Un projet d’externalisation de son infrastructure informatique implique une analyse coûts-bénéfices-risques pour mesurer la pertinence de la démarche. Il s’étale sur plusieurs mois, le temps d’établir la stratégie d’hébergement du SI, de comparer les nombreuses offres disponibles sur le marché et de préparer le changement en interne. Comment s’y prendre et quels écueils éviter ? Réponse en cinq points clés.
- Définir le périmètre et le degré d’externalisation
Qu’il s’agisse d’une première externalisation ou d’un changement de prestataire, la première étape consiste à définir le niveau d’externalisation ainsi que son périmètre. En effet, c’est sur ce socle que se construiront le contrat d’hébergement et les services associés.
Concernant le périmètre, si l’informatique vit bien un mouvement de « cloudification » important ces dernières années, les entreprises n’externalisent pas l’intégralité de leur système d’information. En pratique, il s’agit de déterminer, au cas par cas, ce qui doit ou peut être externalisé selon de nombreux critères : stratégie, niveau de compétitivité et secteur de l’entreprise, culture d’entreprise, niveau de maturité numérique, contexte social (les enjeux ne sont pas les mêmes dans le privé et le public), taille et compétences des équipes internes, vétusté des installations du data center, état du parc machines, niveau de criticité et nombre d’utilisateurs des applications, connectivité, localisation et sécurité des données, etc.
De son côté, le degré d’externalisation implique des réalités différentes, en particulier au niveau des ressources humaines affectées à l’exploitation. Avec la colocation, l’entreprise loue de la surface exploitable et de l’énergie en kWh utile. Elle reste propriétaire de ses machines et conserve la main sur leur administration et leur exploitation. L’IaaS (Infrastructure as a Service) se positionne un cran au-dessus : l’infrastructure matérielle (serveurs, réseaux, stockage) n’est plus la propriété de l’entreprise, mais cette dernière peut continuer à gérer elle-même le middleware et les applicatifs. Le PaaS (Platform as a Service) embarque, quant à lui, un environnement d’exécution administré par le prestataire. Tandis qu’avec les solutions en SaaS, stade ultime de l’externalisation, l’ensemble de l’application est géré par le fournisseur.
- Se donner du temps et fédérer les équipes dans un projet d’entreprise
S’il est bien évidemment essentiel de considérer les aspects techniques et technologiques proposés par l’hébergeur (connectivité réseau, type de machines, systèmes de virtualisation, plan de secours, routines d’exploitation…), un projet d’externalisation ou de migration va bien au-delà de ces questions. Il entraîne des transformations organisationnelles et sociales importantes au sein de l’entreprise et doit donc faire l’objet d’une conduite du changement rigoureuse afin que l’ensemble des parties prenantes (services informatique, achats et juridique) soient impliquées et moteurs de ce qui est, en fait, un projet d’entreprise. Concrètement, six mois à deux ans sont nécessaires pour le mener à bien, selon le degré et le périmètre d’externalisation.
- Consulter, tester et challenger le marché de l’hébergement
Positionnement, matériels et services proposés, exploitation, tarifs : tout diffère d’un hébergeur à l’autre. Si bien qu’il n’est pas évident de comparer leurs offres. C’est la raison pour laquelle pour tout projet portant sur un périmètre IT relativement important, les appels d’offres doivent être précédés d’une demande d’information. Cette étape préalable permet de mieux définir les besoins (infrastructure dédiée ou mutualisée, cloud privé dédié ou mutualisé, système hybride…), d’évaluer le degré et la qualité d’accompagnement des sociétés consultées et d’anticiper le coût prévisionnel de la future solution. Ce budget de référence est en outre indispensable pour mesurer les gains potentiels par rapport à un hébergement interne, avant de passer – ou non – à la phase d’appel d’offres.
- À l’international, attention à « l’excès de rationalisation »
Les entreprises implantées dans plusieurs pays peuvent chercher à contractualiser avec un unique hébergeur. Même si la tendance est à une homogénéisation des offres à l’échelle européenne, voire internationale, les engagements contractuels sur les niveaux de service et les procédures d’exploitation, ainsi que les réglementations en matière de protection des données, varient d’un pays à l’autre. En d’autres termes, il est parfois préférable de procéder pays par pays en sélectionnant la meilleure offre sur chaque territoire.
- Se laisser une porte ouverte vers les différents fournisseurs de cloud
Les data centers sont désormais des lieux d’interconnexion des réseaux et de plateformes. À ce titre, les hébergeurs proposent de plus en plus des connexions directes avec les offres de cloud public, de type AWS, Microsoft Azure ou IBM Bluemix, ou privé, pour répondre au besoin de leurs clients de disposer ponctuellement de plus de puissance de calcul et de capacité de stockage. Cette capacité à prendre en charge l’hybridation, gage d’agilité, est un aspect qui peut donc peser dans le choix de son futur hébergeur.
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Maxime Lenoir est business developer et expert en solutions d’hébergement chez APL