des eaux de manière dangereusement « universelle » pour créer Vivendi Universal, à la suite du rachat des studios hollywoodiens. L’action avait aussi baissé à ce niveau aux pires heures de 2012, année durant laquelle le « tabou » du périmètre d’activités à été enterré.
Des stocks-options presque « mures »
Ce retour de l’argent « frais » paraît être un bon point pour Jean-René Fourtou qui bénéficiait de deux grosses carottes sous forme de plans de stock-options. Le premier, attribué en 2004, lui offrait la possibilité d’acheter 765 000 actions supplémentaires (Au delà des 800 000 qu’il détient par ailleurs) au prix de 20,67 € avant le très prochain 21 mai de cette année. Le second, accordé en 2005, porte sur 400 000 actions à 23,64 €, avec pour date de « limite de consommation », le 26 avril 2015. Mais un miracle aura du mal à se produire d’ici le 21 mai, et racheter des actions au dessus de leur valeur marchande serait surprenant. Le ticket de tombola de JR Fourtou le 21 mai, ne sera pas, à priori, gagnant. Il serait surprenant de voir s’engager encore plus le prudent JR Fourtou, celui qui, il y a douze ans déjà, prenait déjà sa retraite d’Avantis ( la fusion en 1999 de Rhone Poulenc et de Hoechst) avec le sentiment du devoir accompli. Rappelons que l’allemand Bayer puis le français Sanofi se partagèrent ensuite le conglomérat . Cette situation chaotique du début du siècle a laissé sceptiques pas mal d’observateurs sur le véritable savoir faire de celui que l’on nomme le parrain du CAC 40. Mais la période a été dévastatrice pour bien d’autres acteurs du CAC 40. Difficile d’imaginer parcours sans accrocs à ce niveau de responsabilité.
Global Village reste en plan
Pour doper l’action Vivendi, celui que les mauvaises langues surnomment « Jean-René Fourgue tout » devrait vite vendre la seule entreprise télécom qui lui reste encore : GVT, la brésilienne Global village Telecom dont le résultat opérationnel ajusté avait baissé de 17% au troisième trimestre et qui devrait néanmoins encore réaliser environ 2 milliards d’euros de CA pour l’année calendaire 2013. Mais selon le membre du conseil du directoire, l’ex pdg de Schneider Electric, Henry Lachmann: « Mieux vaut attendre que les acteurs du marché brésilien soient prêts « . En effet, seul l’américain Direct TV aurait fait des propositions alors que les deux grands acteurs locaux ,Telefonica et Telecom Italia, très endettés, n’ont pas bougé. Vivendi parie sur l’effet coupe du monde pour stimuler cette vente.
L’utile rachat d’Etilisat
Du coté de Maroc télécom, la vente des 53 % cette semaine de Vivendi à Etilisat achoppait depuis plus d’un an ( l’annonce avait été faite en 2012) sur des obstacles réglementaires liés à la présence de Maroc Telecom dans certains pays d’Afrique (Burkina Faso, Mauritanie, Mali entre autres). Avant de racheter les parts de Videndi, l’opérateur Emirati, pour sa part, a dû emprunter 3,15 milliards d’euros dans 17 banques internationales et a dû demander à Maroc telecom de racheter pour 650 millions de dollars ses six filiales africaines (Bénin, Côte d’Ivoire, Gabon, Niger, République Centrafricaine et Togo.) L’ex filiale de Vivendi est en tous cas bien partie pour conquérir tout l’ouest africain. Du coté français, Jean-René Fourtou (Président du Conseil de surveillance) et Jean-François Dubos (Président du Directoire) ont confirmé leur volonté de démissionner de leurs fonctions à l’issue de l’Assemblée générale du 24 juin. L’ère Bolloré pourra commencer, on lui souhaite de relancer « l’empire »de Jean-Marie Messier.